[elpingos] Mes Critiques en 2012

[Dunandan]

Un sacré classique, rien à rajouter à cette critique qui en fait le tour

Sinon t'as vu la version de Clouzot ? Différent et également incontournable.

[elpingos]

Merci
Oui le Clouzot, je l'ai vu plusieurs fois, il y a longtemps, de très bons souvenirs ! (j'aime beaucoup Montant en général)

[elpingos]

HE GOT GAME
-------------------------------------------
Spike Lee (1998) | 5/10

Sur les bons conseils du Bomcast j'ai tenté ce Spike Lee, étrangement en gros fan de basket, j'étais jusqu'alors passé à côté (un de mes films sportifs cultes étant White men can't jump). Bref, j'y allais un peu excité sur ce coup là, Denzel j'aime bien et le sujet avait de quoi me plaire. Mais bon grosse désillusion quand même...
Alors côté points positifs, d'abord, les acteurs principaux, tous les 2 impeccables. Denzel est vraiment convaincant en père de famille aimant et tyrannique, un peu badass, passionné de basket, qui traîne sa culpabilité de taulard dans ses relations. Ray Allen réussit plutôt bien son passage devant le caméra, et son élégance est un plus pour les scènes de jeu. Ensuite en gros connaisseur du ballon orange Spike Lee livre de très jolies scènes sur le sujet, avec un générique qui compile des jolies images d'anonymes soulignées par de la musique classique.
Dès l'intro on se dit que côté jeu, on va voir des belles choses. Certes on en voit par la suite, mais bien trop peu pour vraiment être l'hommage classe au basket qu'on pouvait attendre. Car Spike Lee quitte très rapidement ce style iconique et léché, pour s'embourber complètement dans un script atrocement bateau. Certes il ponctue son film de bonus boobs pour contenter le chaland et de petites scènes de basket stylées, mais le sensationnel s'arrête là, et le reste, le fond, est beaucoup trop léger, et White men est finalement bien plus intéressant à tous les niveaux. Et qu'il est dur de ne pas s'ennuyer devant si peu de scènes réussies (à part celle avec Big Time et la visite de Tech U) et un scénario intéressant peut-être pour le néophyte, mais terriblement convenu. A part le fait qu'il faille bosser pour y arriver, que le basket pro c'est sérieux aux states, que la tise c'est pas bien et que le succès a tendance à corrompre les gens, le film ne raconte rien d'original ou de passionnant. Pire les apartés en mode bons sentiments (les lettres de la mère, le côté incorruptible du gentil grand frère Jésus) se cumulent aux clichés et aux invraisemblances (les managers forcément pourris, la relation de Denzel avec une pute maltraitée, sa visite en short et en Nike air au cimetière, la décision finale de Allen et son revirement par rapport à son père qui tombe du ciel - rhooo le coup du ballon qui s'envole..).
La réal n'est pas en reste avec une propension à la caméra en mode balancier, plusieurs monologues face caméra et une musique d'orchestre quasi omniprésente dans les 20 dernières minutes, même pendant les dialogues. C'est tellement peu original et énervant que le film semble avoir 20 ans. Alors certes on a 2-3 mots des grandes stars Jordan, Pippen, Miller et Barkley (même pas sûr que ce soit exprès pour le film), certes on a la jolie Rosario Dawson, Denzel a la classe avec une barbe et des Jordan et Ray Allen fait quelques jolis moves, certes l'histoire reste relativement bien rythmée et intéressante sur certains sujets, mais devant si peu, devant un tel manque d'inspiration et des sabots tellement pompier, le film s'avère surtout assez pénible et décevant.

[Creeps]

Rose McGowan ou Rosario Dawson ? Moi il m'a mis sur le cul ce film vraiment une belle surprise, la 25è heure du basket

[elpingos]

Tu as raison, Rosario Dawson (trompé de Rose), je corrige. Sinon pour moi c'est juste un gros brouillon de la 25e heure...

[Dunandan]

UN TAXI POUR TOBROUK
-------------------------------------------
Denys de la Patellière (1960) | 8/10

Formidable petit film français porté par les toujours excellents Lino Ventura et Michel Audiard, un Taxi pour Tobrouk est aussi une démonstration remarquable de l'absurdité de la guerre. Sorte de huis-clos survival dans le désert Lybien en pleine 2nde guerre mondiale, le film raconte l'histoire de 4 hommes d'un commando des FFL qui va tenter de rejoindre El Alamein suite à la mort de leur lieutenant lors d'une attaque. Au programme de cette virée désertique des rencontres inopportunes avec des Allemands et des péripéties comme la traversée de sables mouvants et d'un champ de mines. Alors même si l'aventure n'est pas si spectaculaire, tout se savoure grâce au talent des acteurs et à la force de leurs dialogues. Les confrontations entre les différents camps et caractères donnent lieu à de très beaux échanges et mettent en perspective la vacuité de telles situations, les paysages désertiques en rajoutant à la dimension tragique. Le film est donc avant tout un joli festival d'acteurs et de répliques qui à partir d'une situation inspirée de faits réels mais quasi rocambolesque donne une illustration féroce de la foutue fierté nationale. Tout comme cette conclusion, implacable, qui clôt ce récit sur des notes assez terribles. Un très beau film sur des hommes en temps de guerre qui à l'opposé des récits héroïques privilégie le cœur et l'humanité aux scènes d'action et qui relègue le devoir militaire à l'arrière plan de la camaraderie.

[Scalp]

Super film, la fin est vraiment poignante.

[elpingos]

Ouaip.

Le regard de Ventura quand il comprend ce qu'il s'est passé, et puis la toute toute fin quand il se fait engueuler pendant le défilé... C'est super amer...

[Scalp]

Le contraste entre l'humour et cette fin terrible donne encore plus de puissance au film.

[elpingos]

Oui c'est vrai et t'en parles bien dans ta critique.. Comme tu dis, un film a priori "léger" qui prend au final une toute autre dimension.

[Scalp]

Oue c'est le genre de film qui se regarde le sourire aux lèvres, pis d'un seul coup le film se termine et tu dis merde c'est pas cool.

[elpingos]

Ouaip... Et c'est aussi ça qu'est bon..

[elpingos]

LA VIE EST UN MIRACLE
-------------------------------------------
Emir Kusturica (2004) | 9,5/10

Pour moi La vie est un miracle est sans doute le meilleur film du réalisateur Serbe, touchant au génie dans un certain nombre de scènes et réussissant à compiler autour d'une histoire d'amour magnifique la plupart de ses thèmes de prédilection. C'est aussi peut-être l'un de ses films où il s'est le plus impliqué, donnant à son orchestre, le No Smoking, une place de tout premier choix (musique et cast), et situant ses décors dans le village qu'il a lui-même fait construire.
La vie est un miracle n'est pas pour autant qu'un pot-pourri de gags gitano-délirants comme ont pu l'être certains de ses autres films (Chat Noir chat blanc notamment) et possède une réelle profondeur ainsi qu'une portée dramatique et romantique absolument sublime. Ici ses héros sont des êtres doux, timides et attendrissants, un ingénieur ferroviaire et une infirmière, des bienfaiteurs, qui vont par la force des choses composer ce magnifique duo, un Roméo Serbe & une Juliette Musulmane (formidables Slavko Stimac et Natasa Solak). Ce couple otage/gardien, forcé de se rapprocher par une nuit de bombardements (scène superbe), et leur histoire qui s'ensuit sont d'une beauté confondante, l'une des plus belles histoires d'amour pour moi de ces dernières années, autant d'un point de vue symbolique que dans les images que Kusturica met en scène. Le cadre champêtre de la Bosnie, notamment, respire la jolie campagne coutumière et prend les allures d'un écrin à cette passion naissante.
Avec en toile de fond la guerre des Balkans et ses militaires barjos, le foot (avec notamment un gros match d'anthologie), la musique (l'épouse de Luka est une diva déjantée assez irrésistible, sa scène de chant est juste énorme), le sexe (les gants de boxe, no comment) et la corruption politique, son film touche à tout, entre humour et drame avec son thème central sur la vie et l'amour. Et surtout il transpire d'une sincérité et d'une poésie bienfaisantes, et d'une pudeur nouvelle. Kusturica est un fin observateur de la vie des gens, et ses histoires personnelles aussi bien que l'Histoire semblent avoir inspiré les dialogues, les comportements et les images de son film. Plus que jamais, sa réalisation est bondissante gagnant notamment en légèreté et en aisance par rapport à ses autres films. L'humour aussi touche souvent au génie avec des idées délirantes (rail de coke et bazooka) et ses digressions animalières sont tout aussi brillantes.
Et Kusturica apparaît au final comme l'ânesse butée et amoureuse de cette histoire, une tête de mule triste et comique, émouvante et salvatrice; un artiste qui en livrant ici la somme parfaite de ses œuvres précédentes réussit pour moi le chef d’œuvre de son art si particulier.

[Kakemono]

Un bon et beau film mais j'ai une préférence pour Underground. Je trouve même Chat Noir, Chat Blanc plus intéressante

[elpingos]

Underground je lui mettrai 9 ou 9,5... Un film génial aussi. Le temps des gitans idem.
Chat noir chat blanc, j'ai le souvenir d'une jolie comédie, une farce, très drôle mais moins émouvante que celui-ci. A revoir en tout cas.
Content en tout cas d'avoir des avis pro Kusturica, assez mal considéré je trouve chez les cinéphiles, et à tort étiqueté bobo...