Silenced de Hwang Dong-hyuk
(2011)
Clairement la surprise du Festival du Film Coréen 2012 avec
War of the Arrows. Encore inédit en France malgré un sujet et un traitement qui pourrait certainement séduire à l'international,
Silenced est un drame pur portant sur une affaire de pédophilie ayant eu lieue en Corée il y a quelques années. Le film, tiré d'un roman déjà populaire, a connu un succès très surprenant au point de lancer une véritable polémique autour de son sujet d'origine. Ainsi, un procès a carrément été ré-ouvert afin de punir plus sévèrement les actes montrés dans le film, un bel exemple de l'impact social que peut avoir une œuvre filmique lorsque celle ci dégage une véritable sincérité dans son propos. Le récit suit l'histoire de Kang In-ho, jeune professeur pour sourds-muets à la situation financière plus qu'hésitante, qui va quitter Séoul pour travailler dans un établissement réputé de province. Néanmoins, après quelques jours, il va découvrir une gigantesque affaire de pédophilie sur les lieux de son travail. De là viendra un choix terrible et qui porte toute la première moitié du film, à savoir fermer les yeux et s'assurer un avenir radieux ou bien rendre l'affaire publique et mettre en danger la totalité de son entourage. Avec un tel script, difficile de ne pas tomber dans la surenchère ou dans le pathos total.
C'est d'ailleurs peut-être là le point faible de
Silenced qui, à la manière de nombreux films coréens, n'hésite pas à y aller fort pour faire vibrer la corde émotionnelle du public. Pourtant, force est de constater que cet abus, malgré tout les problèmes éthiques que cela pourra poser (viols en plein écran, ambiance poisseuse, etc...), fonctionne véritablement bien au point que l'on en vient à prendre très rapidement parti, avant d'être totalement indigné par le sort des coupables annoncé lors du jugement (le plan final et la fin en général est très osé par ailleurs, avec ce découragement palpable qu'on ne verrait jamais dans une production américaine). A la fois drame social, drame humain, film de genre (toute l'introduction joue clairement sur l'ambiance, on croirait presque regarder un
Silent Hill avec cette ville plongée dans la brume) et film de procès,
Silenced est de ce genre de films qui, par son traitement, laissera difficilement indifférent, d'autant plus que le casting participe de façon admirable à l'émotion provoquée, mention spéciale à Gong Yoo, génial en professeur dépassé mais néanmoins porteur d'espoir. Enfin, le film aurait clairement mérité une mise en scène un peu plus élaborée. Alors oui, c'est déjà très bien en soi, que ce soit sur le travail sur l'ambiance, la partie procès captivante ou bien certaines séquences qui se détachent du lot (je pense notamment au fameux choix du professeur, passage déchirant s'il en est), mais le fait est que formellement le film aurait pu être bien plus marquant. Une excellente surprise donc que je conseille vivement (en espérant une sortie vidéo en France), même si je me doute que certains opposeront de vives réserves sur le traitement qui, à mes yeux, est tout de même très bien justifié.
NOTE : 7,5/10