LES VIKINGS-------------------------------------------
Richard Fleischer (1958) |
7/10 Les vikings est l'archétype du film d'aventure hollywoodien archi bien gaulé, peut être trop même. Il possède une histoire balisée sans surprise qui se fait un simple faire valoir à une belle galeries d'acteurs qui cartonnaient à cette époque. On est donc devant un casting 5 étoiles, du très charismatique Kirk Douglas à la tronche toujours sympathique du terrible Borgnine, en passant par la sublime Janet Leigh ou encore Tony Curtis, c'est un véritable défilé de stars comme Hollywood sait si bien en produire. Du coup, Fleischer essaye de les rendre un peu plus rugueux, histoire de donner au film un aspect moins lisse et pour cela n'hésite pas à mutiler ses deux protagonistes, ce qui leur confère un côté un peu plus authentique, mais malheureusement pas suffisament.
Si je parais mitigé à propos du film, c'est que je n'ai pas spécialement été convaincu par son script. Beaucoup trop calibré film à grand spectacle pour moi et surtout dépourvu de toute surprise, j'ai peiné à croire à cette lutte fratricide dopée aux mythes caricaturaux typiques du peuple viking. Et si les reconstitutions des banquets de ce peuple féroce, de leurs superbes drakkars ou encore des quelques scènes de leur vie quotidienne, sont très réussies, je dois dire que je suis resté sur ma faim quant à la représentation que nous livre Fleischer de ces fiers guerriers. Hurlants à tort et à travers leurs odes à Odins avant de se lancer comme des idiots dans la bataille, on a du mal à les trouver redoutables. En outre, tous les passages qui précèdent le retour des guerriers chez eux, où l'on peut voir tous les benêts du village se précipiter au port pour faire des petits coucous de la main, ont fini de m'achever; ce n'est définitivement pas l'image que j'ai en tête quand je pense aux vikings.
Cela étant dit, le film a pour lui une photographie vraiment superbe. On y sent une vraie recherche pour recréer des ambiances vikings d'une belle ampleur. Tous les passages en mer sont sublimes et mettent ces si mythiques drakkars diablement en valeur, c'est même un vrai plaisir de gamin de les voir voguer fièrement. Ce jeu constant avec la brume, qui rappelle cette navigation improbable faite à coup de prières, nous plonge dans la réalité d'une époque où les navires prenaient la mer sans savoir ce qui les attendaient. Enfin, le côté épique du film est porté avec fougue par une composition musicale des plus réussies qui nous martèle joyeusement les tympans pendant toute la séance.
Au final, un sentiment partagé à propos de ce Fleischer dont j'ai largement préféré Soleil Vert. Si je replace le film dans son contexte, il est clair qu'il est admirable et certainement osé pour l'époque. Mutiler ses deux stars et proposer une storyline où l'on viole une femme pour en faire son épouse n'était certainement pas monnaie courante dans la fin des années 50. D'un autre côté, de nombreux points de détail m'ont gêné, ne serait-ce par exemple que la conclusion du duel final que je trouve assez ratée. Elle manque cruellement de trippes, et c'est un peu mon ressenti global à propos du film. L'histoire est beaucoup trop convenue, les acteurs, malgré leurs balafres, un peu trop propres sur eux, et bien trop théâtraux la plupart du temps. Pour toutes ces raisons, qui découlent aussi du fait que je ne suis pas un gros client de films d'aventure de cet acabit (je m'ennuie vite devant les schémas classiques et mignonnets), je finis le film sur la réserve, un peu déçu par ce voyage un peu trop sage en terres nordiques.