BLOW OUT de Brian de Palma (1981)
Considéré comme le chef d’œuvre de la période Hitchcockienne du cinéaste, Blow Out condense une grande partie des obsessions de Palmiennes, de la manipulation politique au voyeurisme. Le film narre l’enquête menée par un preneur de son, travaillant pour des séries Z, qui est témoin de la mort d’un homme politique promis a un destin présidentiel, et se retrouve au cœur d’une manipulation politique opaque.
On suit l’enquête paranoïaque menée par le personnage de John Travolta, et les informations sont données au compte goutte, ce qui permet à De Palma de démontrer toute l’étendue de sa maîtrise cinématographique. Tous ses tics de mise en scène (on pense évidemment à l’usage du split-screen, divisant l’écran en deux parties) sont au service de son histoire, qui ne peut se raconter que par le biais du cinéma. Blow Out est aussi le moyen pour Brian de Palma de poursuivre ses obsessions, notamment l’assassinat de Kennedy, qui était déjà régulièrement évoqué dans ses premières œuvres et qui est un fondement de l’œuvre du cinéaste. La reconstitution des images du film Zapruder, dont les photogrammes avaient été publiés dans un magasine, avait été une pratique courante pour les personnes de cette génération, et on retrouve la même idée dans le film. Egalement, on retrouve la poursuite de sa réflexion sur l’œuvre Hitchcockienne avec des références disséminées tout au long, de sorte que l’on a l’impression de voir un thriller qu’un Hitchcock libéré des contraintes de la censure aurait pu signer.
Bien sûr, le film se veut surtout une réponse au Blow Up d’Antonioni ou à Conversations Secrètes de Coppola en livrant une sorte de mixage entre les deux : la recherche de l’image ou du son manquant. Egalement, même si moins souvent cité comme référence, il est évident que le film forme une réponse au Frissons de l’Angoisse de Dario Argento, d’autant que l’on sait que les œuvres des deux cinéastes n’ont de cesse de communiquer entre elles.
Comme le remarque Jean Douchet dans une analyse extrêmement tirée par les cheveux, le film peut aussi être vu comme le fantasme cinématographique du personnage de Travolta. Cela est souligné par le côté finalement très cliché des situations et de l’intrigue, ce qui ne manquera pas de faire l’objet des critiques de certains, mais le tout sublimé par le génie de De Palma.
Travolta en impose en double cinématographique de De Palma et Nancy Allen s’en sort pas trop mal en nunuche de service. A côté, deux habitués du cinéaste, John Lithgow en méchant de service et Dennis Franz en arnaqueur a la petite semaine minable.
Malgré toutes les qualités que l’on peut trouver au film, je ne le classerais pas parmi mes De Palma préféré. Je lui préfère plutôt son prédécesseur, Pulsions, parfois oublié dans l’ombre du statut qu’a acquis Blow Out. Clairement, l’enthousiasme de la critique semble essentiellement dû au fait que la critique, notamment française, adore les films qui réfléchissent sur le média qu’est le cinéma, sans doute cela donne t’il l’impression de parler de quelque chose de très important. Mais toujours est il que j’ai franchement du mal a voir dans Blow Out autre chose qu’un excellent thriller mais qui ne fait pas le poids face a d’autres œuvres de De Palma. Très grand film tout de même.
7,5/10