Revenge 9/10Revenge était une redécouverte qui s’imposait. Dans mon souvenir (très) lointain, le film de Tony Scott s’apparentait à une belle endormie. Finalement, je me suis vite rendu compte que je ne me rappelais plus de rien. On plonge donc directement dans la moiteur mexicaine pour y suivre un jeune retraité de l’aviation répondant à l’invitation d’un vieil ami. Ce dernier, caïd craint et redouté, lui présente sa nouvelle femme.
A l’opposé des médiocres Top gun et Flic de Beverly Hills 2, Revenge déploie une romance vénéneuse proposant un spectacle lancinant mâtiné d’un érotisme magnétique. Mais attention, nous ne sommes pas chez Adrian Lyne et ses 9 semaines et demi. Le danger plane en permanence sur les ébats du couple Costner-Stowe. Par petites touches, Tomas Milian et le grand Anthony Quinn resserre l’étau faisant poindre une menace grandissante. Ce triangle amoureux semble être une véritable cure de jouvence pour un Tony Scott prenant plaisir à se démarquer de son étiquette de réalisateur à la solde des producteurs. Le film sera, malheureusement, un échec cuisant, mais ces 100 minutes lui auront permis d’exprimer une sensibilité aussi étonnante que bienvenue. Les plus grandes réussites du réalisateur seront d’ailleurs celles qui exploiteront pleinement cette fibre. True Romance, Man, on fire et Revenge partage ce même ADN de l’amour contrarié par une violence sèche et impitoyable. C’est donc en vrai auteur indépendant qu’il impose une esthétique léchée (sans artifices, juste de beaux paysages finement mis en valeur) et un casting très intéressant. Kevin Costner, à l’aube de sa carrière, se révèle complexe laissant très vite derrière lui cette image du héros propret. Anthony Quinn trouve là son avant dernier grand rôle et n’a même pas besoin de parler pour irradier les scènes ou il apparait. Et Madeleine Stowe, au-delà d’un sex appeal que je ne m’imaginais même pas, n’est jamais potiche défendant avec courage un rôle de femme fautive un brin clicheton. Dans les seconds couteaux, l’arrivée de Miguel Ferrer et John Leguizamo dope considérablement l’intérêt de la seconde partie. A l‘instar de True romance, le film distille également de surprenants éclairs de violence. Le flingage du chien est aussi abrupt que tétanisant, au moins autant que le tabassage en règle de Costner et le sort (hardos!) réservé à Stowe. Evitant le piège de la vengeance classique (sauf pour quelques gros bras), Tony Scott préfère surprendre avec un final d’une puissance émotionnelle double. Il y aura tout d’abord cette rencontre ou les balles laissent leurs places à l’expression la plus simple du pardon. Puis l’ultime plan déchirant du film nous achève imposant la griffe d’un réalisateur profondément mélancolique.
Pour un homme trop souvent cantonné au rôle de simple faiseur, Tony Scott pourra se vanter au paradis d’avoir laissé en héritage deux somptueux chefs d’œuvre. Deux romances atypiques. Deux éclairs de génie redéfinissant la notion d’amour au cinéma. Rien qu'avec ça, l’homme à la casquette rouge peut reposer en paix.
Badass M.F.