Topkapi |
Réalisé par Jules Dassin
Avec Peter Ustinov, Melina Mercouri, Maximilian Schell, Robert Morley Comédie policière, USA, 1h58- 1964 |
7,5/10 |
Résumé : une bande de cambrioleurs convoite une dague incrustée d’émeraudes exposée dans le palais-musée de Topkapi.
Topkapi fut une découverte vraiment surprenante. Je m’attendais à un film de casse « sérieux » et je me suis retrouvée face à une «
mission impossible » particulièrement divertissante et amusante.
L’introduction est à ce titre très intrigante, voire déstabilisante avec ses tonalités psychédéliques et son héroïne qui interpelle le spectateur. Mais ne nous y trompons pas, même si ce film de casse est placé sous le signe de la légèreté, voire de la parodie, il n’en reste pas moins un modèle du genre avec son plan ingénieux, sa constitution de l’équipe, sa préparation méticuleuse, ses imprévus qui apportent leur lot de tension et son cambriolage acrobatique et de haute volée.
Jules Dassin maîtrise l’art de captiver l’attention du spectateur lors d’une scène passionnante de vol d’une dague ornée d’émeraudes qui se déroule quasiment sans aucune parole et au cours de laquelle on observe fasciné la précision des gestes et des mouvements pour neutraliser un système d’alarme réputé inviolable.
Topkapi est donc un film de casse sophistiqué, agrémenté d’une bonne dose d’humour farfelu, de dialogues savoureux et d’un soupçon de suspense, porté par la charismatique et excentrique
Melina Mercouri dont la voix chaude et rocailleuse ensorcèle tous ses partenaires de maraude. Au premier rang desquels,
Maximilian Schell absolument charmeur dans le rôle du cerveau de l’équipe aux plans délicieusement alambiqués et audacieux. Il réunit une équipe « d’amateurs » experts chacun dans un domaine particulier, préfigurant l’esprit de la série
Mission Impossible. Ainsi,
Robert Morley, dans le rôle d’un inventeur excentrique affublé d’un perroquet mécanique, puis
Jess Hahn, dans le rôle d’un monsieur « muscle » qui s’emporte aisément ou encore
Gilles Segal dans le rôle d’un acrobate muet et enfin un
Peter Ustinov excellent dans le rôle d’un petit escroc embarqué bien malgré lui dans l’aventure. Il a amplement mérité son
Oscar dans ce rôle truculent. Tous gravitent autour d’une
Melina Mercouri qui s’amuse follement dans le rôle d’une nymphomane croqueuse d’émeraudes au rire inoubliable. Ajoutons une brochette d’agents turcs qui voient des complots partout, un cuisinier alcoolique timbré divinement drôle (
Akim Tamiroff) et l’on obtient une comédie déjantée et décalée très proche de l’esprit
screwball.
En toile de fond, Istanbul, la ville aux multiples visages magnifiée par la photographie d’Henri Alekan. Jules Dassin prend le temps de convier le spectateur à un voyage exotique et pittoresque, sur le rythme enjoué du sirtaki, dans la culture, les traditions et les paysages de cartes postales de la Grèce et de la Turquie des années 60. Une agréable excursion dans le Bosphore, dont on retiendra en particulier, tous les passages dans l’impressionnant palais de Topkapi et la compétition de lutte traditionnelle turque.
Cette aventure picaresque s’achève sur un twist cocasse qui résume parfaitement tout l’esprit de ce film diablement distrayant.