[alinoé] Mes Critiques en 2012

[pabelbaba]

Superbe critique! Un rayon de soleil après la coupe des films libres!

[osorojo]

Ouais, ça fait plaisir de lire ce genre de critiques sur ce sacré film de Melville. Il m'avait littéralement abasourdi, virtuose en matière de photographie, froid comme l'arctique en terme de tonalité, un film qui prend aux trippes.

Joli texte Alinoé

[caducia]

magnifique critique pour un film que je n'ai jamais vu en entier.

[Dunandan]

Encore une magnifique critique, Alinoé, qui concentre parfaitement ses qualités et son importance dans la filmo du bonhomme, pour l'un de mes Melville préférés

[Scalp]

Prend en de la graine Logan ( pis Alegas aussi )

[Alegas]

Je l'ai pas encore vu, tocard.

[Scalp]

Bein c'est en prévision.

[Alegas]

Si c'est aussi bien que Le Samouraï, y'aura aucun problème.

[alinoe]

Men In Black III

Réalisé par Barry Sonnenfeld Avec Will Smith, Tommy Lee Jones, Josh Brolin, Emma Thomson, Jemaine Clement, Michael Stulhbarg Science-fiction, USA, 1h43- 2012

7,5/10

Résumé : Lorsque la vie de K et le destin de la Terre sont menacés, l’agent J décide de remonter le temps pour remettre les choses en ordre…

J’ai été très agréablement surprise par ce troisième épisode dont je n’attendais absolument rien tant le second opus était médiocre et se contentait de plagier les ressorts scénaristiques du premier film en nettement moins bien. Men in Black III est donc une comédie de SF légère et divertissante qui manque un peu d’inventivité mais parvient à restituer l’esprit et la tonalité loufoque du premier film de la série. En ce sens, ce troisième film est déjà une réussite.

Autre point particulièrement convaincant, l’intrigue basée sur le thème du « voyage dans le temps ». Ce retour vers le passé confère au film un look rétro très réussit et permet d’adopter un ton décalé et parfois satirique. Il y a bien quelques clichés sur les Sixties mais j’ai beaucoup aimé ce scénario qui s’imbrique, de fort belle manière, dans l’un des évènements les plus emblématiques de la conquête spatiale. Par ailleurs toute l’histoire autour de l’Arcadien et de ses futurs alternatifs est particulièrement intéressante, offrant une multitude de variations possibles à partir d’une même scène. Un jeu de hasard et de destinée souvent drôle, parfois ubuesque ou émouvant. Certaines scènes sont délicieusement hilarantes, ainsi la scène de l’enterrement ou le passage avec Andy Warhol. Les effets spéciaux, les gadgets et le bestiaire sont franchement réussis, surtout Boris ou l’affrontement à Cap Canaveral. Le petit twist final que je n’ai pas vu venir est particulièrement bien trouvé et donne une jolie touche d’émotion à la saga, permettant de redécouvrir les relations entre les personnages principaux sous un nouveau jour.

Côté interprétation, Will Smith assure de nouveau dans le rôle de l’agent J. Il maîtrise totalement, la tonalité farfelue et ironique de la saga Men in Black. Tommy Lee Jones est égal à lui-même. Il lui suffit de quelques phrases laconiques et d’un visage hermétique avec juste un léger sourire énigmatique pour être au top de son personnage. Quant à Josh Brolin il est absolument prodigieux dans le rôle du jeune agent K. Un vrai acteur caméléon ! Le mimétisme des attitudes et des expressions est si bluffant, que le spectateur à l’impression que Brolin n’interprète pas l’agent K, mais qu’il est carrément le sosie plus jeune de Tommy Lee Jones qui interprète l’agent K.

En somme, une « buddy » comédie de SF sympathique avec une bonne dose d’action qui manque juste d’un brin de rythme dans sa première partie et n’échappe pas à son lot de petites incohérences comme c’est très souvent le cas pour tous les scénarios basés sur le genre « Back in time ». Dans l’ensemble, les Men in Black ont réussi leur come-back et la boucle semble désormais bouclée de bien belle manière, autour de la rencontre entre les agents K et J.

[caducia]

Belle critique. J'ai adoré aussi.

[alinoe]

Topkapi

Réalisé par Jules Dassin Avec Peter Ustinov, Melina Mercouri, Maximilian Schell, Robert Morley Comédie policière, USA, 1h58- 1964

7,5/10

Résumé : une bande de cambrioleurs convoite une dague incrustée d’émeraudes exposée dans le palais-musée de Topkapi.

Topkapi fut une découverte vraiment surprenante. Je m’attendais à un film de casse « sérieux » et je me suis retrouvée face à une « mission impossible » particulièrement divertissante et amusante. L’introduction est à ce titre très intrigante, voire déstabilisante avec ses tonalités psychédéliques et son héroïne qui interpelle le spectateur. Mais ne nous y trompons pas, même si ce film de casse est placé sous le signe de la légèreté, voire de la parodie, il n’en reste pas moins un modèle du genre avec son plan ingénieux, sa constitution de l’équipe, sa préparation méticuleuse, ses imprévus qui apportent leur lot de tension et son cambriolage acrobatique et de haute volée. Jules Dassin maîtrise l’art de captiver l’attention du spectateur lors d’une scène passionnante de vol d’une dague ornée d’émeraudes qui se déroule quasiment sans aucune parole et au cours de laquelle on observe fasciné la précision des gestes et des mouvements pour neutraliser un système d’alarme réputé inviolable.

Topkapi est donc un film de casse sophistiqué, agrémenté d’une bonne dose d’humour farfelu, de dialogues savoureux et d’un soupçon de suspense, porté par la charismatique et excentrique Melina Mercouri dont la voix chaude et rocailleuse ensorcèle tous ses partenaires de maraude. Au premier rang desquels, Maximilian Schell absolument charmeur dans le rôle du cerveau de l’équipe aux plans délicieusement alambiqués et audacieux. Il réunit une équipe « d’amateurs » experts chacun dans un domaine particulier, préfigurant l’esprit de la série Mission Impossible. Ainsi, Robert Morley, dans le rôle d’un inventeur excentrique affublé d’un perroquet mécanique, puis Jess Hahn, dans le rôle d’un monsieur « muscle » qui s’emporte aisément ou encore Gilles Segal dans le rôle d’un acrobate muet et enfin un Peter Ustinov excellent dans le rôle d’un petit escroc embarqué bien malgré lui dans l’aventure. Il a amplement mérité son Oscar dans ce rôle truculent. Tous gravitent autour d’une Melina Mercouri qui s’amuse follement dans le rôle d’une nymphomane croqueuse d’émeraudes au rire inoubliable. Ajoutons une brochette d’agents turcs qui voient des complots partout, un cuisinier alcoolique timbré divinement drôle (Akim Tamiroff) et l’on obtient une comédie déjantée et décalée très proche de l’esprit screwball.

En toile de fond, Istanbul, la ville aux multiples visages magnifiée par la photographie d’Henri Alekan. Jules Dassin prend le temps de convier le spectateur à un voyage exotique et pittoresque, sur le rythme enjoué du sirtaki, dans la culture, les traditions et les paysages de cartes postales de la Grèce et de la Turquie des années 60. Une agréable excursion dans le Bosphore, dont on retiendra en particulier, tous les passages dans l’impressionnant palais de Topkapi et la compétition de lutte traditionnelle turque.

Cette aventure picaresque s’achève sur un twist cocasse qui résume parfaitement tout l’esprit de ce film diablement distrayant.

[Dunandan]

Ah intéressant, moi qui pensait que la carrière "intéressante" de Jules Dassin se terminait avec Du rififi chez les hommes

[Scalp]

Franchement c'est super mineur, ça vaut difficilement plus de 5.

[alinoe]

Pour ma part, la carrière de Jules Dassin ne s'arrête pas à ses films noirs. J'apprécie grandement les comédies policières décalées et sophistiquées. A ce titre je trouve que Topkapi est une réussite. Après il est évident qu'il faut aimer ce genre particulier.

[alinoe]

Le Monde lui appartient

Réalisé par Raoul Walsh Avec Gregory Peck, Anthony Quinn, Ann Blyth, Carl Esmond, John McIntire Aventure, USA, 1h44- 1952

7/10

Résumé : En 1850, l'Alaska est un territoire russe. A San Francisco, l'arrivée du capitaine Clark et de son équipage met, comme d'habitude, la ville en effervescence, d’autant que ce marin aventurier a le projet d’acheter l’Alaska aux Russes.

Un film d’’aventure romanesque sympathique agrémenté d’un superbe technicolor et porté par un discours écologiste plutôt surprenant pour l’époque. La trame historique ne sert que de toile de fond à une intrigue essentiellement centrée sur la romance contrariée entre un capitaine téméraire américain(Gregory Peck) et une piquante comtesse russe (Ann Blyth). Une idylle qui ne verse jamais dans un sentimentalisme excessif. La scène du bal est délicieusement amusante et l’ultime scène du film belle et touchante a sans nul doute inspirée James Cameron pour son Titanic.

Le film est léger, doté de beaucoup d’humour et d’une très subtile touche swashbuckler (bagarres, canonnade, duel et assaut final). Aux côtés de Gregory Peck et Ann Blyth, on retrouve un Anthony Quinn parfait, en rival, rusé, insolent et gouailleur, un aléoutien truculent, une otarie capricieuse, un second porté sur la bouteille (excellent John McIntire), un directeur d’hôtel désabusé (impeccable Hans Conreid) et un équipage dévoué ripailleur. Autant de personnages secondaires qui apportent une agréable tonalité satirique et narquoise au film.

Le film n’échappe cependant pas à certains défauts. Signe des temps obligent (période du maccartysme), les Russes n’ont pas le beau rôle et l’anticommunisme est flagrant. Autre défaut non négligeable pour un film d’aventure maritime, le manque de rythme et d’action. La course de goélettes qui devrait être le clou du spectacle n’est pas palpitante et bien trop longue. De bien belles images de navigation qui manquent cruellement d’intérêt. Par ailleurs, le montage de la scène de pêche aux phoques est franchement horrible (incrustation de documentaires trop visible même pour l’époque et raccords hasardeux).

Un film de Raoul Walsh certes mineur mais j’ai toutefois passé un très agréable moment devant cette aventure sentimentale assaisonnée d’une belle pincée d’humour.