La vengeance dans la peau 8.75/10Avec la Vengeance dans la peau, Paul Greengrass tord le cou à la malédiction des épisodes 3. Il va même plus loin en réalisant le meilleur opus de la franchise.
Le film prend la forme, dès les premières minutes, d’une gigantesque course poursuite à travers le monde (Paris, Londres, Madrid, Tanger et New York). Le succès confortable de la franchise permet donc à Greengrass de bénéficier d’un budget imposant repoussant, toujours plus loin, les limites logistiques du second volet. Il tutoie même l’excellence lors des 75 premières minutes ou il confirme sa science du rythme et du montage héritée de son passé de journaliste. Les traques successives de la gare de Waterloo et de Tanger s’imposent d’emblée comme les morceaux de bravoure les plus spectaculaires vus sur un écran ces dernières années. Encore aujourd’hui, il est bien difficile de trouver pareils climax dans une production d’action. Beaucoup auront singé le style Greengrass sans jamais en retrouver la force. A ce titre, la réalisation reste le problème qui pose débat. Dans sa volonté du tout immersif, le recours à la caméra embarqué est encore plus présent montrant parfois ses limites. La poursuite finale à New York en fait donc les frais avec une lisibilité fortement altérée par des mouvements collant trop aux évènements. On en perd donc tout l’impact pour finalement subir un amas de plans ultra cut, souvent incompréhensibles. C’est d’autant plus dommage que tout était réuni pour un baroud d’honneur encore plus intense que la poursuite dans les tunnels de Moscou. Ce point là mis à part, tout le reste déroule une mécanique connue avec un Jason Bourne un brin moins nerveux que le 2 mais toujours aussi affuté. On va même lui opposer les tueurs les plus charismatiques de la série, Edgar Ramirez et le virevoltant Joey Ansah. Pour la partie « complot », chacun rempli son rôle avec des acteurs habitués à leur personnages. Le casting s’étoffe même de noms prestigieux rompus à ce type de prestations (Scott Glenn, David Strathairn ou encore Albert Finney).
Ce que je retiendrais de cet épisode c’est sa capacité à en mettre plein les mirettes tout en ne négligeant jamais des enjeux dramatiques forts (un poil trop surligné par des flashbacks redondants). Il y aura fatalement un avant et un après Bourne tant la série a redéfini les codes de l’agent secret. James Bond se risquera même à un lifting peu revigorant. Et l’on retrouvera par la suite de l’ADN Bournien dans de nombreuses productions d’action. Néanmoins, je n’ai rien vu d’aussi renversant depuis.
L'essence meme de ce BourneQuand je dis que l'on trouve du Bourne partout maintenant...