Le titre ne ment pas : une magnifique histoire d'amour au menu. Deux "êtres brisés" comme dit la chanson, qui se découvrent au milieu d'un monde devenu fou, du côté des défenseurs de l'ordre aussi bien que celui des truands. Mais avec Tony Scott à la réal', et Quentin Tarantino au scénario, on peut se douter que cette
love story n'aura pas la même saveur que celles qu'on nous ressert à chaque fois. L'histoire est mi-autobiographique, mi-fantasmée. Autobiographique car elle met en scène un vendeur de vidéo-club qui a la classe (Christian Slater), accro aux films asiatiques et aux comics. Fantasmée car il rend amoureux une call-girl adorant les films de
kung-fu et sexy à mort (Patricia Arquette), et il est carrément guidé par le
King ... Un rêve de
geek, et probablement l'un des plus beaux couples des années 90 (avec Arquette, pas le
King).
On retrouve bien sûr le style de Quentin Tarantino, avec une véritable galerie de gueules plus ou moins connues, tirant des interprétations souvent mémorables et parfois délicieusement à contre-courant (Brad Pitt complètement shooté à longueur de temps), rivalisant de scènes cultes (le dialogue entre Christopher Walken et Dennis Hopper sur l'origine des siciliens, Gary Oldman complètement déjanté, et bien d'autres) parvenant à tous les rendre sympathiques, y compris les pires pourritures. Mais le ton furieusement romantique est celui de Tony, déjà préfiguré dans
Revenge dans un autre genre.
True Romance est aussi un
road movie qui ressemble par certains côtés à
Tueurs nés (encore un script de Tarantino), mettant en scène lui aussi un couple un peu fou, sauf qu'ici on ne s'encombre pas d'une critique de la société "direct dans ta face" : leur naïveté et leur sincérité face au mal font que les scènes de folie meurtrière qui les assaillit chacun à leur tour deviennent réellement touchantes, et ce, malgré leur extrême violence.
Les tirades sont justes géniales, et on n'a jamais l'impression qu'on enchaîne une simple série de séquences
fun comme dans certains films de Tarantino. Pas de chronologie bordélique, l'histoire est parfaitement fluide malgré toutes les
story lines, simple, au service de cette magnifique brochette de personnages. La réalisation est la plus belle que nous livre Scott, s'adaptant à la situation ou l'atmosphère de chaque scène en trouvant toujours le ton juste sans en faire trop, et rythmée par le thème principal de la
Ballade sauvage retravaillée pour l'occasion et bien mieux intégrée à la narration. Pour terminer, la fin a été changée par rapport au script original, bien plus proche de l'esprit romantique propre à Scott, mais ce couple est si beau et atypique, un véritable rayon de soleil dans ce monde de brutes, qu'il aurait été dommage que cela ne fut pas ainsi. Certainement le meilleur film de son auteur.