Skyfallde Sam Mendes (2012)
Quatre ans après le très bancal
Quantum of Solace, c'est une nouvelle mini révolution dans l'univers Bondien que cet opus du cinquantenaire (le 23ème
officiel). Etrange, c'est le mot que j'avais à l'esprit en sortant de la projection. Alors certes on retrouve les ingrédients d'action survolté qui ont fait la gloire de la saga, arrangés ici et là à l'esprit des années 2000 (post-Bourne évidemment). Et on renoue en même temps avec les recettes et passages obligés des films, rescussitant pour l'occasion, avec un petit goût de fan service quelques éléments d'antan oubliés depuis quelques films (Q, Moneypenny et le bureau de M avec sa porte molletonnée, et même l'Aston Martin DB5 de
Goldfinger avec ses gadgets d'époque).
Alors pourquoi étrange? D'avoir embaucher Sam Mendes tout d'abord, qui donne au film une dimension visuelle absente des autres Bond. Jusqu'ici la saga était confiée à des faiseurs, parfois habiles, mais souvent sans réelle personnalité. Mendes parvient même sur certaines séquences à en faire un objet esthétique assez raffiné (les passages en Asie principalement). Et il a une façon de filmer les apparitions du méchant qui dénotent la touche d'un vrai réalisateur aux commandes.
Etrange aussi de par la personnalité du méchant (Javier Bardem) et sa motivation. De mémoire, je pense que c'est la première fois qu'une vengeance est la motivation du méchant (ça l'a été pour Bond lui-même dans
Permis de tuer), qui sont d'habitude plutôt avides de pouvoir ou d'argent. Le scénario qui en découle est à la fois surprenant et bizarre, ménageant finalement assez peu de scènes d'action (Quantum devait en avoir le double pour une durée très inférieure), et faisant apparaitre Bardem à la moitié du film, après bien plus d'une heure.
Et que dire du final, que je ne raconterai évidemment pas en détails, mais qui s'avère lui-aussi réellement étrange, presque dissonant, et pourtant plutôt prenant, dans un décors qui est l'antithèse de tous les supers labos ou planques secrêtes des méchants de la saga jusqu'ici, puisqu'il s'agit de la maison d'enfance de Bond, vieille bâtisse perdue et isolée dans la lande écossaise.
Etrange toujours de par un côté Bond vieillissant, blessé, jugé inapte au terrain, incapable de tirer droit, et songeant un moment à se retirer. Finalement réduit à se servir de ce qu'il a sous la main (à peine revenu en scène, déjà fini l'équipement miracle de Q): fusil de chasse, couteau, et pièges!
M de Judi Dench, depuis son arrivée dans le rôle avec Pierce Brosnan, a imposé à l'écran un personnage qui jusque là était quasi figuratif (dans les vieux films, M n'est qu'un supérieur râleur et jamais un personnage exploité ou approfondi). Là elle est quasiment le coeur du film, au centre de nombreuses décisions, et de toutes les attentions. Sa relation avec Bond n'a jamais été aussi palpable, avec un côté filial qui transparait de leurs rapports, et une réelle émotion qui les lie.
Un épisode qui m'a dérouté mais que j'ai réellement apprécié, et qui est à mon sens le meilleur depuis...
Permis de tuer justement.
8.5/10