UNIVERSAL SOLDIER : DAY OF RECKONING - John Hyams (2012)
Synopsis : John (Scott Adkins) sort d’un coma de neuf mois avec pour seul souvenir l’assassinat de sa femme et de sa fille massacrées lors d’une intrusion brutale dans leur maison. Hanté par les images de cette attaque, il jure de tuer le responsable : Luc Deveraux (Jean-Claude Van Damme). Tandis que John tente de remettre de l’ordre dans son esprit, les choses se compliquent lorsqu’un UniSol acharné nommé Magnus (Andrei Arlovski) se lance à sa poursuite.
Que s'est il passé dans la tête des producteurs et du réalisateur John Hyams, pourtant responsable du précédent opus, pour prendre autant de risques sur le quatrième épisode d'une franchise dont plus personne n'attendait quoi que ce soit ?
Et bien c'est justement là que réside toute l'intelligence du projet, plutôt que de nous servir une énième suite qui se reposerait uniquement sur la présence des deux acteurs phares de la saga, Hyams prend le spectateur totalement à contre pied et livre une petite bombe en puissance, une putain de surprise comme on en attendait plus.
Un film de dingue, qui donne le ton dès son introduction, un long plan séquence en vue subjective où l'on suit Scott Adkins réveillé en pleine nuit, qui va se faire éclater le crane par trois mecs cagoulés, avant de voir sa femme et sa fille mourir devant ses yeux. L'homme qui appuie sur la détente n'est autre que notre ami Jean Claude a.k.a Luc Deveraux, crane rasé et gueule de psychopathe en prime, et le tout baigne dans une ambiance qui flirte avec l'horreur.
Et là on se dit "What the fuck", on est à 5 minutes de film et on est pas au bout de nos surprises, tant le film dénote totalement, à la fois avec le commun du film d'action actuel, et aussi avec les précédents épisodes de la franchise, par sa liberté de ton et son extrême violence (et encore, parait il qu'une version NC-17 existe et serait dispo sur le prochain Bluray). Une expérience très particulière qui flirte avec le mysticisme, parfois même hypnotique (certains effets de mise en scène sont directement inspirés d'Enter the Void) et dérangeante.
Car oui, le film est d'une brutalité assez surprenante, les combats durent longtemps, sont parfaitement lisibles, et font très mal. A tel point qu'ils rappellent ceux du récent The Raid, mélangeant les gunfights (notamment un carnage au shotgun dans un hotel, absolument monstrueux) et les combats à mains nues ou armés de machettes, de haches ou de battes de baseball. Toutes les scènes d'actions du film sont un modèle de mise en scène, au vu du budget ridicule pour un film d'action (11 millions soit le budget moyen des dtv roumains de l'ami Steven), et en plus elles sont assez nombreuses, toutes différentes et particulièrement violentes.
On a même droit à une excellente course poursuite en bagnole, qui pour ne rien gâcher, se termine sur une scène de baston géniale entre Adkins et Andrei "Pitbull" Arlovski.
Jamais la mise en scène de Hyams ne trahit son faible budget, l'ensemble du film étant très soigné, aussi bien dans les cadrages, dans la durée des plans, que dans sa photographie particulièrement léchée. A tel point que les têtes d'affiches ont certainement dû jouer quasi gratuitement tant toute la thune se voit à l'écran.
Une autre grande force du film, c'est d'ailleurs le casting, Scott Adkins au top de sa forme physique (le plan séquence dans les couloirs du bunker
) et qui livre sa meilleure performance d'acteur à ce jour, Dolph Lundgren qui prend un malin plaisir à cabotiner en méchant de service et s'offre une bonne scène de fight over the top, et surtout Van Damme, qui nous la joue Colonel Kurtz mutique, totalement barge, enfermé au fin fond de la jungle dans un bunker souterrain et adepte d'expériences en tous genres sur les Unisol. Il dégage quelque chose d'assez incroyable, instaurant un sacré malaise avec seulement quelques lignes de dialogues et un visage véritablement terrifiant. Une sorte de gourou démoniaque à la tête d'une armée de robots meurtriers. A 52 balais, il a maintenant la gueule parfaite pour jouer des rôles de cette envergure et il faut espérer qu'il privilégie ce genre de choix de carrière, plutôt que d'aligner les dtv moisis pour faire plaisir aux copains.
Bien entendu, le film a quelques défauts, mais la plupart sont dues au manque de budget, comme certains aspects du scénario qui sont réduits au minimum, mais le tout reste compréhensible et cohérent sans être forcément très développé. On peut trouver aussi quelques longueurs ici et là. Certains pourront aussi reprocher le fait que Lundgren et Van Damme ne soient pas beaucoup présents à l'écran, mais l’intérêt de cet épisode est ailleurs, dans sa liberté de ton et son anticonformisme vis à vis d'un genre et d'une industrie de plus en plus calibré pour le grand public.
Pour toutes ces raisons, Universal Soldier : Day of Reckoning est de loin le meilleur épisode de la franchise, le meilleur dtv 2012, mais aussi et tout simplement un des films les plus bandants et les plus surprenants de cette année cinématographique en demi teinte. Ce qui n'est pas un mince exploit !
8/10