Le Corbeau d'Henri-Georges Clouzot - 1943
Whaow... J'ai été soufflé!
Sur le thème des lettres anonymes et des petits secrets de province, je voyais un film mesquin et lent. Pas du tout! Clouzot nous balade franchement, avec du glauque, de l'angoissant, du borderline! Incroyable pour l'époque! Et surtout du rythme. Pas de tirades, pas de dialogues pompeux. Le plus souvent les répliques claquent, notamment les conversations entre Germain et le médecin-chef barbu, qui se concluent généralement par de bons mots. Ca fuse. Pas le temps de s'ennuyer.
L'interprétation joue beaucoup aussi. Chacun prend les révélations à sa façon, stupeur, colère, humour, mais toujours avec justesse. Même les scènes de transition (conversation des postiers, discours du sous-préfet, interventions du substitut du procureur) sont tout autant soignées.
Grâce à cela Clouzot entretient bien le mystère. Son Whodunnit tient la route et c'est bien le plus important dans ce genre de film. On est tenu en haleine du début à la fin. Dommage cependant que la révélation finale soit un peu bordélique, mais là encore le scénario réserve des surprises. Ce qui rattrape largement le coup.
La réalisation est au diapason. Dynamique, on change fréquemment de plans, les cadrages sont ingénieux (de travers notamment), les prises de vues audacieuses (les points de vue lors du passage du cortège funèbre). C'est incroyablement moderne et absolument pas planplan.
La seule chose qui m'a un peu déçu, c'est le perso de Germain, dont les actes et les révélations ne concordent pas vraiment. A moins que j'ai loupé un truc, quelque chose ne va pas dans l'écriture de son perso.
Pour ne rien gâcher, la remise dans le contexte par Tatav' dans les bonus du DVD est passionnante.
8,5/10