La Chair et le sang |
Réalisé par Paul Verhoeven Avec Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh, Tom Burlinson aventure - USA, Néerlandais - 2h06 1985 |
6.5/10 |
SynopsisEn 1501, dans le nord de l'Italie. Chassé de ses terres à la suite d'une révolte, le comte Arnolfini engage, afin de les reprendre, une bande de mercenaires. Pour stimuler leur ardeur, Il leur promet qu'une fois la victoire obtenue, ils pourront se livrer au pillage durant vingt-quatre heures. Mais bientôt, alors que son château est définitivement repris, le comte rompt ses engagements. Dépossédés de leur butin, les mercenaires errent alors dans les environs, avides de vengeance...
CritiqueFilm médiéval qui est plutôt casse gueule et peut vite tourner au ridicule, mais le film a le mérite d'annonce la couleur par son titre, thèmes chers à Paul Verhoeven. Le long métrage joue sur le contraste permanent entre les mercenaires et les nobles.
La bande de mercenaires ressemble à un bande punks enragés, bien barrés qui sont plutôt bas du front, ne cherchant qu'à s'enrichir et s'amuser, abusant de violence et méchanceté gratuite. D'un autre coté, les nobles et châtelains empreints de traditions, qui ne se mêlent pas au petit peuple vivant sur son tas d'or.
Ainsi, les gens de la haute cadrent bien avec le contexte du film renaissance qui sont plutôt civilisés et cultivés contrairement aux racailles de mercenaires qui sont restés scotchés au moyen age (ou à la préhistoire) en oubliant au passage une once de raffinement.
On retrouve ainsi dans cette bande une belle palette de déjantés obsédés, hystériques , illuminés, psychopathes imprévisibles. Ils incarnent le coté provocateur du cinéaste mais le personnage principal Martin (Rutger Hauer) ne ressemble pas totalement à ces barbares et garde un certain coté civilisé.
Ainsi, on assiste au combat de deux clans, de deux époques qui ont des méthodes bien distinctes : à l'ancienne à l'arme blanche usant de violence brute frontale incarnée par la bande de mercenaires, et de l'autre des armes plus modernes à l'aide d'armes plus élaborées, ou de contamination bactériologique, méthodes plus sournoise utilisées par les nobles.
L'héroine Agnès (Jennifer Jason Leigh ) tombe amoureuse d'un homme de chaque camp et n'arrive pas à faire un choix, offrant un personnage très ambigu derrière une apparence angélique et pure.
Il existe aussi une notion d'envahisseurs, où les barbares ne peuvent pas voler uniquement les richesses matérielles, mais doivent aussi s'occuper des femmes pour laisser leurs traces et les marquer de façon indélébile.
A coté des viols collectifs, orgies, Verhoeven propose une partie beaucoup plus désuette sur la découverte de la sexualité de façon assez caricaturale et ratée.
Ainsi, le cinéaste se délecte de mélanger horreur des faits et esthétisme léché des images et pointe du doigt les horreurs de la guerre et les perversions humaines n'épargnant personne, tout le monde y passe hommes/femmes/enfants.
Le cinéaste va loin dans la violence n'hésitant pas à souiller sa pellicule : Cadavres éviscérés, pendus, scènes de tortures , de viol, empalement, et bien sur la peste qui joue un rôle capital dans le film, et les gestes restent barbares même dans les gestes médicaux.
Verhoeven instaure un petit coté fantastique au film avec la statue de St Martin qui guide les mercenaires vers leurs prochaines proies, le destin pèse sur cette histoire avec la survenue de faits improbables qui provoque de retournements de situations.
Rutger Hauer incarne le chef des barbares,robuste féroce et charismatique, qui malgré ses nombreux méfaits passés arrive à tomber amoureux d'Agnès, et risque de se mettre à dos le reste de son clan.
Jennifer Jason Leigh use de son allure angélique innocente pour se révéler très manipulatrice et sulfureuse.
Hélas, malgré un univers irrévérencieux ultra violent qui est cohérent avec le déroulement de l'histoire, le début du film est clairement raté.
Le cinéaste souhaitant choquer à tous prix avec une surenchère de scènes dénudées appuyées bien inutiles et de grossièreté gratuite (on se croirait dans "Le Bon roi Dagobert") et compte sur le voyeurisme du spectateur.
Ensuite, son personnage pivot Agnès n'est pas très crédible et introduit de façon très maladroite et cliché (on dirait la Alice de Tim Burton).
Un début qui manque de corps, alignant les scènes choc de carnage et sadisme qui aurait avoir plus de finesse pour une montée de violence crescendo. Des dialogues qui manquent d'inspiration, plutôt plats.
Il est difficile de choisir son camp dans cet affrontement anarchique, même le gentil Steven nous laisse plutôt indifférent face à son destin, le spectateur assiste à ces immondices mais ne s'implique en aucun cas, l'univers étant peu réaliste.
Les décors, costumes et accessoires sont très soignés mis en valeur par une brillante photographie offrant un contraste entre la beauté des images et l'amoralité des faits.
N'adhérant pas forcement au coté provocateur de Paul Verhoeven, je trouve ici que son film use de certaines facilités (surtout la nudité outrancière, son personnage féminin difficile à cerner, son scénario peu élaboré) qui gâchent l'ensemble du film qui proposait un univers plutôt intéressant et singulier mais qui délaisse le coté émotionnel, un sérieux manque de finesse.