Cutthroat Island 5.75/101995, la démesure de Carolco n’a plus de limites. Sortant de quelques monstrueux succès commerciaux, la firme offre 100 millions de budget à Renny Harlin afin de remettre sur le devant de la scène le film de pirates. Le réalisateur est, à cette époque, au firmament lui aussi auréolé de réussites commerciales telles que 58 minutes pour vivre ou encore Cliffhanger. En son temps, j’avais détesté le film et je trouvais, on ne peut plus justifié, le naufrage financier du projet. L’humour débile et le couple star complètement à coté de la plaque m’avait flingué le plaisir.
Quelques années plus tard, je reviens donc à la charge avec le blu-ray de qualité édité par Lionsgate. Il faut quand même bien reconnaitre que le père Harlin s’est complètement réapproprié le mythe du pirate. Si le bougre avait pu y caser des hélicoptères il l’aura fait volontiers. Il va se rattraper en équipant certains personnages de lances grenades et en faisant tout péter. Toute l’équipe du film a donc pris soin de dépenser chaque dollar à bon escient. Le plus bluffant dans tout cela, c’est que tout est réel (les bateaux, le fort, la prison…). La reconstitution est foisonnante de détail. Autre point fort, le rythme tonitruant ne laisse pas le temps de respirer (ni de réfléchir, ce qui est bien d’ailleurs) enchainant les séquences explosives. Si le spectacle est globalement bien assuré, Harlin se tire une balle dans le pied avec un casting totalement loupé. Hormis Franck Langella bien à sa place en bad guy, le reste ne suit pas. Quand je dis « le reste », je pense bien sur au couple vedette. Geena Davis se plait à botter des culs. On y croit pas mais soit. Par contre, je ne comprendrais jamais ce qui est passé par la tête des décideurs pour imposer cette endive de Matthew Modine. Le plaisir (coupable) s’en trouve fortement atténué. Et, le recours aux punchlines débilos finit d’enterrer la crédibilité d’une bonne partie des acteurs. C’est bien dommage car même si l’histoire ne vole pas haut (une chasse au trésor quoi), le spectacle est imposant et bien plus pêchu qu’un POTC blindé de CGI. Tous les codes sont réunis (trahisons, bataille navale, épées, jambes de bois) pour se terminer en apothéose avec un abordage dantesque ponctué d’impressionnantes explosions.
Un budget colossal ne fait évidemment pas un bon film. Mais le savoir faire de Renny Harlin suffit à maintenir à flot un projet torpillé par un humour agaçant et un choix d’acteurs très aléatoire. L’échec retentissant n’est pourtant pas justifié tant le spectacle (au sens noble du terme) est de qualité.