[Dunandan] Mes critiques en 2012

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Jed Trigado » Lun 24 Sep 2012, 13:17

C'est quoi ces notes de gros radin chez Scott ?!

A force du regarder du niak qui se taillent à coups de katana, t'en a perdu le sens des réalités on dirait. :eheh:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Lun 24 Sep 2012, 13:26

Mark Chopper a écrit:Tête ou bide ?

On va éviter de comparer ce chef-d'oeuvre avec votre samouraï qui tire la même gueule pendant 6 films :mrgreen:


Je pourrais en dire autant pour Bruce Willis m'enfin bon je l'aime comme ça :mrgreen:

Bah sinon comme je l'ai dit je n'ai pas été emporté plus que ça par l'histoire, et le fait de ne pas avoir retrouvé le doubleur de Bruce que j'aime tant ça me fait moins triquer ... Puis ça reste une bonne note pour moi 7.5 ...

@ Jed : si tu remarques, mes notes montent progressivement :mrgreen: (5,6,6.5, 7.5)
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Lun 24 Sep 2012, 13:38

Bruce Willis était (oui, après Shyamalan, il est mort) un acteur bien plus fin qu'il n'y paraît : il suffit de voir les noms de certains réals avec qui il a bossé.

Je te surveille pour Revenge, True Romance et Man on Fire :twisted:

Rien à voir, mais il y avait une histoire dans Baby Cart 2 ? :eheh:
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Chasse : Cruising (La) - 7/10

Messagepar Dunandan » Lun 24 Sep 2012, 16:35

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La chasse, William Friedkin (1980)

Franchement épaté par ce thriller se déroulant dans le milieu très spécial du SM, alors que le sujet ne m'interpellait pas vraiment, et combien casse-gueule, qui apporta d'ailleurs la haine de certaines associations homosexuelles en son temps qui poussa ainsi le réalisateur à dire que son film n'a rien à voir avec une quelconque dénonciation à leur encontre. Comme tout bon Friedkin qui se respecte, ce dernier prend son temps à poser le cadre de l'action, en faisant intervenir Al Pacino après seulement 15 minutes de pellicule. Sans jamais montrer de scènes "cash" à la Gaspard Noé et fonctionnant avant tout par suggestion (on reste aux bisous et caresses), l'atmosphère est tout de même saisissante. A la fois poisseuse et sophistiquée, celle-ci est selon moi l'une des grandes qualités du film, dépeignant une véritable peinture de moeurs de ce milieu underground avec ses rites, ses codes, son esthétique nocturne, procurant un réel malaise chez le spectateur qui n'est pas gratuit, mais habite le personnage principal lui-même. En effet, il y a toujours un sous-texte important chez ce réalisateur, nous montrant généralement une société déliquescente où la frontière entre bien et mal est fragile (on voit bien aussi comment l'administration policière est plus occupée à trouver un coupable idéal qu'à rendre la justice), et ici plus précisément applique la symbolique du galio à ce microcosme gay : le couteau devient pénétration au sens propre, reflet d'une impuissance et d'un mal-être masculins. Derrière ce thriller déjà peu classique de par son sujet, il s'agit aussi d'identité, d'abord sexuelle, puis policière, du personnage principal.

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L'enquête en elle-même est réduite au minimum, et il ne faut pas s'attendre à du lourd de ce côté-là. Car comme son titre l'indique, loin d'une enquête classique avec un coupable au bout, il s'agit d'une "chasse", dans un monde bien particulier. Par contre il y a quelques "trous" narratifs regrettables et parfois douteux, comme l'interrogatoire WTF d'un flic en slip qui n'a aucune raison d'être, qui reflètent un montage malmené par la censure à la sortie du film. En revanche, les ellipses sur l'évolution psychologique du personnage principal, volontaires ou non, bien que celle-ci aurait méritée d'être davantage détaillée, la laissent du coup ambiguë ce qui n'est pas un défaut selon moi. Il y a aussi un petit coup de mou (sans jeu de mots) vers les trente dernières minutes lorsque le soit-disant tueur est identifié, mais qui se justifie un peu par la nature du film qui est davantage qu'une simple traque à l'homme, où prédateur et victime (sexuels) se confondent parfois jusqu'au tournis. Mais ce qui rend ce film ce dernier si captivant, ne n'est donc pas son histoire, mais la qualité de la réalisation et de la mise en scène qui font ressortir toute l'attirance/répulsion que l'on peut ressentir à l'égard de ces marginaux du sexe. Le soucis du détail dans les costumes, le sens du cadre, le choix de la colorimétrie, et l'éclairage jouant beaucoup avec le clair/obscur nous voilant par exemple le visage du prédateur (avant tout reconnaissable par sa voix) témoignent d'une grande réalisation au service de son sujet. Enfin, on retrouve Al Pacino dans un rôle tout à fait atypique, loin de son cabotinage que l'on connaît aujourd'hui, et rentre bien dans son rôle (en même temps selon des anecdotes de tournage, il se s'attendait pas du tout à ce genre de film).

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Avec Friedkin, toujours plus qu'une simple chasse à l'homme, une véritable réflexion, davantage mise en scène qu'explicite, des zones de noirceur de la nature humaine. A découvrir malgré un sujet qui peut rebuter et quelques raccourcis scénaristiques.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Lun 24 Sep 2012, 16:38

Mark Chopper a écrit:Bruce Willis était (oui, après Shyamalan, il est mort) un acteur bien plus fin qu'il n'y paraît : il suffit de voir les noms de certains réals avec qui il a bossé.

Je te surveille pour Revenge, True Romance et Man on Fire :twisted:

Rien à voir, mais il y avait une histoire dans Baby Cart 2 ? :eheh:


Avant Revenge, je vais m'occuper de Beverly Hills 2 (je vais d'abord me choper consciencieusement le premier à titre de comparaison) :wink:

Pour Baby Cart 2 je n'ai pas besoin d'une grosse intrigue, c'est le genre qui veut ça :mrgreen:, mais voilà faudra que je le revoie en Fr francophone, car ça pourrait monter à 8.
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Revenge (1990) - 8/10

Messagepar Dunandan » Mar 25 Sep 2012, 15:34

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Revenge, Tony Scott (1990)

Revenge est une pierre angulaire pour Tony Scott : en effet, son héros - pilote de chasse rappelle clairement Top Gun avec un traitement de l'aviation similaire (à la cool où on aime porter des lunettes de soleil et faire des loopings pour effrayer son co-équipier). Mais suite à son introduction, le réalisateur change radicalement de ton et rompt avec son image de faiseur d'Hollywood en racontant une histoire d'amour désespérée sur un fond assez classique de vengeance, préfigurant en cela une thématique qui traverse toute son oeuvre. Bref, il signe ici sa première oeuvre d'auteur, et ses meilleurs films seront ceux qui possèdent cette âme romantique en prise avec la violence du monde extérieur.

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Le film est donc structuré en deux parties selon le schéma classique du film de vengeance : amour/trahison/vengeance. La première partie se base sur ce pilote à la retraite (qui reçoit de vrais cadeaux de mec, genre une arme à feu et la lettre d'une fan qui lui fait une proposition ambiguë : pas de doute, Kevin Coster est en mode play-boy) qui va rejoindre un pote mafieux pour le remercier pour son cadeau, incarné par un très bon Antony Quinn qui se pose en paternel de substitution. Malheureusement on n'apprend pas beaucoup sur la nature de leurs liens, mais Tony Scott n'a pas besoin de donner beaucoup d'explication pour montrer qu'ils sont très proches, se respectant et se taquinant tour à tour comme s'ils se connaissaient depuis très longtemps. Puis vient entre-eux la femme de ce dernier, jeune et super "hot" (Madeleine Stowe au top de son "sex-appeal"), qui va bien sûr passer à la casserole. Bon faut voir aussi comme elle le drague au moment du pressage de citrons. L'érotisme des séquences d'amour a rarement été aussi torride et mis en valeur, et on se dit qu'il aurait été difficile de résister au charme de cette demoiselle qui n'hésite pas à faire tomber sa culotte sous ce ciel azuré. Bref, la suite est logique, il y a vendetta dans l'air, surtout qu'on est au Mexique et on ne rigole pas avec les choses de l'honneur. Dans la seconde partie, on s'attend à un massacre en bonne et due forme du héros laissé pour mort, mais finalement on y va progressivement, par à-coups : ça brise notre attente d'une impitoyable loi du talion et on est plus dans le ton du romantisme écorché à vif, au sens propre et figuré, une sorte de Roméo et Juliette moderne agrémenté des codes du western, une remise en perspective finalement avant-gardiste qui préfigure par exemple No country for old men. Ainsi, Tony Scott nous prouve de nouveau qu'il travaille mieux à deux. Après l'univers noir de l'excellent dialoguiste de Shane Black, et avant les personnages hauts en couleur de Tarantino, il est contaminé cette fois-ci par le romancier Jim Harrison qui est à l'origine de Contes et légendes d'Automne. Seul bémol à l'horizon, encore une fois, les relations que fait le héros au hasard et qui tombent à pic puisqu'elles vont participer grandement au petit jeu de massacre qui va suivre, sont assez bancales. Mais les acteurs y croient (on reconnaît des seconds couteaux tels que Miguel Ferrer que j'aime bien), et leurs personnages en eux-mêmes sont assez bien écrits (bon par contre le gars qui est dur car il vient des montagnes c'est limite mais ça m'a bien fait rire car très '90) et surtout charismatiques, Kevin Costner en tête, donc ça passe. Surtout que généralement dans les westerns les rencontres se passent souvent de commentaire, elles se font puis c'est tout, au nom d'une élection soudaine ou d'une question d'honneur.

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Parlons à présent de la réalisation et de la photographie, qui comptent parmi les plus belles de Tony Scott. Nous sommes encore loin de sa période expérimentale "phare" des années 2000, mais pourtant le grain de l'image est exceptionnel, qui montre bien qu'il était aux petits oignons sur la forme. Celle-ci est au service de son sujet puisque la photo possède toujours une luminosité irisée capturant parfaitement l'ambiance romantique et à fleur de peau du Mexique, y compris durant la seconde partie, et le tout accompagné d'une petite musique mélancolique mexicaine ou à cordes (rappelant un peu L'arme fatale 2) du plus bel effet. Bref, le gros atout du film est son ambiance romantique globale à l'intérieur de laquelle se trouve des ruptures de ton agréables, injectant des touches d'érotisme ou de violence d'une brutalité souvent surprenantes qui nous éloignent du canevas classique du film d'amour vendu au début, ou du film de vengeance où souvent toute émotion en est évacuée, et qui annonce ainsi True Romance, puis plus tard, plus proche du sujet et de l'esthétique, Man on Fire. Et enfin la fin, véritable essence du film le résumant tout entier, est un crève-coeur qui montre à quel point ces deux anciens amis sont liés mais que cette double trahison a brisés. Contrairement aux attentes du genre, c'est du pur anticlimax de la montée de la violence qui a précédé, où l'honneur et l'amour s'avèrent finalement plus forts que la vengeance, devenue ainsi vaine, l'objet de cette passion étant enlevé à tous deux. La mise en scène de cette rencontre est vraiment exceptionnelle comme le montrent les images suivantes. Bref, ce film se trouve dans mon top 3 actuel du réalisateur avec ces deux derniers, une belle oeuvre classique dans le fond, mais encore une fois, que Tony Scott s'amuse à renverser avec son érotisme torride, un romantisme ambiant, et une vengeance aboutissant à contre-courant, qui gagnerait à être plus connue.

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Une histoire classique d'amour et de vengeance dans son fond et son déroulement, mais traitée de manière non conventionnelle, selon une esthétique romantique mixée avec les codes du western. Des défauts dans les relations inter-personnelles, compensés par des personnages généralement bien écrits.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Mar 25 Sep 2012, 15:49

Ah cette obsession pour le "non classicisme"...

Je ne le trouve pas si classique, ce film : c'est un néo-western et combien de films comme ça existaient à sa sortie ?

Très belles captures !

Il entre dans le top ?
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Mar 25 Sep 2012, 15:51

Oui il entre dans le top (mais y un bug, il entre pas :eheh: )
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 25 Sep 2012, 15:53

Mark Chopper a écrit:Ah cette obsession pour le "non classicisme"...

Je ne le trouve pas si classique, ce film : c'est un néo-western et combien de films comme ça existaient à sa sortie ?

Très belles captures !

Il entre dans le top ?


Merci :wink: j'ai d'ailleurs repris cet argument de ta critique si tu le permets ...

Bah sinon comme je l'ai dit c'est pas tout à fait classique, mais c'est ça que j'aime aussi, il y a une base connue de tous, mais que Scott s'amuse à renverser par moments comme avec l'érotisme torride, le romantisme ambiant, ou la vengeance à contre-courant.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Killbush » Mar 25 Sep 2012, 17:15

J'approuve tes deux dernières et excellentes critiques :super:
Starting to see pictures, ain't ya?
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Creeps » Mar 25 Sep 2012, 17:48

et la lettre d'une femme qui veut qu'il la retrouve

C'est pas plutôt le mot de Tiburon qui lui dit de venir tirer au Mexique ?
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mer 26 Sep 2012, 02:06

Oui mais il a aussi ça comme cadeau, du genre une lettre de fan, si ma mémoire est bonne :mrgreen:

Je viens de revoir l'extrait, et effectivement il y a une lettre d'une femme de l'AfterBurner là-dessus, mais c'est vrai que l'info qui vient après et que tu viens de mentionner peut prêter à confusion, et j'ai légèrement modifié la phrase :wink:

Bah sinon @ Mark et Killbush, der des der MAJ où j'ai un peu mieux exprimé le rapport classique/innovation :mrgreen:
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Flic de Beverly Hills - 5/10

Messagepar Dunandan » Jeu 27 Sep 2012, 23:41

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Le flic de Beverly Hills, Martin Brest (1984)

Film qui propulsa Eddie Murphy au sommet de la gloire et qui tourna pas mal de fois dans mon magnétoscope, il ne reste plus grande chose aujourd'hui à retenir : d'un côté l'inimitable baratinage et gouaille de Eddy Murphy, et de l'autre cette B.O. culte des années 80. L'intérêt de la très légère enquête policière ne repose que sur le décalage entre esprit de démerde du flic noir de Détroit aux origines de voyou, et de l'éthique de la police de Beverly-Hills à cheval sur le protocole un peu coincée du cul mais qui rêve de temps à autre d'un peu plus d'action amenée à point nommée de l'extérieur. Problème : les dialogues et les situations ne sont pas aussi drôles que dans mes souvenirs, et sont parfois plus exaspérants qu'autre chose bien qu'ils cherchent à être cools. Par contre, même si ça ne dure que 2 min, ça fait plaisir de retrouver probablement l'une des références de base du commissaire de police (le boss de Foley) pour Last Action Hero. Enfin, la mise en scène est plus qu'impersonnelle, se résumant à des clichés de carte postale, et manquant de tout, surtout d'ambition et d'impact. Au final ça se laisse regarder, mais ce film souffre trop de la comparaison avec d'autres Buddy Movie tels que les futurs Arme fatale. Me reste plus qu'à voir ce qu'apporte de plus la suite réalisée par Tony Scott.

Bref, à réserver aux plus nostalgiques et aux fans du style "Eddie Murphy".
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Ven 28 Sep 2012, 06:26

Exaspérants, clichés de carte postale...

C'est aussi ça que j'ai ressenti devant la suite.
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Cid (Le) - 8/10

Messagepar Dunandan » Sam 29 Sep 2012, 02:28

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Le Cid, Anthony Mann (1961)

Après une carrière presque uniquement tournée vers le film noir et le western dans lesquels il excellait, et quelques incursions discrètes dans le film historique (dont deux rapides participations à Quo Vadis et Spartacus), Anthony Mann a enfin la possibilité de réaliser deux grandes fresques épiques, Le Cid et La chute de l'Empire romain, deux références du genre, puisque l'un et l'autre influenceront deux films qui redonneront leurs lettres d'or dans les années 2000 à un genre pratiquement éteint, à savoir Kingdom for Heaven, et surtout Gladiator. Le traitement est on ne peut plus hollywoodien avec une réalisation assez statique et un jeu d'acteur porté sur l'emphase, mais on y retrouve aussi derrière certains thèmes du réalisateur, comme la problématique des frontières et de la (re)conquête, et encore plus, la fatalité vécue par le héros en quête de surpassement.

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Cependant, contrairement à d'autres films du genre et d'une durée équivalente, j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans, la faute à une trop grande place accordée aux dilemmes moraux et sentimentaux du personnage principal, parfois au détriment de la dimension épique et du rythme. En effet, après une superbe introduction musicale qui résume par la symphonie ce qui va suivre en images, puis ensuite le portrait vibrant d'un d'homme de paix, d'honneur, et de tolérance (Le Cid, qui influencera donc le chevalier de Kingdom of Heaven), soif d'une justice plus grande que lui au point de conclure des alliances illicites au nom de l'unité du Royaume contre la volonté du roi lui-même, il faut ensuite se farcir durant toute la première partie ce dilemme amour-honneur assez typique du genre, à travers une sorte de romance chevaleresque maudite par des circonstances peu favorables pour un tel héros. Et je l'avoue ce n'est pas (encore) trop mon truc ce genre de romance à la sauce Hollywood, surtout étendue sur près de 3h00.

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Mais il serait dommage d'en rester à ce problème de ressenti personnel, car même si cette romance est essentielle au récit et à la base de la motivation de certains personnages, j'avoue qu'il est difficile d'avoir mieux dans ce genre assez balisé à l'époque, car au moins on a de l'amour contrasté et contrarié à la place de l'habituelle relation pure et idyllique. Et surtout il y est aussi décrit de manière passionnante les luttes intestines et fratricides pour le pouvoir royal, au milieu desquelles se retrouvent Le Cid (et a fortiori sa compagne) qui deviendra malgré lui le sauveur de l'Espagne. Un climat proche des Rois maudits ou du Roi Lear, ou encore plus récemment, de la psychologie des romans de Gemmell. Ce n'est pas pour rien que de grands noms du théâtre tels que Corneille s'y soient intéressés, véritable condensé de la société humaine. Ainsi, en fonction des nouvelles situations, les alliés et les ennemis changent de camp, dominés par l'ambition, l'honneur, l'amour, ou par des sentiments plus nobles, avec souvent un duel sanglant à la clé, filmé de manière furieuse comme Mann le faisait dans ses westerns ou films noirs. La finalité du personnage de Rodrigue est de nous apprendre que seul avec ses petites ambitions, un soit-disant roi ne vaut pas mieux qu'un autre homme, et que pour faire un roi, il faut plus que du courage ou de l'humilité, mais une véritable force qu'on tire de soi-même et qui nous amène plus loin que nos petites luttes de pouvoir et notre condition.

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C'est là que prend sens tout ce dilemme amour-honneur qui n'est autre que celui du chevalier qui se cherche, et qui finalement trouvera sa résolution dans son propre auto-dépassement, entraînant avant de nombreux drames. Trop parfait pour ce monde, il n'est pas né pour être heureux, nous éloignant du Happy-End de ce genre de production. L'un des gros points fort du récit et peut-être son originalité est donc l'évolution psychologique des personnages, digne d'une tragédie grecque renvoyant directement au style du réalisateur : la promise de Rodrigue devenant l'ennemie de ce dernier après qu'il ait tué son père pour une question d'honneur familial, et qui retrouvera grâce à ses yeux une fois qu'il aura tout perdu (pas pour rien qu'on le présente souvent proche du Christ ou des marginaux) et qu'elle-même aura tout quitté, trouvant enfin leur bonheur hors de tout jeu politique ; Rodrigue traîné dans la boue pour une soi-disante trahison et revenant au-devant de la scène politique contre toute attente, pour ce qu'il incarnera aux yeux du peuple, à savoir les vertus de compassion et de tolérance ; ou encore le nouveau roi monté sur le trône injustement et qui regagnera bien plus tard son honneur aux côtés du Cid. Bref, un script qui se révèle plus riche qu'en apparence, plus proche de la complexité d'une pièce de théâtre que du manichéisme bon roi/mauvais roi ou arabes/chrétiens, que l'on nous sert parfois dans le genre, et avant tout basé sur les relations inter-personnelles prises dans les engrenages du pouvoir, mêlant ainsi l'intime et l'histoire.

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La seconde partie est beaucoup plus courte, et couvre principalement l'affrontement final entre Maures et espagnols, avec pour fils directeurs la glorification involontaire de Rodrigue à laquelle s'oppose la volonté tyrannique du roi, et la lente ascension de l'armée ennemie qui ne fait pas de cadeaux aux chrétiens. Ce qu'on y perd en ambiguïté psychologique des personnages qui sont à présent bien définis (avec une nuance tout de même importante : l'amour que voue Chimène au Cid étant en harmonie avec ses valeurs personnelles, elle est alors prête à le suivre dans son retour politique), on le gagne en ampleur des séquences d'action rassemblant un nombre important de figurants. Par contre le contexte politique est plutôt éclipsé, réduit au minimum à l'avantage des valeurs chevaleresques qui sont, elles, au diapason. Le récit parfois elliptique va dans ce sens, conservant l'essentiel. De même, au niveau de la réalisation, si on s'attend à de grandes batailles, on peut facilement être déçu, car les rassemblements militaires paraissent plus impressionnants que les affrontements eux-mêmes, bien que les plans épiques ou les marques de courage et de noblesse ne manquent pas. Encore une fois, c'est avant tout l'aspect intimiste qui donne leur force aux séquences d'action, et ainsi les 1/1 sont souvent plus intenses que les grandes batailles qui sont le plus souvent filmées en plan large ou moyen.

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Une fois de plus, Mann nous prouve son sens de composition à travers des cadrages précis et fourmillant de détails via les costumes, les décors aussi bien intérieurs qu'extérieurs, les armes et armures, tous plus vrais que nature, créant ainsi un spectacle de qualité et une immersion totale chez le spectateur. Côté interprétation, c'est aussi du tout bon, on s'intéresse au rôle de chacun avec les différentes valeurs qu'ils incarnent. La palme revient au couple formé par Heston et Loren, vraiment mis en valeur. On retrouve chez l'un un peu de Ben-Hur dans son rôle de héros de guerre juste et droit, mis en touche pour des raisons politiques. Et l'autre joue une sorte de princesse mélancolique, ancrée dans une relation d'amour-haine avec le chevalier, guidée ainsi par un sens de l'honneur auquel obéit (plus ou moins) toute la cour royale. La B.O. de Miklos Rozsa, le John Williams de l'époque, est aussi magnifique, épousant la dimension épique et le rythme du film (sachant que les thèmes reflètent les grandes tensions qui s'y jouent), même si j'avoue avoir été parfois en overdose de trompettes.


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A mi-chemin entre romance et film historique portant aussi bien sur les luttes intestines du pouvoir que sur la relation amour-honneur, il s'agit d'une belle fresque hollywoodienne du genre, malgré un rythme inégal.
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