Le dernier samaritain 9/10Sur ce forum, il est agréable de croiser de nombreux trentenaires (et plus !) parlant souvent de fibre nostalgique et expliquant avec passion le pourquoi d'un surnotage assumé. Cette même génération a globalement grandi avec un genre bien codifié qu’est le buddy movie. Ce dernier a résisté, bon gré mal gré, aux décennies pour devenir au final un produit vide et aseptisé. Mais avant cela, les années 80, véritable âge d’or, nous auront biberonné aux excès sanglants, aux punchlines ordurières et à l’expression d’une violence graphique teintée de coolitude et de franche camaraderie testostéronée.
Last boyscout est donc l’un des dignes représentants du genre creusant un peu plus le sillon du cynisme désabusé amorcé par le premier Die hard. Et quoi de mieux qu’un Bruce Willis en mode destroy pour donner vie à l’un des héros les plus marquant de cette époque. Tony Scott était à cette époque l’un des poulains les plus rentables de l’écurie Bruckheimmer. Son passage chez Joël Silver, lui permet d’aborder, le temps d’un film, une approche plus couillu et débridée. Il ne renie pourtant pas ses codes avec une photo léchée agréablement tape à l’œil et ses habituels gunfights en mode mexican stand off. Le réalisateur se lâche sur la violence, sur son personnage principal (véritable punchingball humain) et sur des dialogues toujours plus cash. Esquiver la VF serait presque considéré comme un crime de lès majesté. Sur ce point, l’apport de Shane Black, orfèvre du genre, est évidemment un plus non négligeable. Entre deux scènes d’action, le dialoguiste phare des années 80 iconise un héros à l’agonie faisant presque passer un certain McLane pour une bonne sœur. J’avoue avoir une vraie nostalgie de ces héros déglingos alcolos, lourdés par leur femme et généralement pas épargnés par la vie. Black assure une sympathie immédiate pour un Willis et un Wayans savamment noyés dans les emmerdes. L’écriture fluide de ce dernier permet au duo de respirer avec un Wayans qui dispose d’autant de temps que son comparse pour exister et ne pas faire figure de simple sidekick. Car au delà des nombreuses explosions et autres scènes d’action, le film a bâti sa réputation sur ses personnages borderline et leur complicité évidente. Les bonnes vannes fusent par centaines certes mais Scott n’en néglige pas pour autant un background riche en casseroles. Il se permet même de passer de la vanne vulgos au monologue sérieux et touchant à l’image d’un Dix tentant de justifier son addiction. Shane Black a volontairement forcé le trait des emmerdes de chacun afin d’en faire de vrais héros, de vrais bon gars qui ne manqueront pas leur moment de gloire final. Mais le héros de cette époque tue des mecs, clope comme un pompier et n’hésite plus à pointer un flingue sur sa propre fille.
Voici donc résumé l’essence même du film de Tony Scott qui s’essuie les pieds sur les conventions avec une certaine désinvolture et beaucoup panache. Le dernier samaritain est l’un des actionner les plus sympathique qui ait jamais été confectionné et qui se revoit avec toujours autant de plaisir. La fibre nostalgique, vous vous rappelez ?
Tu l'allumes? Touches moi encore et j'te tue!