[Dunandan] Mes critiques en 2012

Modérateur: Dunandan

Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 11 Sep 2012, 16:18

:eheh: non plutôt à faire le beau avec les lunettes de soleil et la chemise "aviateur" :mrgreen: (il y a très longtemps je précise ...)
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Au-delà - 2/10

Messagepar Dunandan » Mar 11 Sep 2012, 16:52

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Au-delà, Clint Eastwood (2010)

Bon c'est tellement nul que je ne sais pas par où commencer. Certainement le plus mauvais film du centenaire Eastwood. Alors déjà on a jamais l'impression que l'histoire commence. On suit trois destins séparés, et on a l'impression mixte qu'on ne sait pas comment ils vont être liés tellement ça avance à un rythme de pachyderme, et finalement ça se conclue de la manière la plus prévisible, et la plus mièvre, et la plus incongrue des manières. Pourtant l'histoire à la base ça pourrait me toucher, mais bon le sujet est à peine effleuré à 2-3 moments pour chacun des personnages : le médium qui subit une crise existentielle et veut vivre et plus travailler sur la mort, la journaliste qui veut traiter d'un sujet important que personne ne comprend, et enfin un jeune garçon en plein deuil de son jumeau. Mais ça ne fait pas un film, tout juste un téléfilm, et encore un mauvais du genre français sur FR3 (ou un livre de Marc Lévy, au choix). Puis c'est collector l'implication (ou la direction) des acteurs, qui ne dégagent aucune émotion (peut-être à la limite le gosse). On voit Cécile de France jouer à la journaliste (bonjour la pub pour France Télévisions, puis bonsoir le passage du désir de changer de vie), Matt Damon se passionner pour des trucs de vieux comme prendre des cours de cuisine (soit-disant lieux de rencontre, et personnellement je sais pas si je suis un pervers mais j'imaginais des sous-entendus lors de la séance de dégustation ...) ou encore écouter des livres-audio, et enfin le gosse faire la tronche. J'oubliais aussi de mentionner l'acteur qui ressemble à Gérard Lanvin et qu'on se dit que Clint ne sait pas reconnaître les bons acteurs français. Sans oublier des placements de produit d'une subtilité extraordinaire, avec cette Cécile qui regarde un coup ici un coup là et retrouve sa tête sur une pub pour un téléphone (manière de "petit malin" et très maladroite pour associer le journaliste au pouvoir de ce qui peut être divulgué comme information au public).

J'en arrive à la réalisation. C'est fade et insipide. Académique au possible avec des champ/contre-champ paresseux, et des mouvements de caméra d'un autre âge. A part le tsunami, c'est vide, qui est d'ailleurs même pas exploité dans l'histoire, et on pourrait le remplacer par n'importe quelle autre catastrophe. On se croirait avec une seconde équipe mais vu les derniers films de Eastwood on ne peut que prendre ses yeux pour pleurer. Il nous fait tout : des plans de carte postale, des travellings à deux à l'heure. Il n'y a qu'un plan fantastique repris 10 fois pour faire joli et faire raccord avec le thème mais ça ne fait pas illusion. Aucune ambiance ou photographie qui relève le tout, sinon peut-être la vague dépression englobant les trois personnages et nous par la même occasion. Puis cette musique, on a envie de flinguer le compositeur : 2 thèmes énervants se battent en duel (malheureusement que l'on retrouve dans tous les derniers films de Clint), qui finissent par plomber un film déjà bien médiocre. Et quand le film commence enfin réellement (à savoir que les trois se retrouvent), le film est déjà terminé, sans rien avoir développé. Pourtant l'intention était bonne, à savoir faire réfléchir sur la mort dans un monde où on s'en fout, et peut-être aussi donner un peu d'espoir à ceux qui en ont peur par une présentation qui reste tout de même rationnelle. Bref, une question qui forcément touche des personnes d'un certain âge, mais pas seulement. Mais bon 2h00 pour nous faire seulement accepter l'idée de l'existence d'un au-delà (en passant par les vrais/faux médiums), en faisant des aller-retours entre les hobbys inintéressants de chacun (si on coupait tout ce qui ne sert pas au sujet, il ne resterait que 5 min de film), des acteurs qui se demandent ce qu'ils font là, et enfin une réalisation plate qui enfonce le tout, ça fait beaucoup tout ça. Une belle merde de compétition.

Clint nous livre ici (ironiquement ?) une mort artistique sur le thème de l'au-delà. Une belle blague ce film, malgré de bonnes intentions (comme toujours, on ne peut pas lui retirer ça).
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 11 Sep 2012, 17:01

Oh putain certains lui ont mis la moyenne à celui-là :shock: et pourtant j'y ai cru à ce film malgré la mauvaise presse qu'il a eu, mais là c'était juste pas possible.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Moviewar » Mar 11 Sep 2012, 17:18

Avec Criminale, lors de la séance, alors que tout le monde semblait être à fond dans le film, nous on arrêtait pas de rigoler :eheh:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 11 Sep 2012, 17:20

Moi j'en pouvais plus de rire (désespérément) après le troisième placement de pub :mrgreen:

C'est ça t'as compris : une blague !
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Alegas » Mar 11 Sep 2012, 17:34

Avec ce film, Eastwood prouve qu'il est aussi doué que Tarantino pour diriger des acteurs français. :mrgreen:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 11 Sep 2012, 17:37

Puis le pseudo-Lanvin il y a des fois que je ne comprenais pas ce qu'il disait, et aucune émotion ne dégageait de lui aux moments clé, c'est assez impressionnant, on se saurait cru dans un épisode de Julie Lescaut :mrgreen:

Et j'espère juste que Clint va faire un dernier "bon" film avant de se retirer, car bon il s'enfonce doucement mais sûrement au fond de la médiocrité.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar maltese » Mar 11 Sep 2012, 18:52

"J. Edgar" est très bien, faut juste pas s'attendre à une fresque historique-politique de malade, le film est plus intimiste que ce qu'on aurait pu prévoir en voyant la bande-annonce, mais franchement, il vaut le coup :super: (juste dommage qu'Eastwood ne se renouvelle absolument pas au niveau de ses B.O. :? )
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Rêves - 6,5/10

Messagepar Dunandan » Jeu 13 Sep 2012, 23:28

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Rêves, Akira Kurosawa et Ishirō Honda (1990)

Oeuvre de vieillesse entamée stricto sensus selon moi depuis Ran (bien que Kurosawa en soit obsédée par l'idée depuis au moins Vivre), je m'attendais à un gros truc chiant et pompeux. Finalement c'est pas mal, même si bien sûr on n'atteint pas le niveau de ses meilleurs films, et que les rêves sont très inégaux en qualité. Série de huit séquences oniriques de courte durée apparemment sans fil directeur et histoire, et inspirés à la fois par le folklore japonais et la vie de ce dernier, le sens s'en éclaire petit à petit, surtout lorsqu'on connaît bien la filmographie du réalisateur. L'épure narrative, surtout durant les trois premiers, est maximale au risque de perdre quelques spectateurs au passage. Ce film forme une sorte d'initiation et de métaphore visuelle et donc sensitive de sa perception du monde et de l'homme, qui courent à leur ruine en s'éloignant de la nature matricielle, remplacée par le progrès technique dénué de morale globale. Bref, cela se veut à la fois rétrospectif et prophétique, et m'a fait penser à de nombreuses reprises à l'univers de Miyazaki. Chacun de ces rêves concentre ainsi des obsessions du réalisateur aperçues auparavant, à savoir : parabole sur le merveilleux et la nature, d'abord interdit à dépasser, puis peu à peu souillés par l'humain qui désire s'accaparer leurs forces par sa volonté sans rentrer en communion (1-3), trauma de la guerre et de la catastrophe naturelle impliquant une culpabilité du mal inhérent à la nature humaine (4,6-7), l'artiste et sa représentation non-réaliste des choses (5), bilan sur la vie et la mort (8).

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Au niveau de la qualité esthétique, j'ai beaucoup aimé les deux premiers épisodes qui sont les plus oniriques, composés de spectacles hérités du théâtre japonais. Les chorégraphies sont vraiment belles et hypnotisantes, et contrastent avec les deux séquences suivantes, qui sont pénibles à moins d'apprécier des gens qui marchent pendant dix minutes sans aucune action et beauté formelle (on est quand même dans le rêve, on s'attend à un minimum à ce niveau) dans une tempête ou un tunnel. Ils sont dotés d'un minimalisme atteignant un sommet d'intensité primitive, ayant pour unique intérêt de nous faire vivre, contrairement aux deux premiers rêves, un véritable cauchemar qui semble durer une éternité avec un personnage principal complètement isolé. L'intervention finale d'esprits révèle la pensée du cinéaste (on pense notamment pour le rêve n°4 au policier Chien enragé, rempli de culpabilité à l'idée d'être la cause d'un mal dont il est l'indirect responsable, et que le protagoniste peut ici apaiser). D'autre part, le rêve avec Scorcese en tant qu'acteur (plutôt mauvais, et je n'ai pas compris pourquoi le japonais auquel il s'adresse parle en français alors que lui-même parle en anglais) dans la peau de Van-Gogh forme une sorte de parenthèse-mise en abîme, si on sait que Kurosawa aimait mettre en image ses idées, et avait un sens tout particulier des couleurs, justement pictural, pour évoquer le bouillonnement des sentiments humains. Bien que j'ai bien aimé l'idée de se balader sur ses toiles tandis que le personnage arpente les paysages, j'ai trouvé l'exercice un peu vain et redondant, avant tout illustratif.

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Puis c'est reparti pour deux rêves-calvaires portant sur la catastrophe nucléaire qui proposent néanmoins un peu plus de choses dans la forme. Ainsi, dans la continuité de L'ange ivre, on retrouve par exemple la mare, symbole ici de la décrépitude morale, et la réalisation de la vision apocalyptique du vieillard dans Vivre dans la peur. Mais comme les épisodes précédents, ça aurait mérité d'être raccourci, à moins d'apprécier la redondance. Heureusement, le film se termine à mon sens sur une excellente note avec l'exposition de la sagesse vue par Kurosawa, probablement mon rêve préféré, qui a aussi le mérite de mettre en perspective tout ce qui a précédé. Contrairement aux autres rêves, l'esthétique est épurée de tout artifice, et on retrouve un naturalisme qui colle au thème traité ici. En effet, le vieil homme expose une vie calme mais bien remplie, en totale harmonie avec la nature (à savoir une parfaite connaissance des besoins personnels et de l'économie des ressources, sans puiser inutilement dans la nature ou nourrir des besoins inutiles : du Dersou Ouzala tout craché) et la mort, célébrée comme une fête tout comme la vie, faisant tous deux partis d'un cycle. Une impression de quiétude m'a envahi durant cette scène comme si le cinéaste avait tout compris.

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Pour terminer, le casting n'a rien de marquant sans être mauvais, et il ne faut pas trop compter là-dessus pour apprécier ce film expérimental qui se base avant tout selon moi sur l'affinité que l'on partage avec le cinéaste tant ça ressemble à une méta-oeuvre bourrée de références. Par exemple, on reconnaît pas mal d'archétypes de ses personnages, comme l'initié (l'enfant), les idiots (les montagnards, l'homme du nucléaire), le voyageur (l'homme qui visite Van Gogh), ou le sage (le vieillard). Par contre les dialogues sont brillants d'intelligence, et on atteint un sommet avec le dernier face-à-face avec le vieil homme, bien sûr alter-ego de la sagesse "finale" de Kurosawa. En somme une oeuvre légèrement hermétique qui risque d'en rebuter certains (je pense notamment aux réfractaires de Ran), particulièrement à cause d'un rythme de croisière très lent parfois un peu chiant en son milieu.
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Malgré une inégalité qualitative de style et d'intérêt, Rêves constituent au final une belle fresque synthétique et rétrospective sur l'oeuvre du cinéaste, dotée à la fois d'une profonde sagesse et d'un sens prophétique dérangeant.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar osorojo » Ven 14 Sep 2012, 00:17

Jolie critique, comme d'hab ^^

On s'est passé le mot ce soir sur le nom du réal à mater :D Je n'en suis pas encore à ce Rêves, je vais essayer de me faire les films que j'ai du gadjo par ordre chronologique, histoire d'y voir une progression (et puis je préfère, c'est mon côté cartésien :chut: ). Par contre, faut réussir à les caser ses films, ils dépassent quasi tous les 2h, c'est rude ! :mrgreen:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Ven 14 Sep 2012, 02:05

Merci :wink:. Suivant mon habitude, j'ai édité ma critique en rajoutant quelques éléments, en l'aérant un peu, et en l'upgradant d'un 0.5pts (il vieillit bien dans ma tête malgré un gros coup de mou au milieu) :mrgreen:. Puis j'en profite pour dire que c'est un film qui pourrait plaire à Way, s'il est capable d'en supporter le rythme ...

Sinon pareil, c'est pour ça que j'ai fait une petite pause dans ma rétro, pas de temps pour les caser :mrgreen: (me reste par exemple Les 7 samouraïs, Les salauds dorment en paix, Dersou Ouzala, Barberousse ... sur ma liste, que des films qui durent 2h30-3h00 environ).

Par contre je te déconseille par expérience de taper trop vite dans ses oeuvres "mineures" ou moins connues. Pas de problèmes avec tous les Wildside (puis tu vas monter très haut je pense vu comme t'es parti avec L'ange ivre), puis bien sûr avec tous ses films de samouraïs ou polars, mais par contre ses oeuvres purement existentielles/sociales faut parfois s'accrocher et vaut mieux les mater un peu plus tard :mrgreen:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar osorojo » Ven 14 Sep 2012, 08:10

Merci pour l'info, j'ai essentiellement des films de la collec' les introuvables, je dois en avoir encore 4/5 sous le coude. On va déjà commencer par ceux là et on verra par la suite si j'ai envie de me plonger dans ses autres films. Ça fait trop longtemps que je les fais traîner, il est temps de les mater ! :]
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Ariane - 8/10

Messagepar Dunandan » Lun 17 Sep 2012, 07:51

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Ariane, Billy Wilder (1957)

Malgré un sujet grave et licencieux frôlant l'interdit oedipien, l'histoire est profondément drôle, parfois noire, grinçante, et regorgeant de comique de situation et de répétition fonctionnant à merveille, comme par exemple le chien, pourtant unique acteur omniscient des dérives des personnages, qui se fait gronder par sa maîtresse croyant qu'il fait des bêtises, ou les tsiganes-musiciens qui accompagnent absolument partout le millionnaire jusque dans ses beuveries. Une des scènes emblématiques du film selon moi, c'est l'instant où on rit férocement du toupet de cet homme qui, au nez de cette jeune femme, se montre aux côtés d'une autre, gorgé d'une puissance sexuelle qu'elle désire en secret, mais sans oublier de jouer un peu avec lui via l'inversion des rôles et donc la jalousie, en puisant dans le background des hommes espionnés par son père.

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Une autre qualité du film, l'écriture des personnages, et la peinture de moeurs qui les accompagne. On sent le plaisir pris pour mettre à nu la frivolité de chacun : la jeune ingénue, qui se fait plus ou moins avoir dans ses sentiments ; le privé, père de cette dernière, attiré par ces histoires dignes d'un journal à scandale, avant tout par pur plaisir de voyeur (même s'il avoue le contraire), jusqu'à ce que son activité juteuse se retourne contre lui ; le prétendant, caricature du vieux saligaud qui attire dans ses filets des papillons de nuit qu'il relâchera une fois sa jouissance passée, sauf une qui lui résiste ; le cocu, qui ne sait pas reconnaître l'évidence là où elle se trouve ; les musiciens ridiculisés dans leur fonction, livrant frénétiquement le même répertoire en toutes occasions. Dans un jeu du chat et de la souris de l'observé/observant, on prend tour à tour de la distance ou de l'empathie pour eux, en contrôle ou manipulés par leur prochain.

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Pour terminer, difficile d'affirmer si la fin est un happy-end, en tous cas loin d'être facile et logique suite au désenchantement qui a précédé. Un moment de vérité beau à voir qui parvient à éviter le cynisme ou le ridicule. Bref, à conseiller pour tous les amateurs de comédie de couple qui ne suit pas les rails habituels, en plus d'être dotée d'une brillante mise en scène au service de son sujet (spécialement les compositions de plan qui ont été pensés pour mettre en valeur les manifestations du désir qui tournent souvent à la farce), et une brochette de bons acteurs, celui qui interprète le privé en tête, que je trouve très bon et drôle en limier passionné tournant en ridicule les comportements litigieux de ses "victimes". Comme bémol, peut-être une petite baisse de régime à signaler vers le milieu, mais rien de méchant.

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Un petit bonheur de comédie romantique noire qui met un coup sévère aux stéréotypes du genre, dotée d'un humour ravageur, et d'une galerie de personnages haute en couleurs.
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Adieu au Roi (L') - 8/10

Messagepar Dunandan » Mar 18 Sep 2012, 16:58

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L'adieu au roi, John Milius (1989)

Milius nous prouve une fois de plus avec ce film qu'il était en quelque sorte l'héritier de l'âge d'or - au sens large - du cinéma hollywoodien d'aventures. L'amitié qui se construit entre ces deux hommes, le roi et le militaire, fait penser en effet à la royauté de ce blanc à la tête d'un peuple ancestral de L'homme qui voulut être un roi de John Huston (à la différence qu'ici le pouvoir n'est pas tourné à la rigolade, mais est traité au premier degré, dans ses lettres de noblesse). Puis le parcours ambigu du militaire (torturé entre sa fascination pour cette civilisation des origines et son devoir), en quête d'une alliance de ce roi avec le peuple anglais pour vaincre les japonais, rappelle Lawrence d'Arabie de David Lean (il n'est pas cité dans le film en vain). Il y a aussi du Apocalypse Now, dont Milius était également co-scénariste, dans le traumatisme de ce roi ex-soldat qui a trop vu la guerre, et qui a découvert un paradis terrestre au milieu de la jungle. Mais on raconte qu'il livre ici sa vision personnelle du film tel qu'il l'aurait réalisé : renouer avec la nature sauvage, loin d'être révélatrice de la folie opposée ainsi à la civilisation, est ici un retour aux sources de la nature humaine.

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Comme dans tous les films de Milius, il est question d'initiation et d'hommes (et de femmes, qui n'hésitent pas à défendre leur peau ou leur point de vue) fort(e)s, ici dans le contexte de la guerre du pacifique. Plus que jamais il existe chez ce réalisateur, derrière sa fascination pour les armes, une glorification de l'homme, et surtout de son courage, peu importe son camp d'appartenance. Revient en boucle L'homme importe plus que la vie. Appliquant ce schéma, la représentation de chaque peuple est assez particulière. Tandis que l'administration anglaise (et a fortiori américaine), terre natale de ces deux soldats, est bouffée par l'hypocrisie et la volonté d'en terminer contre leurs ennemis sans état d'âme, les recrues elles-mêmes hésitent bien souvent entre leur devoir et un compromis honorable qui respecte l'adversaire ou l'allié. De leur côté, autour des japonais règne une aura fantastique que j'ai vue rarement dans un film "militarisé", une mystification digne de Conan ou de Lion et le vent avec ces soldats disparaissant à leur gré ou ce cavalier au cheval blanc tout droit sorti des légendes que l'on raconte au coin du feu.

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La structure du récit joue beaucoup au début avec la chronologie, en faisant des allers-retours habiles entre le point de vue du militaire en quête d'alliance (qui par sa voix-off apporte un souffle lyrique et légendaire important et insufflant ainsi une véritable dimension épique au film), et les flash-backs de l'ex-soldat devenu roi qui racontent son évolution jusqu'au sacre final. Il y a beaucoup de points communs avec le mythe de Pocahontas dans le traitement de cette relation avec les indiens par leur pureté (encore qu'ils étaient à deux doigts de vendre la tête de l'ex-soldat aux japonais), et la profondeur de leur culture. Mais ce ne sont pas toujours de "bons sauvages", et parfois le roi d'origine anglaise doit intervenir pour les éduquer avec sagesse dans leurs coutumes. Lorsqu'il a dû trancher entre la vie et l'homme, véritable conversion pour lui de l'articulation sauvagerie-civilisation (un des grands thèmes de ce film et que Milius ressort à chacune de ses oeuvres), cela m'a fait penser au fameux jugement du Salomon de la Bible. Puis ils n'hésitent pas à prendre les armes pour suivre leur roi et défendre leur peuple, et comme dans Les révoltés du Bounty les femmes ont une relation toute naturelle avec la sexualité. La deuxième partie se concentre sur la guerre, avec des séquences que Peckinpah ne renierait pas, mais en comptant plus de hors-champs et d'ellipses pour évoquer la violence des champs de bataille. Ainsi, la découverte du village saccagé et la vengeance qui s'ensuit s'en trouvent plus choquantes.

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Cette histoire est réellement touchante, avant tout grâce au point de vue de ces deux anglais qui tombent en amour de cette civilisation qui tarde à disparaître devant la mondialisation, et qui apporte tout ce dont ils ont besoin pour être des hommes libres et épanouis, mais contrariés par l'imminence de la bataille qui s'empare de cet état de quasi innocence. Puis la réalisation livre de très beaux plans dans la jungle, rarement aussi bien capturée, ainsi que des séquences d'une rare force, tous hérités du cinéma d'or du genre avec pléthore d'éléments naturels tels que les couchers de de soleil, la pluie, & Cie. Enfin, Nick Holte est très bon dans le rôle du roi, sa spontanéité naturelle apportant vraiment quelque chose. Le duo avec le flegmatique soldat anglais fonctionne bien, et sa balance fragile entre idéalisme et réalisme donne un contre-point intéressant. Sans oublier le score musical qui sait procurer émotion et sens épique (tournant parfois à l'emphase militaire) aux images. Sans réel défaut, il m'a quand même moins passionné que d'autres films de Milius déjà cités, et l'absence de scope joue un peu en sa défaveur.

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Une renaissance brillante de l'âge d'or du cinéma d'aventures, revu à la sauce Milius : plus que jamais, gloire aux hommes et à leur courage, peu importent leurs drapeaux.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Mer 19 Sep 2012, 05:53

T'es un bon gars :super:
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