[elpingos] Mes Critiques en 2012

[elpingos]

Merci zack (Pour Tueurs nés, c'est tellement spécial que c'est finalement assez dur d'en faire une critique..)

[zack_]

C'est peut etre pour ça que je l'ai oublié... obligé de me le refaire (ca va je l'ai en BD)

[Tarankita]

Lorsqu'il est passé sur Arte et que je suis tombé dessus, je suis aller jusqu'au bout!

[elpingos]

POUR ELLE
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Fred Cavayé (2008) | 7/10

2 ans avant le très bon A bout portant, Fred Cavayé pour son 1er film livrait déjà un thriller de très belle tenue, moins axé sur l'action mais tout aussi prenant. Sur la base d'un scénario très solide qui voit un homme (Lindon) préparer l'évasion de sa femme (Kruger), Cavayé réalise un film tendu et millimétré, d'une logique assez implacable dans son déroulement, et qui va monter dans les tours crescendo. Bien aidé par un Lindon très charismatique, l'étude psychologique du personnage principal dans la 1ère partie est assez fouillée et on ressent assez bien le malaise de cet homme lambda confronté à la solitude et à son devoir d'épouser pour des bonnes raisons un rôle de malfaiteur (joli passage avec Olivier Marchal qui sous-tend les motivations du film - l'argent, les couilles, la chance). Une trajectoire exponentielle (3 ans, 3 mois, 3 jours) dont le rythme et la tension atteignent un très beau paroxysme dans ses scènes finales passionnantes, prouvant l'énorme capacité de Cavayé à restituer une ambiance oppressante et surtout des scènes d'action qui fonctionnent parfaitement. Un peu plus de substance et une histoire un peu plus complexe auraient néanmoins donné au film un peu plus de densité (son 2e film corrigera ces quelques erreurs). Mais devant tant de solidité et de maîtrise, on ne peut que saluer ce réalisateur qui en 2 films s'impose déjà en France comme l'un des tout meilleurs dans ce registre.

[Alegas]

Une scène dans ce film qui me prend aux tripes à chaque fois, c'est le dernier regard entre Lindon et son père qui a tout compris.
Vivement son prochain film qui s'annonce juste énorme.

[elpingos]

Doublement d'accord... Superbe scène émouvante qui en 2 secondes réussit l'essentiel.
Et comme tu dis vivement le prochain.

[Alegas]

LES INFIDELES
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Emmanuelle Bercot, Fred Cavayé, Alexandre Courtes, Jean Dujardin, Michel Hazanavicius, Éric Lartigau et Gilles Lellouche (2012) | 3/10

Ho la belle déception, et la belle dépense d'énergie et de talent pour des sketchs inégaux et sans saveur qui font de cet "infidèles" un exercice bancal, vide, et un hommage raté à ses grands modèles.
Car outre une interprétation générale très bonne mais assez caricaturale, et quelques trouvailles scénaristiques assez sympas (notamment dans les sketchs d'Hazanavicius et de Courtes - le meilleur) la vacuité du propos est assez affligeante. Et même si la réalisation est dans l'ensemble assez intéressante, elle ne permet pas de relever le niveau : les scénettes de Cavayé, Lartigau (titré en toute humilité Lolita), Bercot (un sous-Eyes Wide shut-Virgina Woolf assez vain) et Dujardin/Lellouche themselves (un final grossier) sont complètement ineptes, voire même assez consternantes parfois. Car malgré ce parti-pris pourtant intéressant de la joute filmique, on passe de l'ennui au facepalm et on enrage devant des personnages fades et des dialogues stériles. Et ce mélange d'humour grossier et de philosophie de comptoir (au sens propre) énerve plus qu'il n'ennuie, ne provoquant le rire qu'à de très rares occasions (les passages les plus potaches, les plus graveleux, sauvent heureusement la mise).
Alors certes dans sa démarche, le film a le mérite de son ambition (il surpasse largement des merdes comme le cœur des hommes) et a notamment pour lui d'être porté par une camaraderie joyeuse et parfois communicative de ses acteurs/scénaristes. Mais la private joke a ses limites, surtout quand elle se prend un peu trop au sérieux (n'est pas auteur qui veut, surtout dans l'art de la comédie) ); et plombé par une construction malhabile autour de scénarios discordants et/ou superficiels, les infidèles est un film abscons qui ne semble jamais dépasser l'anecdote nombriliste à la gloire du métrosexuel dans toute sa décadence.
Tout un programme donc, et une énorme frustration malheureusement à voir un tel loupé.

[elpingos]

THE WOMAN
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Lucky McKee (2011) | 8,5/10

Raah le joli petit film de barjes.
Lucky McKee signe ici un film savoureusement dérangeant, dont le glissement vers l'horreur s'accompagne d'une réflexion quasi féministe sur la notion d'animalité et de domination. C'est un pari osé car à partir de cette histoire de femme sauvage capturée par un père de famille tortionnaire, le réalisateur réussit un parallèle puissant entre deux tortures violentes et ici banalisées, celle physique, bestiale, de l'esclavagisme humain et celle psychologique (et tout aussi flippante) d'un puritanisme patriarcal extrémiste. McKee ne prend pas de gants et c'est tant mieux. A peine quelques notes d'humour pour alléger un récit perturbant qui sombre petit à petit dans l'horreur morale et sanglante, faisant de ces personnages presque banals de la middle class américaine une meute d'animaux aux abois au même titre que cette femme prise au piège. L'homme est un loup pour la femme (la réciproque est tout aussi vraie) et la vengeance est un plat qui se mange saignant. Voilà les arguments cinglants de ce film sans concession, film d'horreur et d'angoisse intelligent qui aborde de nombreux thèmes : une vision radicale et multi-symbolique dont l'efficacité réside dans sa normalité ultra violente et sa dissection brutale des instincts primaires. Affreux, sale et méchant, et fascinant dans sa démarche crue et originale.

[elpingos]

BELLFLOWER
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Evan Glodell (2011) | 3/10

Bellflower est l'archétype du petit film private joke dont on ne peut excuser la forme assez maladroite par son manque de budget car le fond est tout aussi maladroit. Ne proposant au final que très peu d'originalité et une trame longuette sans intérêt et un sous-texte abscons, l'intérêt est limité à quelques rares scènes glauques ou un peu rigolotes. C'est d'autant plus dommage qu'on nous tease pendant tout le film avec une catharsis qu'on anticipe spectaculaire mais qui n'intervient finalement que dans les dernières minutes sous une forme incompréhensible. Le côté buddy movie est plutôt bien réussi avec ces 2 paumés fans de Mad Max. Mais la love story qui tient le film est d'une banalité assez confondante et la tournure que prend le film, séduisante sur le papier, échoue complètement car d'un grotesque surréaliste assez affligeant. Et malgré la conviction affichée et les tentatives de style, Bellflower est un produit assez navrant et indigeste qui cumule les fautes de goût. Un pétard mouillé qui n'a jamais l'odeur de souffre promise.

[Dunandan]

LA JEUNE FILLE DE L'EAU
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M. Night Shyamalan (2006) | 7.5/10

Film très intéressant de la part de Shymalan qui privilégie ici l'humour et un aspect bon enfant au côté angoissant.
Si le mystère est comme à son habitude très présent, il est désamorcé par une trame assez laconique et un côté presque jovial porté par son acteur principal, le toujours très bon Paul Giamatti. Le film est un conte à la fois sombre et aussi un peu enfantin, assez descriptif et réaliste dans son contexte de vie d'immeuble, et efficace dans ses enjeux fantastiques. Shyamalan fait la part belle à ces gens simples, des voisins mis en situation de sauver cette jeune fille de l'eau, et la tendresse de son propos et sa sobriété font extrêmement plaisir. En se refusant au spectaculaire il gagne en originalité et en douceur et ses saillies d'humour sont savoureuses. Et on devine clairement le but recherché, à savoir un mélange entre la comédie sociale, le drame intimiste, et l'imaginaire du conte, le tout dans un huis-clos de tours d'immeuble. Et le pari, plutôt étrange est finalement rempli. Seules ombres au tableau, quelques longueurs et répétitions et malgré quelques très beaux plans, une réalisation un peu trop fonctionnelle mais sans doute due à la sobriété recherchée. Malgré cela, en tout cas, La Jeune fille de l'eau est un film intelligent et séduisant dans sa proposition nouvelle d'un cinéma fantastique à l'opposé des standards habituels. Et constitue une très belle histoire, humble et accessible.

[Moviewar]

TAKE SHELTER
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Jeff Nichols (2012) | 7/10

Avec bien plus de profondeur que son précédent film, Nichols continue de creuser un sillage intéressant dans le cinéma indépendant US, interrogeant autant les valeurs familiales que la société actuelle. Ici il s'appuie sur un script assez passionnant qui met aux prises un père de famille à des délires paranoïaques autour des tempêtes et il filme avec patience et méticulosité la déliquescence de ce petit monde.
Maladies, chômage, crises économiques et écologiques, les thèmes abordés sont nombreux mais traités en toile de fond, ils constituent un background très dense et très subtil à cette histoire de sombre folie individuelle. Tout est décrit très normalement par Nichols, travail et famille, et seuls les rêves, des visions d'angoisse glaçantes, apportent cette dimension fantasmatique qui fait aussi la force du métrage. Car Nichols démontre encore plus ici que dans son précédent métrage ses talents de réalisateur et de metteur en scène d'images fascinantes. Sa direction d'acteurs n'est pas en reste, avec un Michael Shannon époustouflant d’ambiguïté et de malaise, en contrepoint de Jessica Chastain d'une beauté et d'une banalité normale parfaites. Tout sonne parfaitement juste dans cette histoire (les crises du père, la petite vie de famille au rythme naturel et casanier) tout est amené avec intelligence (les traumas respectifs ne font jamais pathos, ils enrichissent l'histoire) et le déliquescence annoncée du monde se lit entre les lignes, en même temps que les valeurs traditionnelles s'amenuisent (religion, communication, famille, amitié). Mais malheureusement, après une séquence géniale de claustrophobie familiale qui coïncide avec le paroxysme affiché de cette folie, une scène magnifique en terme d'intensité émotionnelle, le réalisateur pollue son propos par une fin ouverte très frustrante. Épilogue métaphorique? Twist déplacé? Fin de petit malin? Nichols n'avait vraiment pas besoin de ça, et pire, en opacifiant ainsi l'ensemble de la démonstration précédente, il décrédibilise la force de son métrage qui avait peut-être de quoi être un grand film. Un peu rageant.

[Mark Chopper]

Entièrement d'accord : fin ratée.

[Jimmy Two Times]

Mais non, elle est très bien cette fin ouverte. Bande de cartésiens!

[zack_]

Pareil je trouve que cette fin ouverte donne toute la force au film. Ca tue cette fin, j'aime l'idée que chacun pense différemment cette clôture.

[elpingos]

Pour moi c'est sa très grosse faiblesse... S'il voulait faire une fin ouverte c'était sur la scène de l'ouverture de la porte qu'il devait le faire... Là ça donne du grain à moudre à ceux qui veulent y voir un film fantastique, avec un prophète, et tout le tralala .. Alors que c'est clairement pas le but recherché à mon avis, mais bien plus une métaphore... Enfin j'espère... Parce que bon y a les Destination finale pour ça.