Le convoi de la peur - William Friedkin
Avant de parler du film, un petit mot sur le dvd zone 1 que j'ai trouvé pas si dégueu que ça en fait. Alors c'est vrai que ça a un rendu assez inégale ( y a quand-même quelques passages assez moches, surtout en début de métrage ) mais franchement, vu sa répute j'ai quand-même été agréablement surpris de constater que c'était tout à fait regardable.
Bon maintenant, le film...
N'ayant ni lu le livre, ni vu le film d'Henri George Clouzot, je ne peux pas faire de comparaison à celui qui a la plus grosse et je ne vais pas non plus revenir sur la génèse du métrage, tout ayant déjà été dit à ce sujet, pas la peine d'en rajouter une couche...
Une intro d'une trentaine de minutes nous présente les 4 personnages avec lesquels nous allons faire le voyage, pour cette présentation qui nous promène aux quatre coins du globe, certain on droit qu'à quelques secondes à l'écran, d'autres, une dizaine de minutes, mais cette différence de temps n'est pas gênante, l'idée étant juste de nous faire découvrir les raisons qui vont pousser ces hommes à l'exile et de bien nous faire comprendre que les 2 heures du métrage, on ne va pas les passer avec des enfants de coeur.
D'entrée de jeux le ton est donné, le style documentaire si cher au réal de
French connection, associé à un montage percutant font de ce
Sorcerer un film d'un réalisme saisissant. Du cinoche sec et violent qui vous balance ses informations en pleine gueule.
Passé ces 30 premières minutes, nous voilà donc débarqué au fin fond de L'Amérique du sud, découvrant un contexte géographique bien crasseux doublé d'un climat social plus que tendu qui font des lieux un endroit qui ne donne pas forcément envi d'aller y passer des vacances en famille. Vu la situations dans laquelle il se sont retrouvé on a donc aucun mal à concevoir que nos persos sont près à risquer de perdre le peu qu'il leur reste, avec pour seule motivation, la promesse d'un bon salaire s'ils arrivent à mener le convoi à destination.
S'en suivra un parcours titanesque qui prendra rapidement des allures de longues marches funèbres, car si en quittant leurs vies respectives nos 4 persos n'étaient finalement devenu rien d'autres que des "morts en sursis", dans la logique des choses l'étape précédente sera pour eux la décente aux enfers.
Il y a quelque chose que je trouve incroyable dans le cinéma de Friedkin, c'est la force de l'image. De part sa beauté, sa puissance évocatrice et son impact qui persiste longtemps après le visionnage, chez ce réal l'image en dit bien plus long que n'importe quel discours, le mec est arrivé à une telle maitrise du langage cinématographique, s'en est tout bonnement hallucinant. Personnellement je ne lui connait aucun équivalent de ce coté la.
Car putain, sur les 2 heures de film, le nombres de scènes et d'images qui marquent la rétine et qui prennent au tripes!... De a célèbre scène du pont ( un des plus grand sommet de tension jamais vu à l'écran ), au final pessimiste, assez proche d'un Carpenter je trouve ( aspect bien renforcé par la superbe musique synthétique de Tangerine Dream ) en passant par la très belle petite aparté où le perso du français nous parle de sa femme ( une des rares scènes du film ou on peut ressentir une lueur d'espoir ), sans oublier un putain de passage qui flirte carrément avec le fantastique, avec un Roy Scheider totalement à bout, physiquement comme moralement... C'est hallucinant...
Au final
Sorcerer reste une oeuvre difficile à cataloguer. Si le pitch renvoi forcement aux films d'aventure, son traitement si viscéral font qu'on est quand-même très loin du métrage d'aventure au sens où on l'entend habituellement ( ça fait pas trop virée exotique, tu vois?... ) et on peut également dire que c'est du film à suspens mais ce serait quand-même vraiment réducteur... De toute façon, qu'importe le genre, le film de Friedkin propose une expérience unique, au-delà de tout ça. Du cinoche méchamment éprouvant, dont on sort totalement lessivé. D'ailleurs après le film, j'ai voulu me lancer dans un revisionnage de
Crusing mais j'ai lâcher l'affaire, me rendant vite compte qu'après une telle expérience cinématographique j'avais plutôt besoin d'une bonne comédie histoire de me détendre un peu.
Y a pas à tortiller, ce film est un putain de chef-d'oeuvre.
10/10