[oso] Mes critiques en 2012

Modérateur: Dunandan

Ange ivre (L') - 8/10

Messagepar osorojo » Jeu 13 Sep 2012, 22:39

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L'ANGE IVRE
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Akira Kurosawa (1947) | 8/10


Avec l’Ange Ivre, je découvrais enfin un grand maître dont plusieurs films marquaient depuis trop longtemps mes étagères de leurs empreintes. De ce grand cinéaste japonais, je ne connaissais que RAN dont j’avais un bon souvenir, quoiqu’un peu émoussé. Il était alors temps pour moi de commencer un cycle pour appréhender l’univers de ce réalisateur qui vient immédiatement aux lèvres de bons nombres de cinéphiles dès qu’on leur demande d’énumérer les plus grands faiseurs d'images de tous les temps.

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Et bien m'en prit, car l'Ange Ivre, que Kurosawa décrit lui même comme son premier film personnel, est une oeuvre envoûtante malgré les quelques maladresses qu'elle comporte. On y sent l'envie féroce d'un auteur de crier son tourment concernant un pays qui se perd dans une période d'après-guerre difficile à traverser. En guise de décors, Kurosawa dépeint un Japon crasseux en diable, symbolisé par un petit fief aride s’articulant autour d'une marre polluée, symbole omniprésent d'une terre peu hospitalière. Quant à ses habitants, ils sont fébriles et un peu perdus, à tel point que même les porteurs de sagesse noient leurs incertitudes à coup de Saké qu’ils remplacent sans hésitation par de l’alcool pur dilué lorsqu’il vient à manquer.

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En opposant deux personnages bien différents de prime abord mais sensiblement identiques dans le fond, Kurosawa s'attaque à un milieu dont les codes sont purement illusoires et où seul le pouvoir est la finalité. Les yakusas, dont le terrible Mifune se fait le porte-étendard, en défendant ses codes moraux jusqu'à son dernier souffle, sont soumis à un code d'honneur bien volatile, semblant exister uniquement pour contrôler les premiers échelons du pouvoir. Les chefs de famille se moquent bien de ce qui peut arriver à ces derniers, du moment que « leurs ouailles les enrichissent », comme le dit si bien ce brave docteur Sanada.

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Le seul point noir à relever, est cette équilibre peut être incertain entre fond social très présent et l’histoire qui permet de le mettre en exergue. L'Ange Ivre est en effet un peu fébrile en termes de rythme. : malgré sa tout juste heure et demie, l’ennui pointe parfois furtivement le bout de son nez. Une petite faiblesse vite rachetée par la justesse du reste, de la précision graphique dont fait preuve le cinéaste à la dynamique rafraichissante de ses deux acteurs principaux, et plus principalement Toshiro Mifune qui crame littéralement l'écran de son charisme rageur.
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Re: [oso] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Jeu 13 Sep 2012, 23:35

:super:

tu as mon approved :wink: (c'est très marrant qu'on se soit fait un Kurosawa en même temps :mrgreen:)
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Re: [oso] Mes critiques en 2012

Messagepar groo » Ven 14 Sep 2012, 07:26

Le talent est moins évident chez Takashi Shimura, mais je pense qu'en le voyant dans d'autres rôles très éloignés de celui-ci, tu seras, comme beaucoup, épaté par l'incroyable gamme de son talent qui lui permet jouer à peu près n'importe quoi de façon crédible, du fonctionnaire craintif au samourai sage, en passant par le docteur humaniste et irascible.
De la troupe de Kurosawa, c'est à mes yeux celui qui a le plus de talent, même s'il n'a pas la cinégénie de Mifune (qui est génial dans son genre, mais est moins acteur-caméléon que Shimura).
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Re: [oso] Mes critiques en 2012

Messagepar osorojo » Ven 14 Sep 2012, 07:49

Je l'ai déjà trouvé très bon en tant qu'Ange Ivre, c'est juste que Mifume à cette cinégénie (je reprends ton mot ^^) qui l'avantage. Mais Takashi Shimura est également au poil dans son rôle de toubib faussement blasé au lever de coude de compet'. Il permet au film de glaner toute l'humanité nécessaire à la nuance de ce conte bien acide :wink:
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Re: [oso] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Ven 14 Sep 2012, 08:09

groo a écrit:De la troupe de Kurosawa, c'est à mes yeux celui qui a le plus de talent, même s'il n'a pas la cinégénie de Mifune (qui est génial dans son genre, mais est moins acteur-caméléon que Shimura).


Ne pas oublier Nakadai.
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Re: [oso] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Ven 14 Sep 2012, 08:12

Il a quand même été moins exploité que ces deux acteurs, et de mémoire dans tous les films où ils apparaissaient tous les deux dans des films de Kurosawa, Mifune écrasait Nakadaï par sa présence. Bizarrement ce dernier "brille" plus quand il est tout seul et pourtant je l'adore :mrgreen: (perso je le préfère largement chez Gosha, Okamoto ou Kobayashi).
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Re: [oso] Mes critiques en 2012

Messagepar groo » Ven 14 Sep 2012, 16:30

osorojo a écrit:Je l'ai déjà trouvé très bon en tant qu'Ange Ivre, c'est juste que Mifume à cette cinégénie (je reprends ton mot ^^) qui l'avantage. Mais Takashi Shimura est également au poil dans son rôle de toubib faussement blasé au lever de coude de compet'. Il permet au film de glaner toute l'humanité nécessaire à la nuance de ce conte bien acide :wink:


C'est surtout que, si Mifune est excellent, son jeu et son caractères en font un "acteur à gueule", dans le sens où il incarnera la plupart du temps le même genre de personnage, décliné dans le temps et les genres, mais avec la même personalité forte, résignée dans un conflit interne fort, mais aussi assez jeune et porté à attirer l'attention.

A l'inverse, on a vite fait de ne pas trop remarquer les personnages de Shimura, tellement ils se fondent dans le cadre, se font discrets, tellement ils paraissent juste. Mais, quand on les met bout à bout de film en film, c'est vraiment étonnant que le même acteur puisse incarner des personnages aussi différents de physionomie et de caractère.

Pour Nakadai, j'avoue l'avoir surtout admiré chez Kobayashi et Gosha, même s'il est toujours bon où qu'il soit (même dans Hachiko !).
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Château de l'araignée (Le) - 6,5/10

Messagepar osorojo » Ven 14 Sep 2012, 20:38

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LE CHATEAU DE L'ARAIGNÉE
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Akira Kurosawa (1957) | 6.5/10


Je suis embêté avec ce Château de l'araignée, parce que d'un côté j'ai vraiment été soufflé par la forme du film ainsi que la présence magnétique des différents acteurs, Mifune en tête qui nous offre un final d'une force assez remarquable mais de l'autre je n'ai jamais réussi à rentrer complètement dans l'histoire. Je me suis même carrément ennuyé pendant de longues séquences où il ne se passe pas grand chose. Je pense que ce n'est juste pas ma tasse de thé, on sent clairement l'adaptation d'une pièce de théâtre, la réalisation est très statique, ce qui n'est pas forcément gênant en soi, mais pour le coup j'ai trouvé que ça plombait certaines séquences, les batailles par exemple ont du mal à convaincre, à part, encore une fois, toute cette séquence de mutinerie qui conclut le film de la plus sordide des manières.

Le château de l'araignée étant une adaptation d'une pièce de Shakespear, les thématiques abordées sont riches et intéressantes, l'humain en prend plein la tronche, que ce soit les hommes à travers leur soif de pouvoir intarissable ou les femmes qui sont loin d'avoir le beau rôle en étant représentées par une manipulatrice avide elle aussi de pouvoir, même si c'est d'une façon moins directe que son mari, qu'elle guide à l'aide de ficelles invisibles vers un futur qui semblait si prometteur.

Kurosawa oblige, la photographie du film est magique, toutes les séquences tournées dans la forêt, et précisément celles embrumées, apportent un côté pictural au film, on est en présence de toiles animées, c'est très beau. Le plan final qui montre Mifune agenouillé devant ses troupes cachées par la brume est somptueux. Malheureusement ça n'a pas suffit à me reconquérir totalement. J'étais déjà passé depuis quelque temps en mode passif, abreuvé par des images sublimes mais complètement détaché de l'histoire, gêné par le côté très théâtral du film.
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Re: [oso] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Ven 14 Sep 2012, 21:19

Le côté chiant et trop long, c'est hélas quelque chose qui revient souvent chez Kuro, n'en déplaise à ses ardents défenseurs :mrgreen:
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Re: [oso] Mes critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Ven 14 Sep 2012, 23:39

Ah bah autant dans un film comme Rêves ou Kagemusha (même si j'adore ce film) je peux comprendre qu'on puisse trouver ça chiant et long, autant dans Le Château de l'Araignée j'ai du mal à le concevoir tant j'ai accroché du début à la fin, sans jamais trouver le temps long. Personnellement j'irais même jusqu'à le considérer comme l'un des films les plus accessibles du Maître, et l'un de ceux que je conseillerais en priorité pour découvrir sa filmo (davantage sans doute que Les 7 Samouraïs qui dure quand même près de 3h30).
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Re: [oso] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Sam 15 Sep 2012, 10:30

Ah dommage, je le trouve au contraire passionnant dès l'entrée dans la forêt des deux compères :?. Mais tu pourrais trouver davantage ton compte avec Rashomon et La forteresse cachée.

Edit : j'ajoute que ta critique reflète exactement ce pour quoi on peut être rebuté par ce film, donc pour ça : :super:
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Robocop - 9/10

Messagepar osorojo » Sam 15 Sep 2012, 10:34

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ROBOCOP
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Paul Verhoeven (1987) | 9/10


Deuxième matage de ce premier film outratlantique de l'ami Paulo et deuxième session de pur plaisir. Le film a certes vieilli en terme d'effets spéciaux, la plupart des séquences impliquant le gros robot militaire en sont les plus touchées, mais il reste terriblement efficace que ce soit d'un point de vue narratif ou encore de mise en scène.

C'est devant des films de la trempe de Robocop qu'on se rend compte qu'une grande partie de la production cinématographique actuelle est en manque d'idées et d'inspiration. En ces temps de remake par centaines, difficile de trouver des films qui brillent par l'originalité de leurs scripts tant en général tout est caché sous une avalanche d'effets spéciaux plus ou moins réussis. Et effectivement, de ce point de vue là, il faut être un fan aveugle pour clamer haut et fort que Robocop n'a pas quelque peu subi l'écoulement du sablier universel. Mais force est de constater tout de même que l'ensemble se tient encore superbement bien. Tous les gunfight sont forts en impact et ça fait plaisir de voir du sang non rajouté dans l'image en post prod. Ici les impacts de balle font mal et contribuent à donner ce punch caractéristique du film. La scène où Murphy se fait exécuter est énorme, nihiliste en diable, comme toutes les ambiances que met sur pied Verhoeven dans son film d'ailleurs. La photographie est maitrisée de bout en bout pour donner vie à une ville crasseuse et noire en proie au grand banditisme. On y croit et surtout on se fait plaisir à y croire.

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Mais c'est bel et bien dans son fond que Robocop cartonne. Verhoeven, comme à son habitude, imprime dans nos cerveaux sa vision de l'amérique et elle est loin de cet american way of life qu'on nous martelle. Dans son monde, l'Amérique est en décomposition, paradoxale et ambitieuse. La recherche technologique est également montrée du doigt sans fioriture, toute la partie où notre robot flic est assemblée en dit long sur ce que pense le cinéaste du progrès avant tout. Heureusement, le récit apporte quand même un côté humaniste à l'ensemble avec cette intelligence artificielle qui ne peut pas vraiment prendre le dessus sur l'homme ce dernier ayant pour lui la faculté de ressentir.

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Robocop c'est aussi Peter Weller qui y trouve le rôle de sa vie. Il a su, pour incarner ce flic cybernétique, trouver le ton juste et ne pas en faire trop. D'un père voulant être le modèle de son fils il finira justicier d'acier oeuvrant pour ses principes. Il forme avec la charismatique Nancy Allen un duo qui fonctionne et dont on suit l'évolution avec passion. Pour ne rien gâcher, tous les seconds rôles sont croustillants, à commencer par le vieil homme, parfait en badguy sans scrupule qui par sa simple présence effraie ses ouailles. Dan O'Herlihy est également au diapason dans le rôle de Richard « Dick » Jones jeune requin plein d'ambition et signe des scènes bien cyniques quand il se frite verbalement avec son big boss. Contrairement à son apparence soignée, son aversion pour les produits de luxe, on sent dès sa première apparition que c'est un enfoiré au sens propre du terme, et son nom en dit long sur ce que pense son créateur du personnage. Richard « Dick » Jones est l'archétype du mec aux dents longues sans foi ni loi. Et pourtant il a de la concurrence, le vilain du film étant haut en couleurs également, bien gratiné tant il est peu nuancé.

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On peut sans se tromper affirmer que Robocop est une oeuvre intemporelle qui a marqué le cinéma au fer rouge, à la fois par la violence dont il était à l'origine mais également pour ce ton si caractéristique dont Verhoeven fait preuve en optant pour une approche sans concession et on ne peut plus acide. Enfin, le film est également pourvu de ce qui finit de construire une chef d'oeuvre, à savoir une bande son hypnotique avec un main thème qui te secouent les tympans sans ménagement. Ça encore c'est la patte des eighties, et c'est un ingrédient à part entière qui contribue au mythe. En un mot, masterpeace. That's all folks.
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Re: [oso] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Sam 15 Sep 2012, 10:39

Un petit problème avec la date : je sais bien que certains effets spéciaux sont datés vers la fin, mais 1957...
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Re: [oso] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Sam 15 Sep 2012, 10:41

Encore une bonne note et n'en déplaise à certains il fait son retour dans le top.
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Re: [oso] Mes critiques en 2012

Messagepar osorojo » Sam 15 Sep 2012, 10:42

Oh ça va marky mark hein, un petit oubli de ma part !! :eheh: J'ai corrigé merci pour le pic agressif mais constructif du matin :mrgreen:
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