The Tall Man (The Secret) de Pascal Laugier
(2012)
A l'heure où il devient extrêmement difficile pour un spectateur d'aujourd'hui de découvrir un film vierge de toute information, il est bon de saluer les quelques œuvres qui tentent tant bien que mal de s'identifier le moins possible à son public potentiel et de conserver une certaine surprise lors de la vision. Ainsi,
The Tall Man, troisième film de Pascal Laugier, est arrivé à garder un certain profil bas concernant son récit, notamment grâce à une campagne marketing ingénieuse qui s'adressait directement au spectateur en l'informant qu'il ne verrait que des images de la première partie de l’œuvre et ce, afin de conserveur l'aura mystérieuse autour d'un supposé twist final. N'ayant pas encore vu le fameux
Martyrs qui l'a imposé sur le devant de la scène du cinéma de genre français, je ne me risquerais pas au jeu de la comparaison.
The Tall Man est, en l'état, une franche bonne surprise, tout d'abord parce que je n'en attendais absolument rien, mais en plus parce que Laugier, à défaut de réaliser un grand film, réussit avec succès un passage aux États-Unis qu'on pouvait clairement appréhender. Se présentant lors de sa première demi-heure comme un film classique de boogeyman, le script de Laugier réussit totalement son office en surprenant réellement son public, aussi averti soit-il.
Loin de contenir un seul twist, mais bien une multitude de retournements de situations (dont, hélas, quelques-uns se découvrent un peu trop facilement, notamment l'identité du Tall Man) qui jouent énormément sur le point de vue et la connaissance du spectateur,
The Tall Man se transforme peu à peu pour révéler une direction pour le moins inattendue. Et si la morale du métrage en perturbera certainement quelques-uns (pas étonnant que les catholiques américains aient descendus le film en flèche), il faut bien avouer que la façon dont elle est dévoilée, petit à petit, pendant près d'une heure entière, force l'admiration. Alors certes, le film perdra certainement en impact lors de la seconde vision, mais c'est finalement le risque de n'importe quel œuvre de ce genre. Niveau mise en scène, si Laugier est loin d'être l'égal d'un Christophe Gans, force est de constater qu'il se débrouille de fort belle manière. Ainsi, si la première partie souffre de faiblesses techniques évidentes (la course-poursuite, peu intense et ratée dans son ensemble), la deuxième moitié du métrage possède de réels moments très marquants, appuyés par des plans-séquences qui ont toujours une utilité (celui illustrant la sortie de la maison est formidable), des moments soutenus par une Jessica Biel qui, malgré son jeu statique, arrive à convaincre jusqu'à sa dernière scène. Dans le casting, on retiendra surtout la présence de Jodelle Ferland, déjà remarquée dans l’adaptation de
Silent Hill par Gans (pas étonnant vu que lui et Laugier sont amis). Si
The Tall Man ne s'impose clairement pas comme un grand film, il a néanmoins le véritable mérite de chercher à créer la surprise et se rajoute aisément dans la courte liste des bons premiers films américains par des réalisateurs français.
NOTE : 6,5/10