[Dunandan] Mes critiques en 2012

[zack_]

Ouai, bon ben de toute façon je vais me faire les deux

[Dunandan]

Ok j'avais pas compris je croyais que tu voulais descendre le film en prenant ma critique comme tremplin

Juste une chose : je te déconseille pour le plaisir de les enchaîner l'un après l'autre. Peut-être The Fighter en premier, c'est pas mal Car je trouve qu'on passe au niveau sup' pour les combats avec Warrior. Mais au niveau du script, des personnages, de la relation fraternelle, je les aime beaucoup tous les deux.

[Dunandan]

127 Heures, Danny Boyle (2010)]

C'est vraiment la mode de nous faire tenir pendant tout un film avec un seul mec coincé en huis-clos, d'habitude en compagnie de requins affamés, ici avec un rocher (puis une fourmi et un corbeau font coucou pour ajouter de la diversité). 127 heures me procure le même effet que ces films de petit malin : de l'ennui. En plus ça commence mal avec ce personnage principal qui m'est d'emblée antipathique : un amateur de sensations fortes inconscient qui n'est pas foutu de laisser une note ou d'apporter son couteau-suisse dans un endroit aussi dangereux que le désert. Puis j'ai aussi un problème avec James Franco. Je trouve qu'il a une tête d'abruti, surtout lorsqu'il sourit.

Du côté de la mise en scène, ça alterne entre images tape-à-l'oeil et musique moderne typiques du réalisateur reflétant ainsi l'état d'esprit du mec en quête de fun, et une atmosphère plus naturaliste et sensitive qui fonctionne plutôt bien. On nous fait découvrir quelques extérieurs sympathiques avec un rendu HD pas toujours folichon, proche d'un feuilleton TV. Mais dès qu'on arrive au huis-clos ça paraît bien vain au final, malgré toute la volonté du réalisateur à donner du rythme en faisant varier les angles de caméra, ou encore en faisant intervenir le mec devant sa caméra à la manière de Blair Witch, les images du passé lui tournant dans la tête, les hallucinations, et les images "tendance" (du genre l'eau qui se vide de la gourde pour nous faire ressentir la soif). Car si la mise en scène "clinquante" semblait assez judicieuse au début, elle aurait gagné en sobriété par la suite pour nous couper "réellement" du monde extérieur, et semble ici plus jouer le rôle de bouche-trou à une histoire qui tient à pas grand chose. Et les souvenirs évoqués ainsi que les rencontres effectuées sont très loin de la qualité de Into the wild qui apportaient vraiment quelque chose à la personnalité du mec. Puis faut dire aussi que ce sujet minimaliste ne m'intéresse pas des masses, hormis les conditions réalistes de survie, comme l'eau venant à manquer et qui oblige le gars à boire de la pisse. En plus on connaît déjà la fin donc ça manque d'enjeux. Cela me fait penser aux films qu'on va voir une fois pour les sensations qu'ils peuvent faire passer comme par exemple Cloverfield, un exercice qui trouve trop souvent ses limites.

Au passage on nous assène une petite morale à deux sous, pourtant pic du film, Je me retrouve là où je devais être. Heureusement que la scène du coupage de bras est réussie et assez éprouvante, parce que c'est un peu ce qu'on attendait, voyeurisme mis à part. Et on nous fait bien ressentir l'état désespéré du mec qui essaie tout ce qu'il peut avant d'en arriver là. Pour la suite, dommage que le film ne s'arrête pas après l'arrivée des sauveteurs, qui parvient quand même à m'arracher un petit soupir de soulagement (fin qui pointe son nez ou véritable empathie ?), parce qu'après ça devient tout bidon, en écho avec le début, en insistant bien sur la force de la volonté qui vainc l'adversité, et sur le fait que rien n'a changé quant au désir d'aventure. Une fin au final trop mièvre bien que conforme aux faits, qui pêche avant tout par le choix de traitement.

Huis-clos chiant sur un type pas doué qui médite sur sa vie en situation extrême, malgré la ténacité du réalisateur à varier la mise en scène afin de rythmer son film.

[Scalp]

Ca mériterait presque un approved ça

[Dunandan]

J'ai failli mettre moins, mais je voulais rester objectif ...

Puis sérieux le plan sur le couteau-suisse, on comprend tout de suite que ce sera l'erreur de sa vie

[jean-michel]

Ouah présentation de ta critique très soigné! bravo! un film que j'ai hésité a acheter et que j'ai laissé pour une prochaine fois...qui restera lointaine vu ta critique!! lol

[Killbush]

Il a été généreux le père Logan sur 127 heures

[Dunandan]

Docteur Folamour, Stanley Kubrick (1964)

Même si selon moi Kubrick a véritablement trouvé et forgé son style et son génie formaliste seulement à partir de 2001 Odyssée de l'espace, il ne faudrait pas négliger les oeuvres qui ont précédé, sauf peut-être Spartacus (pas mauvais du tout, mais simplement, en tant que film de commande il ne portait pas vraiment sa marque), qui étaient déjà marquées par son sceau dans le fond.

Dr Strangelove, satire de la Guerre froide dans un contexte tumultueux (ne pas oublier que la menace des missiles de Cuba ne date que de deux ans avant cette réalisation), dernier film avant cette grande période, est doté de cet humour féroce contre la bêtise humaine qu'on retrouvera plus tard, et qui décidément me fait encore penser à du Coen après L'ultime razzia, et je pense ici à Burn after reading. Malgré sa réputation, j'avoue que j'ai été un peu déçu, bien que je puisse imaginer quel effet il devait avoir dans ce contexte de peur et de paranoïa généralisée. Le ton général est plus grinçant et subversif que véritablement drôle, le rythme est parfois un peu à la traîne car trop verbeux et cérébral, et enfin la forme est plus discrète qu'à ce que Kubrick nous a habitué, mettant surtout en valeur l'interprétation des acteurs et les personnages incarnés.

L'introduction nous avertit de l'universalité d'un tel récit, qui pourrait s'appliquer à n'importe quel cas de conflit armé. Malgré les défauts du film, on ne peut qu'admirer l'impression prophétique qui s'en dégage. Nous suivons trois groupes de personnages en parallèle. Le conseil militaire du Pentagone, l'équipage d'un bombardier, et enfin un Général de l'armée accompagné de son second. On suit l'escalade de la peur militaire, déclenchée par ce Général, basé sur l'idée d'une arme secrète pouvant détruire toute vie sur terre. Il y a certains moments assez drôles, comme la détermination affichée par l'équipage de l'avion avec par exemple le pilote qui se coiffe alors de son chapeau de cow-boy (avec la petite musique nationaliste, dont l'utilisation décalée est plus connue dans Die Hard 3, ça fait son petit effet), le second qui s'inquiète du comportement du Général qui va jusqu'à mener une confrontation armée entre soldats américains pour mettre son plan à exécution, ou encore le conseiller scientifique du Pentagone qui peine à réfréner ses tendances nazi. L'un des gros points fort du script est la manière dont il tourne méticuleusement en ridicule le fanatisme des militaires à ses trois niveaux principaux (même si j'aurais voulu que ça aille un peu plus loin dans la satire) : la faille de la chaîne de commandement, la bêtise de l'obéissance, et le délire de toute puissance du Général. Le dénouement final fait assez froid dans le dos, se rapprochant de la théorie d'élimination des nazis.

Mais ce qui est surtout à retenir dans ce film imparfait, moins dans son fond, qui sait mettre à nu avec brio, par l'humour, l'esprit humain qui s'abrite derrière le sérieux dangereux du jeu de la guerre, que dans sa force d'impact : c'est l'interprétation du caméléon Peter Sellers qui incarne trois personnages, et se donnant bien souvent la réplique. A lui seul, il représente le subalterne désabusé, le président sage, et le savant fou, à savoir trois visages complémentaires que l'homme peut prendre face à une menace aussi terrible que le nucléaire. Une performance d'acteur qui aurait bien mérité un oscar. D'autre part, le sens du cadre (notamment les gros plans) est ici mis à contribution des personnages, les sondant dans la folie, la peur, ou encore la frénésie. Enfin il y a bien sûr ce plan quasi final du pilote accroché à la bombe, au comble de son excitation comme s'il faisait du rodéo sur une vache.

[center]Film intelligent et grinçant portant un discours universel contre la bêtise et la folie humaine en temps de conflit militaire, mais qui perd un peu de sa force d'impact et ne parvient pas à être drôle sur toute la ligne. A remarquer surtout l'interprétation multiple de Peter Sellers et une séquence finale marquante.

[Dunandan]

Après hésitation, je le baisse d'un petit demi point. Pas mauvais mais je trouve que pour un Kubrick dont j'ai vu presque toute la filmo c'est quand même un peu moyen.

[Dunandan]

Top Gun, Tony Scott (1986)

Pierre angulaire du divertissement américain des années 80, ce film propulsa également Tony Scott et surtout Tom Cruise vers les cimes du succès. Le genre de film qui donna envie de devenir pilote de chasse ...

Le film où on aime les avions ...

Le script, reproduit par sa parodie Hot shots qui exagérait à peine ses excès, est bien connu, à mi-chemin entre Navy Seals ("best of the best") et La boum pour le côté bluette. Forcément, la caricature n'est pas loin, et l'ensemble est parfois indigeste surtout que la partie love-story prend pas mal de place, mais c'est quand même mieux que Transformers 2 dans la même catégorie "pro-armée". Puis le nom de code de chacun marqué sur le casque d'ailleurs arrangé dans ce sens, c'est quand même plus la classe.

... les kékés ...

En effet, pas revu depuis une dizaine d'années, je reconnais qu'il est bien de son temps. Cheveux gominés, chewing gum à la bouche, et sourire colgate, tous ont une allure de play-boys en train de crâner. Tony Scott était déjà en train de poser ses marques dans la cool-attitude avec plus ou moins de goût. Le summum est atteint avec le match de volley-ball crypto-gay, mais il y a aussi des concours de bites bien fun (puis le supérieur qui se fait renverser son café au décollage ça me fait toujours marrer), et l'armée aérienne a rarement été aussi sexy (Mon dossier est top-secret, si je l'ouvre j'aurais à te tuer) ... Bref, la psychologie des personnages est réduite au minimum, au service de l'action.

... et les mecs qui emballent (m'enfin une seule, déçu).

Quant à la réalisation, les avions sont icônisés à mort et il y a de beaux couchers de soleil, mais c'est tout. L'action manque de visibilité et les séquences en elles-mêmes manquent de tension (sauf si on a 6 ans). La musique, c'est très typé '80, et ça a vraiment vieilli. Aucun enjeu dans l'histoire (pseudo-trauma en vue) et dans l'action (devenir le meilleur). Impossible de ne pas penser à son double parodique. Le casting est gratiné, mais j'ai jamais vraiment apprécié Cruise avant qu'il casse son image de beau gosse (ce qu'il commencera de manière symbolique avec Eyes Wide Shut), et le reste des acteurs est utilisé de manière anecdotique. Côté histoire, Scott fera pareil avec les voitures à la place dans Jours de tonnerre, qui est quand même un peu mieux selon mes souvenirs.

Points-nostalgie dans la note finale, mais c'est quand même bien ringard. Au moins ça a le mérite de m'avoir donné quelques barres de rire. Sorry Scott, mais on est loin de tes meilleurs films.

[Mark Chopper]

Confusion entre Jours de Tonnerre et Tonnerre mécanique

[Dunandan]

Ah oui putain (pas la première fois que je les confonds, ça renvoie aux mêmes types de souvenirs chez moi). Merci

[Scalp]

T'es bien généreux là.

[Dunandan]

Ouais je sais mais bon la nostalgie quoi

[Mark Chopper]

La nostalgie de tes après-midi passés sur la plage, avec des amis aux torses huilés ?