The Lord Of The Rings : The Return Of The King (Le Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi) de Peter Jackson
(2003)
Troisième volet d'une trilogie au succès public et critique énorme qui, malgré ses rares fautes de parcours vis à vis du récit original, s'imposait comme l'une des œuvres cinématographiques les plus marquantes du 21ème siècle,
The Return Of The King se devait de tenir les promesses de deux volets à la qualité exemplaire, et devenir donc la conclusion ultime, aussi bien sur le spectacle visuel que sur l'émotion produite sur le spectateur. Un pari fou donc, et que Peter Jackson et son équipe arrivent, encore une fois, à réussir de façon assez incroyable. Reprenant la trame scénaristique employée sur le volet précédent,
The Return Of The King étonne en premier lieu via sa déstructuration des récits. Là où
The Two Towers se concentrait sur trois trames principales (Frodon et Sam, Merry et Pipin puis Aragorn, Gimli, Legolas et Gandalf),
The Return Of The King, de par la séparation de la plupart des protagonistes, multiplie les arcs scénaristiques au point de devenir le contraire total du premier volet qui, justement, trouvait sa qualité première dans sa structure linéaire.
Pour autant, là où beaucoup y auraient laissés des plumes, Peter Jackson réussit à merveille cette densité soudaine. Alors certes, l'intérêt du spectateur est alors exigé pour suivre correctement les rebondissements de chaque axe, mais force est de constater que la construction scénaristique du film et son montage font passer la pilule aisément, arrivant à ne jamais perdre la puissance d'une séquence comme c'était le cas sur la bataille du Gouffre de Helm dans le second opus. Ensuite, si
The Return Of The King ne s'impose clairement pas comme le meilleur épisode de la trilogie, perdant en aventure pure ce qu'il gagne en action titanesque, il est peut-être le plus puissant du point de vue de l'émotion, donnant à chaque personnage une apothéose dramaturgique qui le fera évoluer drastiquement. Ainsi, des protagonistes comme Merry et Pipin, jusque là spectateurs passifs d'une guerre sur laquelle ils n'ont aucun contrôle, deviennent les catalyseurs d'une pensée précise, celle véhiculée depuis le début par l’œuvre, à savoir l'importance de sa battre pour préserver la paix et la beauté du monde. Film remplie d'un pessimisme constant ainsi que de plusieurs élans d'espoir touchants, ce troisième opus réserve donc plusieurs moments intenses d'un point de vue dramatique, à l'image de la charge suicidaire de Faramir, de la mort de Théoden ou encore de cette séquence finale aux Havres Gris d'une beauté à en pleurer.
Toutefois, si l'émotion est bien le point fort de cet épisode, il est aussi celui qui contient les moments de bravoure les plus titanesques. Avant cette adaptation, il était difficile d'imaginer visuellement l'ampleur de la Guerre de l'Annneau, et c'est donc véritablement dans la démonstration d'un spectacle tout simplement inédit que Peter Jackson frappe fort avec cette conclusion. Que ce soit le siège de Minas Thirit, la charge du Rohan ou le combat contre les Mûmakils, le réalisateur néo-zélandais use de tout les moyens à sa disposition pour offrir le spectacle le plus grandiose qui soit, faisant entrer son œuvre d'office parmi les grands noms de l'heroic fantasy au cinéma. Sur le plan de l'adaptation, même si les fans purs et durs crieront au scandale sur certaines séquences, force est de constater que le travail d'écriture est, encore une fois, tout simplement exceptionnel. En donnant plus d'importance à des personnages comme Faramir (via sa relation avec Boromir et Denethor) ou Eowyn (dans sa position d'affirmer la gente féminine en temps de guerre), Jackson multiplie la densité des thématiques de l’œuvre d'origine, faisant donc exister ces mêmes personnage là où, chez Tolkien, ils étaient beaucoup trop relégués au rang de personnages de dernier plan.
Quand à la mise en scène elle-même, elle étonne encore une nouvelle fois dans sa façon saisissante de donner vie à l'univers de Tolkien. Le film aurait clairement pu tomber facilement dans la surenchère visuelle ou dans le ridicule le plus total, chose que Peter Jackson évite une nouvelle fois en grande partie grâce à son expérience dans le cinéma de genre qui sied parfaitement à l’œuvre adaptée. Avec un sens de l'épique étonnant allié à une maîtrise certaine de la recherche esthétique par le cadre (aidé énormément, bien entendu, par les sublimes effets visuels de Weta Digital), Jackson livre quelques unes de plus belles scènes de la trilogie, et pas forcément là où l'attendait le plus. Ainsi, la genèse de Sméagol est véritablement prenante, idem pour la première vision de Minas Tirith, la séquence des feux d'alarme ou encore la relation entre Frodon et Sam. Une nouvelle fois, le casting est exceptionnel en tout point, et que dire de la composition d'Howard Shore sans qui la trilogie n'aurait clairement pas été la même, mentions spéciales à la charge du Rohan qui redéfinit le mot épique au cinéma ou encore le sublime thème de l'Anneau lors du prologue.
Conclusion sublime qui, malgré ses menus défauts, se rattrape toujours de par son ambition démesurée et sa maîtrise formelle évidente,
The Return Of The King s'impose évidemment comme une œuvre importante du cinéma contemporain, au même titre que la trilogie toute entière. Nouvelle référence ultime du genre heroic-fantasy au cinéma,
The Lord Of The Rings aura surtout eu le mérite de prouver que les écrits de Tolkien pouvait vivre sur un écran de cinéma avec un maximum de fidélité. La trilogie aura été celle de tout les défis, et Peter Jackson peut se conforter en se disant qu'il a créé ni plus ni moins qu'un monument instantanément culte, le genre de films qui marquent à vie et qui garderont encore dans les années à venir leur impact visuel et émotionnel.
"I'm glad to be with you, Samwise Gamgee, here at the end of all things."
NOTE : 10/10