7 hommes à abattre |
Réalisé par Budd Boetticher
Avec Randolph Scott, Gail Russell, Lee Marvin, Walter Reed, Stuart Whitman
Western, USA, 1h18- 1956 |
8/10 |
Résumé : Ben Stride, un ancien shérif, poursuit 7 bandits qui ont dévalisé une banque et sont responsables de la mort d’une employée…
7 hommes à abattre est un western de série B devenu un incontournable du genre, grâce à un scénario efficace, sans fioritures inutiles et grâce à une mise en scène d’une grande sobriété agrémentée de superbes cadrages et de longs travellings latéraux qui subliment et tirent le meilleur parti des décors rocheux et des paysages désolés et désertiques de la Vallée d’Owens, de Lone Pine et d’Alabama Hills.
Chaque plan sert la narration, chaque décor s’intègre parfaitement dans l’intrigue. Ainsi, les escarpements tortueux des Alabama Hills ne sont pas uniquement de magnifiques paysages servant d’arrière-plan aux duels. Chaque fissure, chaque formation rocheuse sont autant de caches et de pièges mortels astucieusement exploités par le réalisateur. Dans chaque scène, Boetticher montre sa profonde maîtrise de l’art du cadrage réussissant à retranscrire les émotions et le tempérament de chacun rien que par le positionnement des personnages dans le cadre. Les longs travellings latéraux n’ont pas qu’une simple vocation esthétique, ils confèrent une temporalité au voyage de ce groupe disparate où se côtoient le courage, la détermination, la virilité et la lâcheté.
Budd Boetticher possède l’art de faire des westerns efficaces avec des « petits riens », un petit groupe de personnages, un souffle de mélancolie, un décor aride, une mise en scène épurée et d’une grande précision, peu de dialogues mais chaque réplique à son importance, car ce sont les actes et non les paroles qui définissent les hommes de l’Ouest. Avec 7 hommes à abattre, sur le thème ultra classique du héros solitaire en quête de vengeance, il nous propose une mini « odyssée » de l’Ouest avec des pionniers, des bandits, un ex-shérif, des indiens, la cavalerie, un poste avancé, un magot et des duels. Un petit mot sur les duels particulièrement rapides et tendus, placés sous le signe de la suggestion, puisque les personnages dégainent hors champs. Un choix de mise en scène remarquablement efficient lors de la scène d’introduction dans la caverne, dont l’intensité et la brutalité plonge immédiatement le spectateur au cœur de l’action et de l’aventure. Bien plus souvent, jeux d’embuscades, de sournoiseries, de coups dans le dos et de ruses que duels frontaux dans le plus pur style du genre. Dans ce jeu de poker où sifflent les balles, chacun prend la main et bluffe à tour de rôle.
La réussite du film repose aussi sur la qualité des interprétations. En premier lieu, Randolph Scott impeccable dans le rôle de l’ex-shérif (Ben Stride) monolithique, taciturne, austère et pragmatique. Dans un monde où les actions déterminent les hommes, il est la représentation de la vengeance implacable, de l’homme déterminé que rien n’arrêtera. A ses côtés Gail Russell qui apporte une sensibilité, une intensité et une vraie force de caractère au personnage d’Annie Greer qui provoque l’admiration et le respect de ses compagnons de route. Walter Reed est également parfait dans le rôle de John Greer, l’homme sans caractère, toujours en retrait et effacé. Dans un monde où sont valorisées, la force, la virilité et la dextérité, il symbolise la faiblesse et à tord la lâcheté. Celui qui vole la vedette à Randolph Scott, dès qu’il apparaît à l’écran, c’est Lee Marvin dans le rôle de Bill Masters, un bandit charismatique, décontracté, cynique et ambigu. Personnage particulièrement flamboyant, fauteur de trouble qui sème la discorde et le doute, il capte l’écran et l’attention du spectateur dans chacune de ses scènes. Un personnage bien plus attachant que le héros qui préfigure par certains aspects, la fascination exercée, par les chasseurs de primes de Sergio Leone.
Un très grand western de la série B, dans le sens strict du terme (production à petit budget proposée en double programme) et non pas dans le sens péjoratif du terme, tant la qualité de la réalisation, des interprétations et la solidité du scénario de Burt Kennedy le classe définitivement parmi les meilleurs films sur le Far West.