[Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Modérateur: Dunandan

Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Lun 13 Aoû 2012, 19:27

:eheh:

Tu m'étonnes, même avec le bonus Takeshi Kitano + le bonus Dina Meyer + le bonus Dolph Lundgren, c'est mort.
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Journal d'une femme de chambre (Le) - 8,5/10

Messagepar Count Dooku » Dim 19 Aoû 2012, 17:47

Le Journal d'une femme de chambre, Luis Buñuel, 1964


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Luis Buñuel est un réalisateur que j'ai découvert seulement l'année dernière avec l'un de ses films les plus connus, Belle de Jour, avec Catherine Deneuve. Une claque monumentale et l'un des meilleurs films que j'ai vu en 2011. De quoi donner envie de m'intéresser à sa filmographie, qui s'étale de la fin des années '20 jusqu'à la fin des années '70, et ce Journal d'une femme de chambre est le premier film de ce qui constitue sa dernière période, où le réalisateur espagnol tournera principalement en France. Adaptation d'un roman d'Octave Mirbeau, le film de Buñuel se permet de changer l'époque, passant de la fin du XIXe siècles aux années '20, mais le propos reste le même, à savoir une critique cinglante de la bourgeoisie.



Le portrait que dresse Buñuel de cette bourgeoisie est pour le moins sans concessions : tous les membres de la famille où officie la femme de chambre (Jeanne Moreau) apparaissent décadents, pour ne pas dire dépravés pour certains. Ainsi, la femme (Françoise Lugagne) est une mégère frigide ; le mari (Michel Piccoli) est un obsédé sexuel frustré qui n'aura de cesse de faire des avances à Jeanne Moreau et qui par dépit finira par se rabattre sur une domestique vieille et moche ; le père (Jean Ozenne) est un fétichiste qui oblige Jeanne Moreau à porter des vieilles chaussures qu'ils garde précieusement dans son armoire (et il a presque un orgasme juste en la regardant marcher avec) ; et le voisin (Daniel Ivernel) ne vaut guère mieux, lui qui passe son temps à jeter ses ordures sur le terrain d'à-côté pour provoquer Piccoli. Ce sont des gens névrosés, qui passent leur temps enfermés entre les quatre murs de leur manoir et ne font rien de leurs journées, si ce n'est jouer aux cartes et aller à la chasse. Et les domestiques ne sont guère plus avenants, et en particulier le jardinier, Joseph (Georges Géret), un homme brutal et sadique. Au sein de ce panier de crabes, la femme de chambre apparait comme le seul élément sain, et bien qu'elle effectue sans discuter les tâches qu'on lui assigne, elle affiche en toute circonstance un certain détachement vis-à-vis de ce monde qu'elle méprise visiblement. Contrairement au roman écrit à la première personne, on n'a pas accès ici à sa pensée, mais ses expressions de visage et ses quelques remarques faussement obséquieuses ne laissent pas de doute quant à ce qu'elle pense de son entourage. Excepté dans la seconde moitié du film, où elle devient quelque peu insaisissable dans sa relation avec Joseph, on ne voit pas très bien où elle veut en venir (est-elle réellement attirée par lui, où n'est-ce qu'un stratagème pour le démasquer? Un peu des deux sans doute).



Ce qui frappe dans ce film, c'est qu'alors qu'il nous dresse un portrait critique de la bourgeoisie sur un ton ironique, il bascule dès la moitié du film dans l'horreur la plus totale, avec le viol et le meurtre d'une petite fille. Le plan sur les jambes sans vie de la gamine, avec un filet de sang et des escargots rampant sur sa peau, est à glacer le sang et fait plonger le film dans une ambiance lourde. La suite consistera à démasquer le coupable, qui est directement connu du spectateur mais c'est la façon dont la femme de chambre s'y prend qui est intéressante. La relation qu'elle entretient avec le jardinier est vraiment malsaine quant on sait qu'elle est persuadée de sa culpabilité. Jeanne Moreau livre à ce titre une prestation vraiment remarquable, toute en subtilité, ne laissant que très rarement paraitre ses émotions tout en lançant de temps à autres des remarques impertinentes pour montrer qu'elle ne se laisse pas faire. Le reste du casting n'est pas en reste, chacun interprétant à merveille son personnage et lui accordant la substance nécessaire. Mention spéciale à Georges Géret, un personnage résolument ambigu, à la fois sauvage et violent, mais qui s'écrase devant ses patrons et fait preuve d'un respect des valeurs surprenant face à Jeanne Moreau.
Concernant la réalisation, Buñuel livre ici une très belle utilisation du scope, qui écrase littéralement les personnages à l'intérieur de la maison et renforce le côté étouffant du film. La mise en scène m'a paru plus sobre et classique que dans Belle de Jour qui s'autorisait davantage d'audaces formelles (notamment dans les scènes de rêves fantasmées), mais cela sert parfaitement le propos du film et la reconstitution d'une époque et de ses mœurs. Buñuel jette un regard très critique sur ses personnages, qui au final nous apparaissent tous pourris, y compris la femme de chambre puisqu'en fin de compte elle ne cherche qu'à appartenir à cette classe bourgeoise qu'elle méprisait. Seule petite fausse note, j'ai trouvé la fin assez abrupte, la dernière scène arrive un peu comme un cheveu dans la soupe.



Un superbe film qui confirme l'excellente impression que m'avait laissé Belle de Jour, et qui me donne envie de découvrir davantage de films de ce cinéaste.

8.5/10
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Alegas » Dim 19 Aoû 2012, 18:13

Ah ouais quand même, Bunuel perso j'ai tenté il y a quelques années avec celui là et Tristana, je l'ai très vite regretté.
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Dim 19 Aoû 2012, 18:17

Je dois encore voir Tristana, par contre qu'est-ce qui t'a déplu dans ce Journal d'une femme de chambre?
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Alegas » Dim 19 Aoû 2012, 18:26

De souvenir trop lent (j'aime bien la lenteur d'habitude mais là ça m'a énerve plus qu'autre chose) et puis j'y trouve les mêmes défauts que dans un film comme La Règle du Jeu, trop froid, trop calculateur vis à vis de son propos social. Après, je déteste pas le film non plus (là de mémoire je mettrais 5,5/6) mais bon je m'attendais clairement à mieux.
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Dim 19 Aoû 2012, 20:16

Perso j'ai pas ressenti une quelconque lenteur. Évidemment c'est pas le genre de film où les péripéties s'enchainent toutes les 10 minutes, mais j'ai trouvé que Buñuel a su traiter habilement son sujet en trouvant le rythme juste, chaque scène apporte un élément nouveau et ça n'est jamais creux et chiant comme dans les films de la Nouvelle Vague (par exemple).
On peut évidemment faire le rapprochement avec La Règle du Jeu mais je préfère de loin le film de Buñuel à celui de Renoir, à mes yeux plombé par son aspect humoristique.
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar pabelbaba » Lun 20 Aoû 2012, 08:30

Pourtant il n'est pas particulièrement lent ce film. C'est le seul Bunuel qui m'ait plu (Tristana, Belle de Jour, Los Olvidados, ça c'est du film casse couille! :mrgreen: ) et Jeanne Moreau machiavélique, j'adore! :love:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Emprise - 6,5/10

Messagepar Count Dooku » Lun 20 Aoû 2012, 20:26

Emprise (Frailty), Bill Paxton, 2001


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Une bonne surprise que ce thriller réalisé par l'acteur Bill Paxton, qui signe ici son premier long-métrage en tant que réalisateur (et il tient également le premier rôle du film). Il opte pour un genre en vogue à la fin des années '90, début des années 2000, le film de serial-killers, mais non sans y apporter une certaine touche d'originalité qui le distingue du reste de la production et le rend particulièrement intéressant.
Point d'enquête ici : dès le début du film, un homme (Matthew McConaughey) se rend dans un bureau du FBI pour dévoiler à l'agent en charge de l'enquête (Powers Boothe) l'identité du serial-killer qui sévit dans la région, ce dernier n'étant nul autre que son frère. L'homme entreprend alors d'expliquer à l'agent comment tout cela a commencé, et pratiquement tout le film va dès lors consister en une succession de flashbacks remontant à l'enfance de Fenton (McConaughey, donc) et son frère Adam, à l'époque où ils vivaient seuls avec leur père (Bill Paxton).



Ce qui est vraiment intéressant dans ce film, c'est que les actions du serial-killer sont vues à travers les yeux d'un enfant, ce qui est évidemment très dérangeant et vraiment malsain. On voit le jeune Fenton assister impuissant à la plongée dans la folie de son père, ce qui est d'autant plus troublant que ce dernier est toujours présenté comme un brave type persuadé du bien-fondé de sa mission, et qu'à aucun moment il n'apparait comme un fou sanguinaire. Bill Paxton est parfait en bon père de famille convaincu d'être l'instrument de Dieu et qui essaye de transmettre à ses enfants cette mission divine. En dépit de l'énormité de ses propos, l'acteur reste simple comme son personnage et n'essaye pas de le faire paraitre pour un illuminé, c'est juste un bon gars persuadé d'agir pour le bien de l'humanité, ce qui rend évidemment encore plus terrifiantes ses actions, surtout lorsqu'il essaye d'impliquer ses deux garçons dans sa mission. Le film offre une montée dans l'horreur très réussie, même si celle-ci est essentiellement psychologique, pas de gore ni d'excès de violence, tout cela reste hors-champs. L'ambiance est vraiment très lourde et malsaine, on adopte totalement le point de vue de Fenton et son désarroi devant les horreurs auxquelles il est forcé d'assister (et même de prendre part, comble de l'horreur) à cause de la folie de son père. Bref, c'est très éprouvant pour les nerfs et c'est incontestablement ce qu'il y a de meilleur dans ce film.



Hélas, tout cela ne pouvait pas être réussi jusqu'au bout, et Emprise succombe au même vice que beaucoup d'autres films : il veut en faire trop et complexifie inutilement son intrigue pour proposer LE twist qui fout sur le cul, sauf que pour le coup ça ne fonctionne pas du tout et, même, ça flingue complètement tout ce qui a précédé. Non seulement ce final développe un discours nauséabond plus que discutable, mais en plus il opère un tournant dans le fantastique qui se révèle tout sauf convaincant car très mal amené. C'est bien beau de vouloir bouleverser totalement les repères, mais encore eut-il fallu que cela soit bien écrit et n'arrive pas comme un cheveu dans la soupe. En l'occurrence, je crois que le film aurait nettement gagné à rester dans l'optique de départ et à s'en tenir au côté psychologique sans vouloir se perdre dans des délires mystico-religieux à la con. Dommage donc pour ce final à côté de la plaque, d'autant que la réalisation de Paxton est efficace et sait habilement faire monter la tension en jouant sur les relations entre les personnages et leur psychologie. Un bon film tout de même dans l'ensemble, assez éprouvant et original.

6.5/10
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar gegesan » Lun 20 Aoû 2012, 23:41

Ah oui ! Un film que j'ai beaucoup apprécié, avec un Paxton extrêmement déroutant. Il est vrai que la fin est la séquence de trop, même si ça ne gâche pas vraiment le film (pas complètement quoi).
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Scalp » Mar 21 Aoû 2012, 07:27

Moi j'aime bien la fin avec Dieu super héros :mrgreen:
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Heatmann » Mar 21 Aoû 2012, 08:39

la fin elle est genial meme , sa signification , les regard de booth et le dernier de Mccaunaughey 8)
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Mar 21 Aoû 2012, 13:43

Non moi j'aime pas le tournant fantastique que ça prend, je préférais quand ça restait plus terre-à-terre, le propos du film n'en était que plus fort à mon sens. Là pour le coup ça désamorce complètement tout ce qu'il se passe avant, en plus de faire l'apologie d'une justice expéditive au nom de Dieu, ce que je trouve nauséabond (enfin apparemment Paxton voulait justement faire passer le message inverse, mais le résultat est loupé puisque je ne l'ai pas du tout perçu comme ça).
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Tuez Charley Varrick - 8,5/10

Messagepar Count Dooku » Mar 21 Aoû 2012, 17:54

Tuez Charley Varrick ! (Charley Varrick), Don Siegel, 1973


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Une œuvre assez méconnue de Don Siegel par rapport à d'autres films comme L'Inspecteur Harry ou Les Proies, du reste moi-même j'avoue que je ne connaissais pas avant de tomber par hasard sur le DVD en solde (et pourtant j'ai vu quelques Siegel). Mais quelle belle découverte ce fut! :love:
Un polar seventies ultra prenant, porté par un Walter Matthau exceptionnel et un scénar' remarquablement écrit. A l'inverse d'autres réalisations du cinéaste comme L'Inspecteur Harry ou Madigan, Charley Varrick délaisse le contexte urbain pour adopter un cadre rural (le Nouveau-Mexique), ce qui confère un petit côté western par moment (la poursuite en début de film), même si Siegel n'utilise pas énormément les paysages et ne cherche pas à filmer la beauté du décor (rien à voir avec un Electra Glide in Blue par exemple). Ici, point de flics, les personnages sont des anti-héros : des petits braqueurs qui gagnent leur vie en organisant des casses dans des banques de village. Ce ne sont pas des grands criminels, ils vivent modestement dans une caravane, se contentent de petits coups par-ci par-là, et ne sont pas des mauvais bougres au fond, juste des gens que la vie a amené à choisir ce style de vie. Tout bascule lors d'un braquage au cours duquel la femme de Charley Varrick (Walter Matthau) perd la vie et dont le butin, anormalement élevé, se révèle être de l'argent sale appartenant à la mafia. Celle-ci va évidemment mettre tout en œuvre pour retrouver son bien, en lançant aux trousses des voleurs un tueur à gages particulièrement vicieux.



L'un des points forts du film réside dans sa galerie de personnages. Le rôle titre, tenu par un Walter Matthau remarquable de sobriété, est particulièrement intéressant : homme de principe, assez laconique, il cache derrière son air bonhomme une redoutable intelligence et un esprit calculateur. C'est un homme qui a du vécu, qui connait le danger auquel il s'expose et n'est pas du genre à agir à la légère. C'est un solitaire qui opère en-dehors du milieu criminel, "le dernier des indépendants" comme le présente le slogan sur sa tenue de travail, ce qui évidemment lui confère un côté anachronique qui renvoie au temps du Far-West. Son jeune complice, interprété par Andrew Robinson, est tout l'opposé : sorte de chien fou, qui se croit tout puissant et n'a pas conscience des risques, ce qu'il payera évidemment au prix fort. Enfin, le tueur à gages incarné par Joe Don Baker est assez jubilatoire avec son look de texan et son air décontracté (tout en étant capable de brusques accès de violence qui témoignent à quel point il est dangereux), c'est vraiment un personnage mémorable, qui impose sa présence à chacune de ses apparitions. C'est le genre de personnage qu'on pourrait retrouver chez Tarantino.
La mise en scène de Siegel est comme à l'accoutumée, particulièrement sèche et sans fioritures, notamment en ce qui concerne les moments d'émotion. La mort de la femme de Varrick est un bon exemple de ce traitement, le réalisateur parvient à transmettre la tristesse de la scène en en faisant le minimum, aidé en cela par la prestation formidable de Matthau, qui livre un jeu très intériorisé et fait passer les émotions de son personnage tout en gardant un visage fermé, par quelques gestes (la bague) et de simples regards. Ajoutons encore un remarquable sens du rythme, l'intrigue se déroulant sans temps morts et un final particulièrement réussi impliquant un duel entre un avion et une voiture (oui oui!), et on obtient un film tout bonnement génial, à mes yeux l'un des meilleurs Siegel. Un film à découvrir absolument!



8.5/10
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Changeling : L'enfant du diable (The) - 9/10

Messagepar Count Dooku » Jeu 23 Aoû 2012, 20:43

L'Enfant du diable (The Changeling), Peter Medak, 1980


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Grosse claque que ce film de fantômes assez méconnu (il n'existe aucune édition DVD en France) mais pourtant incroyablement réussi et envoutant. The Changeling (le titre original est beaucoup plus pertinent que son titre français puisqu'il n'est nullement question de diable ici) est un film qui se situe dans la tradition des grands classiques du film de maison hantée tels que La Maison du Diable ou Les Innocents, avec qui il partage le même goût pour le suggéré et la subtilité de ses effets horrifiques. Mais c'est aussi une œuvre matricielle, dans laquelle on retrouve bon nombre d'éléments qui ont influencés les films de fantômes ultérieurs. On pense évidemment à The Others d'Amenabar pour l'ambiance générale (d'ailleurs le gardien de la maison se nomme Tuttle, le même nom que celui du jardinier du film d'Amenabar, un hommage évident), mais aussi à L’Échine du diable de Del Toro pour le fantôme enfant, Fragile de Balaguero pour l'infirmité du fantôme (cf la chaise roulante, utilisée comme élément horrifique à part entière), et même Ring de Nakata pour la scène où George C. Scott recherche les restes de l'enfant dans un puits sous une maison. Tout cela donne le sentiment de voir avec The Changeling un film somme, une référence où tous les éléments du genre sont présents, pour le plus grand plaisir des amateurs de film de maison hantée.



Réalisé par Peter Medak, un réalisateur qui ne s'illustrera guère par la suite au cinéma (on lui doit notamment La Mutante II...), The Changeling offre pourtant une mise en scène de grande classe, totalement au service de la mise en place d'une atmosphère horrifique, mais sans pour autant user et abuser d'effets faciles et gratuits (ici, pas de jump-scares par exemple). Excepté lors du final, où le réalisateur se lâche un peu et ose des effets spectaculaires, le film est d'une sobriété exemplaire et se charge nous effrayer par des bruits, des cadrages (le nombreux plans en plongée du haut de l'escalier), des détails dans l'image, ou encore en étirant des scènes afin de nous faire retenir notre souffle (la découverte de la chambre condamnée). On ne voit d'ailleurs jamais le fantôme, ou du moins pas des apparitions fantomatiques comme on en trouve dans des ghosts-movies plus récents ou dans les yurei-eigas, ici le spectre se manifeste de façon plus détournée, par des objets (la chaise roulante, la balle), l'usage d'une caméra subjective, des visions du passé ou encore les grands classiques que sont la séance de spiritisme ou la bande-magnétique (scène d'ailleurs bien flippante de par la voix de l'esprit). Medak exploite merveilleusement la maison du film : déjà la bâtisse est inquiétante en elle-même, mais en plus le réalisateur la filme toujours dans le but de la rendre plus menaçante, que ce soit de l'extérieur ou de l'intérieur. Ce n'est certes pas au niveau stratosphérique d'un Shining, mais c'est incontestablement bien au-dessus de la plupart des films du genre en terme de gestion de l'espace et d'utilisation du potentiel horrifique de la maison.



En plus de disposer d'une réalisation formidable qui nous immerge dans cette maison hantée, le film de Medak se permet également d'offrir un scénario tout-à-fait intéressant, loin de se limiter à une simple histoire de fantômes vengeurs. Si la première partie est clairement axée sur le côté horrifique propre aux ghosts-movies, la suite délaisse un peu cet aspect au profit d'une enquête qui amènera les personnages à découvrir l'identité de cet enfant, et le terrible secret derrière sa mort. Tout cela est très bien amené, le film nous envoie d'abord sur une fausse piste, pour ensuite nous réorienter vers la vérité et nous surprendre lorsque toutes les pièces du puzzle se mettent en place. Cette intrigue est remarquablement servie par un casting excellent, en tête duquel on retrouve le grand George C. Scott. L'inoubliable interprète de Patton campe ici un personnage dévasté par la mort de sa femme et de sa fille, et qui tente de surmonter sa douleur en commençant une nouvelle vie dans une nouvelle maison, et en se consacrant totalement à ses activités de musicien. L'acteur exprime à merveille la détresse de cet homme (cf la scène où il s'effondre en pleurs dans son lit), et sa détermination à faire éclater la vérité. Il est tout aussi juste dans les scènes de terreur, où on sent un mélange d'effroi et de résignation puisque c'est un homme qui a déjà tout perdu. Il pourra compter sur l'aide d'une amie, interprétée par Trish Van Devere, qui joue ici le rôle d'appui moral pour le héros et une alliée inestimable dans son enquête. Face à eux, on retrouve, dans un de ses derniers rôles, Melvyn Douglas, dans la peau d'un sénateur énigmatique. Enfin, comment ne pas évoquer la bande-son, et la musique magnifique de Rick Wilkins dont le thème au piano obsédant participe énormément à l'ambiance si immersive du film.



Un film que je considère comme un chef d’œuvre absolu du film de fantômes, et qui vient immédiatement se glisser dans mon top 5 du genre, aux côtés de Shining, Dark Water, Les Innocents et The Others. Une œuvre brillante dans sa gestion de l'horreur et émouvante dans le drame humain qu'elle nous conte. Un film que les amateurs du genre se doivent évidemment de voir au plus vite. :)

9/10
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar angel.heart » Jeu 23 Aoû 2012, 21:10

La deuxième partie est un peu plus bordélique je trouve et la suggestion laisse un peu trop place à des effets facile, parfois même un peu ringard.

Mais ça reste un bon film solidement mis en scène.

Et sinon le réal est aussi responsable du sympathique Romeo is bleeding.
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