[oso] Mes critiques en 2012

[Dunandan]

TAI CHI MASTER
Yuen Woo-Ping (1993) | 8/10

Je suis dans une bonne série dis donc, avec ce Tai Chi Master j'en ai eu pour mon argent, des chorégraphies de fondu mises en image par le talentueux Woo-Ping. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'à ce niveau, ça dépote méchamment. Tous les combats valent le coup d'oeil, c'est vif, incisif mais également hyper graphique. On sent toute la créativité du réalisateur à chaque mouvement des persos, qui sont, au passage, terriblement impressionnants. Certains auront davantage de réserve parce que c'est câblé et qu'on sent les filins, mais sincèrement, quand je mets un film de Kung Fu de ce genre, j'en veux des pirouettes surréalistes. Et pour le coup, la marchandise est livrée, avec supplément.

Pour ne rien gâcher, le script est bien sympa également, même si très basique. Deux potes d'enfance, devenus frères de vie depuis leurs années d'entraînement à Shaolin, ce qui en passant est une partie du film vraiment chouette et très soignée, vont se découvrir des ambitions de vie totalement opposées qui les feront s'affronter farouchement. Ce qui est également appréciable dans Taï Chi Master, c'est que Woo-Ping va à l'essentiel, en 1h30 le film est bâché, et on n'a pas besoin de plus, malgré cette courte durée, le film sait être plus que généreux en tatane, on sort de la projection rassasié, les babines sèches !

On regrettera juste une rupture de ton en plein milieu du film qui plombe un peu l'ambiance noire qui se développait. Jet Li qui nous la joue le temple du Lotus bleu, vu son acting pas très élaboré, ça le fait pas terrible. Mais bon, on lui pardonne, cette période lui permet de maîtriser le Tai Chi et punaise, dès qu'il a sa révélation, il devient la classe martiale incarnée. De ce point de vue là, difficile de faire mieux que lui, chaque geste devient une poésie destructrice, avec Woo Ping à la barre, les images sont dynamiques et déploient une densité de classe bien massive.

Un film pour tous les amateurs de bourre pifs musclés en apesanteur.

[angel.heart]

C'est la fête du câble ce film mais j'aime beaucoup également, survitaminé et l'histoire et vraiment bien

[pabelbaba]

Top 100 celui-là

Le fight à 2 contre les moines avec les bâtons :

[Count Dooku]

Vu pas plus tard que la semaine dernière celui-là, j'ai beaucoup aimé également!
Comme toi je reprocherais juste la partie humoristique avec un Jet Li devenu cinglé par son affrontement avec son ancien pote, c'est presque aussi nul que le gangster catatonique du Syndicat du Crime 2 (bon sauf que là c'est pas traité avec humour), mais pour le reste y a vraiment de quoi se faire plaisir en matière de baston. Yuen Woo-Ping c'est vraiment le number One en matière de chorégraphies qui en foutent plein la vue, y a des combats dantesques dans ce film (perso j'ai un faible pour le premier affrontement entre Li et son pote, avec Michelle Yeoh attachée à une espèce de bûcher en bois).

[osorojo]

Yep, idem, j'aime beaucoup ce passage, très créatif avec Jet li qui utilise les rondins de bois pour fritter son pote ou restabiliser la structure. Ça envoie sec !

Sinon, ce film a été l'occase pour moi de redécouvrir Michelle Yeoh sous un jour nouveau vu que je la connais beaucoup plus par l'intermédiaire de ses films récents.

[Alegas]

LE PACHA
Georges Lautner (1968) | 8.5/10

Une jolie découverte que ce pacha énervé, film policier sombre et efficace qui en moins d'une heure et demie réussit là où bon nombre de films voulant jouer dans sa cour se sont plantés en beauté. Il faut dire que les ingrédients étaient réunis pour nous concocter un poulet rôti à bout de patience plus que réussi. Le premier de la liste est évidemment Jean Gabin qui innonde de son charisme chaque séquence du film, son omniprésence devant la caméra fait plaisir tant il est magistral. Que ce soit par sa présence physique - peu nombreux sont les acteurs que l'on ne reconnait qu'à leur ombre - ou bien ce côté nonchalant mais si acide qui le caractérise, il fait main basse sur le film dès sa première apparition, nous gratifiant de sa voix grave si caractéristique pour ouvrir les hostilités avec panache.

Il faut dire que le bougre est servi par la plus grande plume ayant sévi dans le cinéma français, en la personne d'Audiard. Nombreuses sont les répliques qui, par leur ton acerbe et ironique, nous arrachent un sourire alors que l'ambiance générale du film est très sombre. C'est assez génial de voir cet équilibre qu'arrivent à atteindre Lautner, Gabin et Audiard entre gravité d'un sujet qui fait mal et ce côté fleuri des dialogues qui apportent de la douceur à l'ensemble, un côté bon enfant qui appaise le propos et ce, même si dans leur signification, ils se révèlent être bien violents.

Le pacha c'est également une bande son envoûtante qui se repose quasiment entièrement sur une instru du requiem pour un con de Gainsbourg. Utilisée à toutes les sauces, elle finit de compléter le film pour en faire un petit bijou d'harmonie entre fond et forme. En effet, c'est également par le côté dynamique de sa mise en scène et des recherches de cadre qui font mouche que le film finit de nous convaincre qu'il joue dans la cour des très grands. Le travail photographique est très réussi et toutes les séquences importantes sont spécialement soignées de ce point de vue là. Le dernier acte du film par exemple, dans cette sucrerie désaffectée est superbement mis en lumière, la caméra optant pour des plans larges qui mettent le lieu en valeur. Une sacré péloche que ce Pacha, à voir pour vous réconcilier avec un cinéma français qui a du mal à retrouver l'authenticité de cette époque.

[Count Dooku]

"Je pense que le jour où on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner!"
Un grand classique du polar français, et l'un des meilleurs Gabin de la dernière partie de sa carrière (avec Le Chat).

[osorojo]

Ouais, c'est ma réplique préférée aussi

Pas vu Le chat, je vais me choper ça

[Killbush]

Excellentes critiques pour Tai Chi Master et Le Pacha, un de mes Gabin préférés

[osorojo]

Merci Killbush, il m'a donné envie de me refaire du film de cette période en tout cas. Je vais me pencher prochainement sur le cas de réal français phares de cette époque

[osorojo]

UN SEUL BRAS LES TUA TOUS

Chang Cheh (1967) | 6.5/10

Un peu mitigé à propos de ce premier opus de la trilogie du sabreur manchot dont j'attendais beaucoup plus au vu de la réputation de l'oeuvre globale. D'un côté Un seul bras les tua tous se révèle être très riche d'un point de vue thématique, de nombreux sujets touchant directement les arts martiaux au Japon à une certaine époque sont abordés avec beaucoup de finesse. Ils donnent instantanément au script une densité qui le rend intéressant et le démarque quelque peu des autres productions du genre. Ainsi Chang Cheh glisse dans son récit des réflexions à propos des différentes classes sociales au sein d'un même dojo, ou bien aborde le poids de l'héritage à travers le destin de deux personnages qui ont vu leur vie changer dramatiquement à la mort de leurs parents respectifs, ou encore évoque le principe même des arts martiaux qui semblait être un meilleur moyen de s'offrir un aller simple à la morgue plutôt qu'une voie royale vers le bonheur. De ce point de vue là, rien à dire, ce premier film est passionnant.

Malheureusement, le souci du film à mon sens, et ce qui a contribué à ma déception, c'est que ce qu'on attend réellement d'un WXP, est assez peu réussi. Je pense principalement aux combats qui se révèlent être lents et poussifs, n'arrivant jamais à donner aux différents combattants le charisme propre à ce genre d'oeuvre. Ce charisme qui fait que le film prend soudain des allures de mythe, dont les artistes martiaux acquièrent dès leurs premières joutes un statut de surhomme qui excite nos rétines. Ici, c'est vraiment limite, à part deux ou trois séquences un peu plus relevées que les autres (un combat 1v5 dans une auberge ou l'entraînement du manchot quand il découvre son nouveau Kung Fu), Un seul bras les tuas tous se revèle trop avare à ce niveau là.

Au final, un sentiment mitigé donc. Le film est réussi d'un point de vue narratif et propose des pistes de réflexion vraiment intéressantes mais il se révèle être beaucoup trop limité d'un point de vue réalisation pour que la densité du propos trouve une résonance dans la mise en scène des combats. Chose que l'on est en droit d'attendre dans ce genre de bobine. Boulot à moitié fait donc. Dommage !

[pabelbaba]

C'est tout à fait ça. Grosse écriture, mais pas aussi spectaculaire que la moyenne des films du studio. Je l'adore justement pour ça.

[osorojo]

LE BRAS DE LA VENGEANCE

Chang Cheh (1969) | 6/10

Épisode dans la continuité du premier, plus équilibré en terme de fond/forme mais toujours aussi moyen dans son résultat final. En effet, si le bras de la vengeance fait couler plus de sang que dans le premier opus et tente d'insérer un peu plus de dynamique dans les chorégraphies de ses combats, il se révèle quand même être un peu trop statique pour réellement convaincre. Les différents affrontements entre notre manchot, qui pour le coup se révèle carrément invincible, et les huits méchants rois du sabre sont pour la plupart sacrément ronflants et trop expéditifs. On reste sur notre faim après chaque tintement de lame.

Le script est pourtant taillé sur mesure pour que le film livre son quota de bastons énervées mais rien à faire, Chang Cheh privilégie ici beaucoup trop la quantité à la qualité. Jamais on n'est vraiment impressionné par les prouesses martiales de ses milliards de petits gars qui s'éventrent dans la bonne humeur. Parce que du monde, il y en a, c'est même assez fou dans toute la partie finale du film, les morts pleuvent et les membres giclent, à ce niveau-là, Cheh ne fait pas les choses à moitié. Mais peut être a-t-il été trop ambitieux parce qu'en mettant en scène autant de personnage, aucun n'arrive à gagner une ampleur suffisante pour nous faire vibrer. Il faudra en effet se contenter de 8 rois du sabre sacrément fébriles et surtout dépourvus de tout charisme.

Un épisode dans la lignée du premier donc, très moyen à mon sens. On gardera en mémoire le développement de ce personnage toujours intéressant qu'est ce sabreur manchot, dans sa relation avec sa femme et son oeil critique sur les arts martiaux. Mais ça ne suffit pas à relever suffisamment l'ensemble pour que le film décolle véritablement. J'en viens à me demander si j'ai imaginé avoir lu quelque part que cette trilogie envoie du bois, parce que pour le moment, c'est quand même assez décevant. Il me reste un petit espoir avec La rage du tigre, on verra bien ! En tout cas, on est loin d'un The Blade, à titre de comparaison, qui est le seul autre film que j'ai vu traiter de ce personnage.

[Dunandan]

LA RAGE DU TIGRE

Chang Cheh (1971) | 8.5/10

J'en ai encore les oreilles qui sifflent tant les épées cinglent intarissablement dans ce dernier opus de la trilogie du sabreur manchot. Les 3 films réalisés par Chang Cheh sont reliés par ce personnage atypique qui manie comme personne le sabre alors qu'il ne lui reste qu'un seul bras. Avec La rage du tigre on sent clairement que Chang Cheh parvient enfin à cet aboutissement qui était absent des deux premiers numéros, en matière de combat principalement. Ici les duels sont vifs, secs et bien dynamiques, on en prend plein les yeux d'un bout à l'autre du film. Enfin, j'ai envie de dire !

En outre, quand le manque de charisme des personnages étaient le gros point noir des deux premiers films, ici David Chiang et Ti Lung viennent remettre les pendules à l'heure et imposent leur classe à deux personnages complémentaires qui vont être des véritables faire valoir du film. Le sabreur manchot est dans ce film un homme plus complexe, presque énigmatique, en tout cas qui ne manque pas de classe. Quand il reprend finalement les armes à la fin du film, on est véritablement excité à l'idée de le voir repeindre en rouge les murs du temple de ses ennemis.

Un autre atout du film qui contraste fortement avec le reste de la trilogie concerne la mise en scène de Chang Cheh, bien plus créative pour mettre en valeur les acteurs pendant les combats. L'intro du film annonce directement la couleur, la mutilation du Lei Li est violente et surtout inspirée, ce bras qui vient se figer dans le tronc d'arbre, ça ébouriffe. On en retrouvera un écho direct dans la vengeance finale, histoire de la faire claquer encore plus

On sent que Chang Cheh a pu faire avec ce film ce qu'il avait en tête pour nous offrir une péloche solide et passionnante. Cette scène choc qui appelle la vengeance de notre sabreur manchot en est l'incarnation même, jusqu'au boutiste, sans compromis ni peur de prendre des risques. Le moins que l'on puisse dire c'est que son impact est indéniable et suffisant pour nous faire hurler cet appel à la vengeance qui va finir de faire de la rage du tigre un film qui marque le genre de son empreinte.

[Dunandan]

LES 14 AMAZONES

Cheng Kang(1972) | 6.5/10

Une jolie fresque épique de près de 2H qui déploie son quota de bataille et de stratagèmes. Même si je suis resté un peu sur ma faim en terme de techniques martiales, on ne peut pas véritablement le reprocher au film qui n'est pas vraiment un WXP mais bel et bien un divertissement, presque historique, on nous rappelle même que c'est tiré de faits réels dès le début des hostilités. Il faut savoir dans quoi on s'embarque et on peut dès lors profiter d'un voyage assez grandiose, très ambitieux en tout cas.

Ce qui est réellement appréciable dans les 14 amazones c'est que pour une fois dans un film du genre, la part belle est faite à la gente féminine. Les veuves qui forment ce clan invincible prêt à tout même la mort pour protéger leur cité ne manquent pas de caractère et savent manier la lance comme personne. On est loin de l'image des femmes habituellement dépeintes dans ce genre de production et c'est très agréable. Kang pousse même le vice en féminisant le dernier héritier du clan des Yang, c'est dire. Dommage par contre que toute cette galerie de femmes aux caractères trempés ne soit pas davantage approfondie, Kang privilégie l'action et le spectacle au détriment d'un script qui ne prend jamais vraiment d'ampleur.

La forme par contre est elle vraiment soignée, certaines séquences sont surprenantes et passent bien encore aujourd'hui. Restera en mémoire ce pont humain qui est à mon sens le passage sorti de nulle part qui fait son petit effet. Pour le reste, c'est classique mais maîtrisé. Il y avait beaucoup de monde à gérer, les différents plans larges destinés à rendre compte de l'immensité des batailles sont assez bien faits, même si quelque peu statiques et trop posés par moment. Dans l'ensemble, c'est quand même maîtrisé et le résultat à la hauteur des ambitions du réalisateur, si l'on n'est pas trop regardant sur la mise en oeuvre des combats à proprement parler.

On passe donc un bon moment, mais c'est quand même difficile de passer outre cette trame parfois trop linéaire et surtout dénuée de véritables enjeux, qui fait que l'ennui pointe par moment le bout de son nez. J'aurais aussi apprécié davantage d'ampleur au niveau des combats ainsi que des bad guys bien plus badass qu'ils ne le sont, notamment dans toute la dernière partie du film. M'enfin, on est dans une fresque épique de divertissement, c'est peut être cela finalement qui n'est pas spécialement ma tasse de thé