Track of the Cat, William A. Wellman, 1954
Un film assez curieux, plus proche du drame familial que du western proprement dit. Lorsqu'il réalise ce
Track of the Cat, William Wellman a déjà signé plusieurs perles du genre, parmi lesquelles
L'Étrange Incident,
La Ville abandonnée et
Convoi de femmes, mais avec ce film, il a visiblement voulu réaliser quelque chose de différent, ce qui est évidemment louable même si le résultat à l'écran n'est pas totalement convaincant.
Track of the Cat est un film déséquilibré, qui navigue entre le bon (la traque dans la neige, avec Mitchum) et le moins bon (les scènes au ranch). Le problème, c'est que ces scènes plus faibles constituent la majeure partie du métrage. Elles ne sont toutefois pas inintéressantes : certains thèmes sont abordés de manière pertinentes, tels que la rivalité entre frères (y compris dans les relations amoureuses), le poids de l'autorité parentale incarnée par une mère castratrice (le personnage campé par Tab Hunter luttera tout au long du film pour s'en émanciper) et la question du deuil. La panthère dont il est question dans le titre (et que l'on ne verra jamais) va indirectement faire exploser cette famille gangrenée par l'attitude autoritaire d'un des fils (Robert Mitchum, charismatique comme à l’accoutumée). Malheureusement, toute la partie mélodrame du film est traitée de façon un peu pesante, la faute à une mise en scène assez statique et un travail pas toujours très subtil sur la psychologie des personnages (le père par exemple, est vraiment caricatural et taillé à la serpe). En outre, toutes les scènes au ranch sont tournées en studio, ce qui certes renforce la sensation d'étouffement bienvenue vu qu'il s'agit d'un huis-clos, mais qui crée en décalage avec les scènes d'errance dans la montagne, filmées en décor naturel. Celles-ci sont parmi les plus réussies du film, lorgnant un peu du côté du survival avec un Mitchum obsédé par sa proie et qui dans sa quête se voit obligé de se réfugier dans des grottes, de se faire un feu pour passer la nuit, etc.
Avec ce film, Wellman avait l'ambition de réaliser un film en couleur qui donnerait une impression de noir&blanc, et il faut dire que c'est réussi, qu'il s'agisse des scènes en extérieur (les arbres sombres se découpent sur la neige immaculée) ou en intérieur (les murs et le mobilier sont blancs, les tenues des personnages sont sombres à l'exception du manteau écarlate de Mitchum, une volonté évidente de faire sortir le personnage du lot).
Il se dégage toutefois de ce film une ambiance inédite, marquée par un certain pessimisme et par l'isolement dans lequel se trouve cette famille. Le cadre enneigé participe grandement à cette atmosphère si particulière, et renforce la froideur d'un film déjà particulièrement sombre par son scénario. Une curiosité certes bancale, mais non sans intérêt.
6/10