Hero de Zhang Yimou
(2003)
Pas revu depuis plusieurs années, à l'époque c'était même un des tout premiers films chinois que je découvrais et comme beaucoup de monde je trouvais ça génial. Au risque d'écrire une phrase clichée, c'est typiquement le genre de films qu'on aime lorsqu'on a vu presque aucun autre film du genre, mais une fois qu'on a découvert un minimum la concurrence ça souffre énormément de la comparaison. Le seul point où je n'ai pas été déçu vis à vis des souvenirs que j'avais, c'est évidemment sur le plan visuel. En bon esthète de l'image qu'est Zhang Yimou, la plupart des plans du film sont à tomber par terre en terme de photographie et ce, même si la composition des plans frôle souvent le minimum syndical. Le jeu sur les couleurs différentes à chaque séquence donne vraiment un plus, seulement la symbolique n'est jamais vraiment exploitée. En revanche, le film vieillit vraiment très mal sur ses trucages visuels, les CGI du cinéma chinois, ça n'a jamais été exceptionnel mais là ça tombe vraiment dans l'excès et forcément ça donne des scènes à la limite de la laideur, notamment la séquence des flèches qui, en plus, est vraiment longue inutilement. En parlant de la durée, je trouve vraiment que le film gère difficilement son rythme, ça dure 1H30 et ça ne raconte finalement pas grand chose, car autant la première partie est très sympa à suivre autant dès que l'on connaît la véritable identité du personnage de Jet Li on s'ennuie assez rapidement.
La construction scénaristique se révèle franchement limitée et le comble c'est vraiment de se rendre compte que les parties dialoguées sont nettement plus intéressantes que les combats, répétitifs à souhaits, puants l'abus de câbles (le combat sur l'eau à ce niveau là c'est juste insupportable) et surtout très peu inspirés en terme de mise en scène, avec notamment un découpage très mal géré. Même le casting, pourtant censé réunir la crème de la crème du cinéma chinois, est sous-utilisé à mort, Jet Li se contentant de jouer un personnage inexpressif à souhait, Donnie Yen apparaissant cinq minutes maximum, le personnage de Zhang Ziyi est clairement anecdotique, seul le couple Maggie Cheung/Tony Leung s'en sort plutôt bien, notamment ce dernier qui a finalement les meilleures séquences du métrage. Au final, la réelle surprise du film c'est vraiment Chen Dao ming dans le rôle de l'Empereur, personnage le plus intéressant du récit. Enfin, j'avais des doutes concernant le possible message douteux du métrage avant de le revoir, et finalement c'est évident que le film pue la propagande à plein nez car si le propos est d'abord apporté sur un plan philosophique via Tony Leung, il est rapidement transformé en outil politique qui sied à merveille avec les intentions du Parti d'aujourd'hui. Bref, c'est clairement pas un mauvais film en soi, mais c'est véritablement une œuvre très surestimée qui fait un peu office de WXP pour les nuls (tiens, ça me rappelle un certain Tigre et Dragon), et surtout qui accumule beaucoup trop de défauts de par ses intentions premières.
NOTE : 4,5/10