Y en a qui je donnent entièrement raison
Par contre Bergman no comment
Ingmar Bergman sur Jean-Luc Godard
«Je n’ai jamais rien tiré de ses films. Ils me semblent affectés, faussement intellectuels et complètement morts. Cinématographiquement inintéressants et infiniment ennuyants. Godard est foutrement chiant. J’ai toujours pensé qu’il faisait ses films pour la critique. Il en a tourné un, Masculin-Féminin, ici, en Suède. C’était d’un ennui hallucinant.»
(«När Bergman går på bio», par Jan Aghed, Sydsvenska Dagbladet,12 mai 2002)
Mark Chopper a écrit:Passionnant !
Et j'ai une nouvelle raison de considérer Haneke comme la pire chose qui soit arrivée au cinéma.
«Les images de synthèse sont le fléau du cinéma moderne, les frères Wachowski des assassins. Quitte à vouloir prendre son pied avec des jeux vidéos, autant coller sa bite dans une Nintendo.»
Terry Gilliam à propos de Tintin
«Ce rythme incessant… Vous ne pouvez pas ralentir un peu? Il n’y a pas de ligne directrice construisant le personnage, c’est juste «Allez, allez, allez, préparez-vous pour la suite». Techniquement parlant, c’est phénoménal. La course poursuite est extraordinaire, mais c’est étrange que tout le monde s’excite sur le fait que c’est un mouvement continu de la même caméra. Enfin, c’est un FILM D’ANIMATION! Quel est l’enjeu? J’ai lu un article qui disait qu’ils avaient mélangé plusieurs intrigues de BD de Tintin pour assembler cette histoire. Mais IL NE FAUT PAS faire ça! Racontez seulement une intrigue, ralentissez un peu le rythme et laissez les gens respirer. Ce film rend encore plus mal à l’aise qu’un grand huit. Dans un grand huit, au moins, il y a des arrêts ou des ralentis pour augmenter ou diminuer la tension.»
Mark Chopper a écrit:Je ne vois pas en quoi il est irresponsable de mettre en scène la violence de façon divertissante, ou plus précisément, comme chez Woo, de la chorégraphier.
Cela vient à dire que la société est violente parce que le cinéma la rend ainsi, ce qui revient à prendre le problème à l'envers..
Jacques Rivette à propos de Titanic
«Je suis entièrement d’accord avec Jean-Luc (Godard) dans le Elle de cette semaine (numéro du 2 mars): ce film est nul. Cameron n’est pas un méchant, ce n'est pas une ordure comme Spielberg. Cameron voudrait être le nouveau De Mille. Malheureusement, lui non plus n'est pas metteur en scène pour un sou. En plus, l'actrice est épouvantable, irregardable, c’est la fille la plus débandante qu’on ait vue sur un écran depuis longtemps. D’où le succès auprès des petites filles, surtout les Américaines boutonneuses et un peu trop grosses qui y vont en pèlerinage; elles peuvent s’identifier et espérer tomber dans les bras du beau Leonardo.»
Terry Gilliam au sujet de l’Alice de Tim Burton
«J’avais vu le scénario il y a dix ans et déjà à l’époque je l’avais trouvé mauvais. Il consistait simplement à reprendre les noms de marque comme le chapelier fou, le lièvre de mars, etc. et faire quelque chose qui n’a rien d’autre en commun avec l’histoire originale. Le scénario trahissait même l’œuvre de Lewis Caroll. Il faut faire la différence entre le non-sens et aucun sens. De quoi parle ce film? En lisant le scénario, je me suis dit que c’était la prise de pouvoir par les femmes: une fille intelligente est contrainte de se marier et se réfugie dans l’univers de son enfance et apprend je ne sais quelle leçon qui fait qu’elle revient dans la réalité pour devenir une femme d’affaires en Chine, sans doute impliquée dans la guerre de l’opium. A mon avis elle termine même droguée (rires)! On a vu le même film non (rires)? Je me suis dit que si ce film devenait un succès, j’abandonnerai l’industrie du cinéma. Et ça a été un succès! Je suis maudit (rires)! Je pense que l’industrie du cinéma m’a abandonné (rires)!»
Lars Von Trier sur Delicatessen, Brazil et les films de Peter Greenaway
«Brazil de Terry Gilliam: détesté ! Ou ces français qui ont fait Delicatessen. Je ne supporte pas. C’est maniéré et superficiel, c’est grotesque sans posséder la générosité, la richesse de couleurs et la joie de vivre du grotesque. En revanche, c’est ce que fait très bien Fellini. Je n’ai même pas pu voir Brazil jusqu’au bout. C’est pareil pour les films de Peter Greenaway; ce sont des films sans mystère. L’esthétique y est si poussée que ça en devient lourdingue. Bizarre... Ce sont deux cinéastes auxquels on me compare parfois.»
John Carpenter sur John Ford et The SearchersQuestion: «Vous n’aimez pas La prisonnière du désert?»
Réponse: «Non parce que ça devient insupportablement chiant au milieu. On est d’abord ébloui par la mise en place, mais à partir du moment où le personnage de Jeffrey Hunter se marie à l’indienne et qu’il est exclu, ça devient n’importe quoi. Ensuite on retourne au mariage et il y a ce combat ridicule. C’est complètement stupide! Je pense que John Ford est surestimé en tant que réalisateur. Il a fait de grands films mais c’est impossible de revoir la cavalry trilogy. Le Massacre de Fort Apache était pas mal mais ce n’est pas La Rivière rouge de Hawks non plus.»
Mathieu Kassovitz sur Kill Bill
«Je pense que Tarantino se sert du manque de culture cinématographique de ses spectateurs. Tous ses films (tous, y compris ceux qu’il a seulement écrit) sont directement inspirés (copiés) par des petits films de série B qu’il a visionnés en travaillant dans un vidéo club. J'ai la même culture, nous sommes de la même génération et j'ai vu les mêmes films. Je n'ai pris aucun plaisir à voir Reservoir Dogs à sa sortie car j'avais vu le film original 10 ans plus tôt. Je comprends l'intérêt que peut susciter de tels films si on ne connaît pas les originaux, mais je ne peux pas m'empêcher de trouver le talent de Tarantino fortement réduit par l'existence de ces films, la copie trop évidente gâche mon plaisir de spectateur et me fâche en tant que réalisateur. Le seul film perso qu'il ait fait jusqu'à aujourd'hui reste Jackie Brown qui est également inspiré des films de «blaxploitation» des années 70 mais qui garde une couleur très personnelle avec un scénario réel et bien structuré, une cinématographie plus traditionnelle mais qui me touche plus, une violence humaine et des personnages forts et ancrés dans une réalité qui me concerne. Quant à Kill Bill, c'est vraiment le résultat d'une vie de cinéphile décérébré, sans AUCUNE inspiration perso, bourré de violence gratuite et souvent dirigée sur ou autour des enfants, c'est à la mode, c'est branché, c'est sans intérêt, j'ai dormi la moitié du temps, le reste m'a extrêmement énervé. Il pille cinématographiquement toute une partie du cinéma japonais et asiatique en général sans aucune inspiration. C’est vide, con, et méchant. Le pire est que les originaux sont tellement meilleurs, n'ont pas coûté 55 M$ et n’ont jamais eu la prétention d’être à la mode, c'était des films honnêtes et violents car ils racontaient des histoires (…) Kill Bill n'a rien des originaux et non seulement il vole mais il ne respecte pas la force et la beauté profonde de ces centaines de films de série B qui ont également forgé mes goûts cinématographiques. Quentin est un manipulateur, malhonnête envers le cinéma qu'il dit respecter car il n’a apparemment pas les capacités intellectuelles de créer son propre univers. Car l’univers Tarantino n’est pas SON univers, c’est celui des autres...»
Bertrand Blier à propos de P.T. Anderson et James Gray
«Même P.T Anderson, son histoire de pétrole, c’est très beau, mais c’est trop long, pas d’amour pas de femme. Il y a cet espèce de fou furieux formidable de Day Lewis mais une absence d’humour totale. Par exemple, James Gray est merveilleux, mais son polar avec les deux frères, l’un flic, l’autre gangster... enfin, il y a des scènes formidables mais il n’y a rien à raconter. Ce sont des gens qui ont beaucoup de talent, mais on a l’impression que la machine hollywoodienne leur est passée dessus...»
Roman Polanski à propos de la «Nouvelle Vague»
«On réalisait des films pour presque rien, et le plus souvent fort mal, sous la responsabilité de jeunes amateurs sans expérience. (...) Le snobisme intellectuel jouait aussi son rôle. Répugnant à passer pour des béotiens, les critiques encensaient des films «cérébraux» qui n’étaient pas seulement mal ficelés et lents, mais encore prétentieux et soporifiques. Je ne fis jamais partie de cette «Nouvelle Vague» et ne désirais pas en être. Je me voulais trop professionnel - et j’étais trop perfectionniste. Si je jugeai charmant Les 400 coups de Truffaut et séduisant À bout de souffle de Godard, les autres films, en dehors des premières œuvres de Claude Chabrol, m’effaraient par leur amateurisme et leur pauvreté technique. Assister à leur projection était pour moi une torture insupportable.»
Jean-Luc Godard parlant de plusieurs cinéastes chez Thierry Ardisson
- Thierry Ardisson: Vous n’aimez pas du tout Steven Spielberg. Pourquoi?
- Jean-Luc Godard: Parce qu'il pense qu’il est un meilleur metteur en scène qu’il n'est.
- T.A.: Et Besson?
- J-L.G.: C’est bien, ça pourrait s’avouer pas mal.
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