[Count Dooku] Mes Critiques en 2012

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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Kakemono » Mer 25 Juil 2012, 10:37

Je l'ai vu il y'a longtemps mais je me souviens bien d'une Dietrich fascinante et d'un Jannings très impressionnant. :super:
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mer 25 Juil 2012, 10:53

C'est clairement un film sur ma liste, merci de m'en rappeler l'urgence :super:
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Porte du Diable (La) - 8,5/10

Messagepar Count Dooku » Sam 28 Juil 2012, 18:31

La Porte du diable (Devil's Doorway), Anthony Mann, 1950


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Anthony Mann, les amateurs de western le savent, a été l'un des plus importants cinéastes du genre, livrant quelques-uns de ses plus grands chefs-d’œuvre (parmi lesquels Winchester 73, L'Homme de la Plaine et le déjà crépusculaire L'Homme de l'Ouest). Avec La Porte du Diable, Mann, qui s'était jusqu'alors distingué dans le film noir, aborde pour la première fois ce genre, et pour un coup d'essai c'est déjà un coup de maître. La Porte du Diable est un western âpre, sombre et désenchanté, dans lequel Mann transpose dans le cadre du Far-West ce qu'il avait établi dans ses films noirs, que ce soit pour la tonalité du film ou l'aspect visuel.



Un des aspects les plus intéressants du film est son parti-pris résolument pro-indien. Ce n'est sans doute pas un hasard si le film voit le jour la même année que l'autre pionnier pro-indien, La Flèche Brisée de Delmer Daves, et il semblerait que l'époque était à une réhabilitation des Native Americans, qui jusque là étaient souvent réduits dans les westerns aux rôles de sauvages sanguinaires, même s'il faudra encore attendre la fin des années '60, début des années '70 pour voir apparaitre des œuvres nettement plus critiques. Dans le film de Mann, ce qui frappe avant tout, c'est l'absence de manichéisme, aucun camp n'est véritablement présenté comme le mauvais, chacun agit pour défendre ses intérêts. Ainsi, les éleveurs blancs ne sont pas présentés comme des colons opportunistes désireux de voler leurs terres aux Indiens, mais comme de simples paysans qui veulent juste trouver un petit lopin de terre pour que leurs bêtes puissent survivre, et qui souhaitent par-dessus tout éviter la violence (notamment en proposant de louer les terres). Le personnage du shérif témoigne également de ce souci de présenter des personnages nuancés et ambigus : c'est un homme qui éprouve de la sympathie pour l'indien campé par Robert Taylor, mais qui est obligé de mettre ses sentiments et ses convictions de côté pour faire son devoir et appliquer la loi. Évidemment, il fallait bien un pur "méchant" pour dynamiter la situation, qui prend ici la place d'un avocat ouvertement raciste, qui manipule les éleveurs afin de faire dégénérer les relations avec les Indiens et provoquer le conflit direct. C'est un personnage plus unilatéral, mais qui est détestable à souhait par son côté manipulateur et est interprété brillamment par Louis Calhern.



Évidemment, le héros étant un Indien, le film privilégie le point de vue des Indiens (d'où sa dimension pro-Indienne), et c'est à une véritable charge à l'encontre de l’État que se livre Mann, dénonçant les injustices dont étaient (et sont toujours dans une certaine mesure, en tout cas en 1950) victimes les populations indiennes, à qui on ne reconnaissait aucune existence juridique, et donc le droit de posséder des terres. C'est d'ailleurs tout le sujet du film, cette lutte d'un homme profondément attaché aux terres des ses ancêtres pour pouvoir les conserver, en dépit d'une législation qui ne lui accorde pas ce droit. On ressent évidemment de l'empathie pour ce personnage qui, comble de l'ironie, s'est battu pendant la Guerre de Sécession pour un pays qui ne lui reconnait même pas le droit d'être un citoyen ordinaire. Le personnage de Poole est remarquablement écrit, c'est un homme trahi par un État injuste, et qui pourtant tentera jusqu'au bout d'éviter l'escalade de la violence, avec l'aide de son avocate qui éprouvera des sentiments pour lui (mais, contrairement à d'autres westerns de l'époque, celui-ci aura le bon goût de laisser cette romance au second-plan). Robert Taylor est plutôt bon par la sobriété qu'il apporte à ce rôle, même si évidemment on ne croit pas un instant à ce qu'il soit Indien (mais c'était encore trop tôt pour voir des Indiens en tête d'affiche, La Flèche Brisée ne fera pas mieux avec Jeff Chandler dans le rôle de Cochise...). L'actrice Paula Raymond (qui ne connaitra qu'une carrière éphémère) est correcte dans le rôle de l'avocate prête à tout pour empêcher le conflit et résoudre le contentieux par des moyens légaux, et je ne sais pas si c'est moi mais je lui ai trouvé un petit air de Gene Tierney. O_O



Visuellement, La Porte du Diable est assez exceptionnel en ce sens qu'il est encore profondément marqué par l'influence des films noirs. Le film a d'ailleurs pour chef-opérateur John Alton, qui avait photographié les films antérieurs de Mann et dont le travail était particulièrement marqué par l'expressionnisme allemand. Cela se retrouve nettement dans La Porte du Diable, avec un noir et blanc très contrasté, un soin particulier accordé aux jeux de lumières (voir les deux captures ci-dessus), et des choix de cadrages qui confèrent au film une esthétique expressionniste, surtout pour les scènes en intérieur (la scène de la lutte dans le saloon, avec la foudre qui éclaire furtivement les visages filmés en gros plans des spectateurs, illustre bien ce parti-pris visuel). Parallèlement, le film propose aussi de superbes plans des paysages plus typique d'une certaine tradition du western, où il s'agit de magnifier les décors et en faire un personnage à part entière (et en l'occurrence, il est d'une grande importance dans ce film puisqu'il est l'enjeu des convoitises de tous les protagonistes). La mise en scène de Mann est absolument remarquable, et montre à quel point il était déjà à l'aide dans le genre. On retrouve déjà la noirceur propre à ses westerns, et la violence de la lutte dans le saloon préfigure celle de L'Homme de l'Ouest (à la différence qu'ici, on empêche Taylor d'étrangler pour de bon son adversaire). Enfin, le film fait preuve d'un remarquable sens du rythme, faisant monter graduellement la tension jusqu'à l'explosion finale des 20 dernières minutes.



Bref, il s'agit d'une totale réussite. J'ai pris une véritable claque avec ce film, je ne m'attendais pas à le trouver si bon vu qu'il ne s'agissait que du premier western de Mann. Mais j'ai vraiment adoré ce film qui se hisse directement dans mes trois westerns préférés du cinéaste, juste derrière L'Homme de l'Ouest et L'Homme de la Plaine. Un film que les amateurs de westerns doivent voir absolument, et merci à Wild Side pour avoir proposé une aussi belle édition du film (voilà un film qui n'a pas volé sa place dans la collection "Classics Confidential"!).

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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Scalp » Sam 28 Juil 2012, 18:36

John Alton c'est le top en directeur photo de l'époque :super:
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Jed Trigado » Sam 28 Juil 2012, 19:08

Pour l'anecdote, j'ai maté il y a deux jours une itw carrière de Jacques Tourneur réalisée pour FR3 où il crachait violemment sur ce film, en expliquant qu'il avait refusé de le mettre en scène parce que le scénario était selon lui le plus mauvais qu'il n'avait jamais lu jusque là. Et il n'est pas plus tendre sur le résultat final de Mann. :eheh:
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Sam 28 Juil 2012, 20:02

J'aime bien Tourneur mais là ça sent quand même un poil la mauvaise foi, à mon avis il a refusé le scénar parce que c'était trop pro-indien et qu'il s'est dit que ça ferait mauvais genre de proposer un film aussi engagé.
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Sam 28 Juil 2012, 20:02

Je ne savais pas que tu allais lui mettre autant, mais le sujet (ainsi que la forme) sont effectivement très beaux :wink: (puis cette photo :love:)

Bon, à revoir dans de meilleurs conditions, vu que le DVD n'était pas encore sorti en Fr quand je l'ai vu.
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Dark Knight Rises (The) - 7,5/10

Messagepar Count Dooku » Mer 01 Aoû 2012, 16:54

The Dark Knight Rises, Christopher Nolan, 2012


Image


Assurément l'un des films les plus attendus de cette année, The Dark Knight Rises a la lourde tâche de succéder à The Dark Knight, immense succès à la fois populaire et critique, et de conclure une trilogie qui avait admirablement relancé le personnage créé par Bob Kane sur le devant de la scène, après les deux sombres navets de Schumacher qui avaient considérablement entaché la licence. C'est peu dire que les attentes étaient placées hautes et que Nolan était condamné à réaliser un film encore plus impressionnant et complet que le deuxième, ce qu'il a fait, et ce même si le résultat apparait moins cohérent et sans doute moins maîtrisé que dans TDK.

Il est clair que les ambitions de Nolan pour ce film sont énormes (il ne s'en est d'ailleurs jamais caché, comparant son travail sur cet opus à celui des grands réalisateurs du muet) et cela se traduit à l'écran par un épisode bigger et louder, particulièrement dans la seconde partie du film où c'est vraiment le chaos à Gotham et où les destructions causées par Bane feraient presque passer les méfaits du Joker pour des enfantillages. Le film n'est pas pour autant généreux en scènes d'actions puisque, et c'est sans doute l'un des gros points noirs du film en ce qui me concerne, Batman y est très peu présent. Il y a sa première apparition (où il se fait poursuivre par les flics), son premier duel contre Bane et le bouquet final, et puis c'est tout... ce qui, il est vrai, est un peu maigre sur 2h45 de film. Ce n'est pas pour autant qu'on s'y ennuie, il se passe évidemment pas mal de choses et, globalement, force est de constater que Nolan réussit toujours à garder l'attention du spectateur et à conserver intacte la dimension divertissement de son film (j'ai vu le film deux fois au ciné, et même la deuxième fois je ne me suis pas ennuyé un instant). Toutefois, je pense malgré tout qu'il étire un peu trop un film dont le script ne nécessitait pas une telle durée, il y a sans doute trop de blabla superflu (un défaut récurrent chez Nolan) et le film aurait sans doute gagné à être plus ramassé et à se recentrer un peu plus sur Batman.

A ma première vision, j'avais été assez décontenancé par le début du film : voir ce Bruce Wayne grabataire avec sa canne a de quoi surprendre puisque la fin de TDK n'indique pas que le héros soit à ce point diminué physiquement (surtout qu'il a eu 8 ans pour se remettre). En revanche, l'introduction des petits nouveaux de cet opus est assez réussie : la scène d'introduction avec Bane n'égale pas le braquage de banque de TDK, mais présente bien le personnage et son statut de leader charismatique (il n'a qu'a demander à un de ses hommes de se sacrifier pour que celui-ci accepte sans broncher). Joseph Gordon-Levitt est la bonne surprise du film, son personnage est particulièrement mis en avant par le scénario (c'est vraiment l'un des personnages auxquels le spectateur s'identifie le plus, le jeune flic idéaliste qui se dresse contre l'oppresseur) et la prestation de l'acteur est exemplaire. Quant à Anne Hathaway, comme beaucoup j'étais sceptique quand j'ai appris qu'elle serait la Catwoman de cet opus, mais force est de constater qu'elle campe une Selina Kyle (le nom de Catwoman n'est jamais prononcé) très convaincante, moins féline que Michelle Pfeiffer mais plus proche du comics. Dommage qu'elle soit sous-exploitée dans la seconde partie du film! On peut en dire autant du personnage d'Alfred campé par Michael Caine, excellent évidemment mais qui disparait totalement après une heure de film! Vu l'importance du personnage dans la saga, je ne comprends pas comment on n'a pas au moins une scène montrant ce qu'il devient durant la révolution de Bane (même s'il n'est vraisemblablement pas à Gotham, on pouvait montrer un plan ou deux de lui en train de suivre les évènements à la télé). Rien à redire sur les prestations de Morgan Freeman et Gary Oldman, fidèles à eux mêmes (le personnage de Gordon aura bénéficié d'un remarquable traitement dans la trilogie de Nolan, on sent l'influence de Year One). Quant à Christian Bale, il manque à mon goût d'un peu de charisme et n'est pas suffisamment expressif quand il le devrait. Le meilleur exemple est la scène où Alfred annonce son départ, cette scène ne fonctionne pas comme elle le devrait, la faut à un Caine qui en fait un peu trop avec ses pleurs et un Bale totalement monolithique et qui ne dégage pas l'émotion nécessaire. Reste le cas Mario Cotillard, fausse note du casting : elle est totalement fade et son personnage est particulièrement mal traité, y compris dans le final.

A partir du moment où le plan de Bane se met en place, le film prend une toute autre dimension, Gotham sombre dans le chaos et est à la merci d'un dangereux terroriste, à l'image de son héros vaincu et physiquement amoindri. Les scènes avec Wayne dans la prison sont quelque peu stéréotypées, on a le héros blessé qui s'entraine pour vaincre cette fois son adversaire (manque plus que "Eye of the Tiger", en fond sonore) et qui devra se surpasser physiquement et mentalement afin d'effectuer l'ascension qui le mènera à la liberté (et lui permettra d’exercer sa vengeance). Plus intéressant en revanche est le traitement accordé à Gotham, où règne l'anarchie et la crainte d'une destruction complète. C'est là qu'on voit que, dans l'esprit de Nolan, les protagonistes secondaires tels que Gordon, Fox et Blake sont presque aussi important que Batman puisqu'il insiste nettement sur leur rôle dans les évènements. J'ai trouvé cette idée d'un Gotham coupée du monde et contrôlée par Bane vraiment excellente, c'est vraiment l'aboutissement de la vision d'un Gotham cœur de la criminalité que Nolan nous dresse dans Batman Begins. Ça place vraiment la ville et ses citoyens au cœur de sa vision de Batman, plus encore que le Chevalier Noir ou les super-vilains. En revanche, j'ai trouvé le final un peu décevant (surtout à la deuxième vision) : abusant un peu trop de ficelles hollywoodiennes (c'est le dernier jour, quand la bombe est prête à exploser, que tout le monde entre en action) et pas toujours très bien mis en scène niveau action (le combat Batman/Bane est moins réussi que celui dans les égouts), sans parler de la fin de Bane complètement loupée, alors que le personnage incarné par Tom Hardy est particulièrement convaincant tout au long du film, imposant une présence physique menaçante à chaque scène où il apparait (sans parler du travail effectué sur sa voix, particulièrement génial).

Au final, j'ai vraiment bien aimé ce film, une conclusion réussie à la trilogie de Nolan et qui boucle la boucle en formant un tout cohérent, que ce soit scénaristiquement ou au niveau de la vision de l'univers Batman (plus réaliste). Le film comporte un certain nombre de faiblesses, de fautes de goût (le gosse qui chante l'hymne américain avec sa voix fluette, ça fait peut-être tripper les amerloques mais bon...) et est peut-être un peu trop ambitieux pour ce qu'il a à raconter (peut-être aurait-il été préférable de moins s'éparpiller). Mais en l'état, j'ai pris beaucoup de plaisir lors de mes deux visions de ce The Dark Knight Rises, et c'est le principal.

7.5/10
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar pabelbaba » Mer 01 Aoû 2012, 22:02

Quant à Christian Bale, il manque à mon goût d'un peu de charisme et n'est pas suffisamment expressif quand il le devrait.

Un truc qu'on lit assez rarement alors que je suis complètement d'accord avec toi. Je ne comprends toujours pas le succès de cet acteur...
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Mer 01 Aoû 2012, 22:12

Y a quand même des films où il est bon (The Machinist par exemple, notamment pour la performance physique) mais dans la trilogie Batman je le trouve franchement fade. Du reste dans TDK, il peinait à exister face à Heat Ledger et Aaron Eckhart.
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Temple du lotus rouge (Le) - 7/10

Messagepar Count Dooku » Jeu 02 Aoû 2012, 21:04

Le Temple du lotus rouge (Huo shao hong lian si), Ringo Lam, 1994


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Très bonne surprise que ce Temple du lotus rouge, j'avais acheté le coffret "Saga du Kung-fu : vol.1" essentiellement pour Blade of Fury, et finalement j'ai carrément préféré celui-ci, plus fun et plus spectaculaire. A la réalisation, on retrouve un nom qu'on a pas l'habitude de voir à la tête de ce genre de film : Ringo Lam. Il faut dire qu'il s'agit d'un film de commande, confié à Lam par Tsui Hark (par ailleurs producteur du film), qui avait du décliner quand on lui avait initialement confié le projet. Et pourtant, Le Temple du lotus rouge présente un certain nombre d'originalités qui prouvent que, même s'il ne s'agit pas de son genre de prédilection, Ringo Lam est tout de même parvenu à imposer son empreinte sur le film.



Ce qui frappe en priorité avec ce film, c'est sa noirceur. Loin de l'esthétique quelque peu édulcorée et un tantinet kitsch des films d'arts-martiaux de l'époque de la Shaw Brother, Le Temple du lotus rouge se pare d'une imagerie macabre, où les monticules de crânes, les bras décharnés sortant du sol et les cadavres momifiés sont monnaie courante. Le film est également très violent, avec des mises à mort particulièrement sordides (décapitations, personnages brûlés vifs ou coupés en deux). Le Temple dont il est question dans le titre est un endroit carrément glauque, une sorte de camps de concentration mixé avec un musée des horreurs, avec à sa tête un méchant vraiment démoniaque, une espèce de sorcier lubrique et fasciné par la mort. Et si l'humour n'est pourtant pas absent, l'ambiance générale est beaucoup plus sombre que dans la plupart des films du genre, et c'est sans doute à Ringo Lam que l'on doit ce ton plus mature.



L'ambiance et l'aspect visuel mis à part, on reste devant un film d'arts-martiaux assez conventionnel : le scénario est très mince et n'est qu'un prétexte à des scènes de baston, les personnages ne sont pas originaux pour un sou (exception faite du bad guy, plus démentiel et plus malsain qu'à l'accoutumée) et c'est toujours la traditionnelle histoire des moines shaolins persécutés par les Mandchous. Cela étant, le film bénéficie d'un rythme trépidant : ça commence fort avec une course-poursuite dans un désert et les combats spectaculaires qui s'ensuivent, et dès qu'on arrive dans le temple, ça n'arrête plus jusqu'à la fin du film. Il y a vraiment très peu de temps morts, les combats sont jouissifs et superbement chorégraphiés, le film regorge d'idées visuelles intéressantes pour dynamiser les combats, bref on ne s'ennuie jamais et c'est le principal. Je reprocherais quand même un acteur principal qui manque un peu de charisme, c'est pas un Jet Li ou un Donnie Yen quoi. A part ça c'est vraiment très sympa, à conseiller absolument aux amateurs du genre! ;)

7/10
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Buffet froid - 8,5/10

Messagepar Count Dooku » Jeu 02 Aoû 2012, 21:55

Buffet froid, Bertrand Blier, 1979


Image


C'est le premier film de Bertrand Blier que je mate (j'ai même pas vu Les Valseuses!) et ben je dois dire que c'est une belle claque! Je ne m'attendais pas du tout à quelque chose de ce genre, c'est un film complètement décalé, un véritable ovni où on a l'impression que Bertrand Blier a mis un peu tout ce qui lui passait par la tête, sans chercher la moindre logique.



Dès la scène d'introduction, le ton est donné : une station de métro déserte à une heure tardive, deux personnages (Depardieu et Michel Serrault en guest) assis sur les sièges en train d'avoir une discussion quelque peu étrange, où Depardieu confie notamment son envie de poignarder quelqu'un avec son couteau. Et quelque instant plus tard, on retrouve Serrault, affalé sur le sol, le couteau de Depardieu planté dans le ventre, en train de discuter le plus naturellement du monde avec celui-ci. La scène est complètement surréaliste, et le reste du film sera du même acabit. Il règne dans Buffet Froid une atmosphère hallucinée, nourrie par l'enchainement de situations et de dialogues complètement absurdes. L'ambiance parait presque irréelle, proche d'un rêve éveillé, ce qui m'a fait penser à l'excellent After Hours de Scorsese, d'autant que comme dans ce dernier la majeure partie du film se déroule de nuit. La dernière demi-heure crée un puissant contraste visuel avec sa forte luminosité et son cadre rural, en opposition avec le cadre urbain (les immeubles résidentiels de banlieue) et l'ambiance nocturne de la première heure. Cela donne l'impression que l'on se réveille, qu'on émerge du rêve pour revenir à la réalité, et ce bien que le ton reste résolument décalé et les réactions des personnages complètement barrées.



Le scénario du film est une perle de non-sens et d'ingéniosité, l'histoire est évidemment bancale et est juste prétexte à une succession de dialogues absurdes et de situations délirantes, mais on reste captivé devant la façon dont les évènements s'enchainent, en s'étonnant chaque fois des réactions des personnages et de l'imagination dont fait preuve Blier (à la fois réalisateur et scénariste, tout est issu de son cerveau). Tout cela fonctionne très bien car les dialogues sont remarquablement écrits, percutant et jouissifs, tout comme les personnages, résolument savoureux. Le trio Gérard Depardieu/Bernard Blier/Jean Carmet fonctionne à merveille et les acteurs interprètent leur rôle avec conviction, ce qui ne devait pas être évident vu l'absence de cohérence et de logique de l'ensemble. Ils ne surjouent pas et restent sobre malgré l'absurdité des situations, ce qui est évidemment indispensable pour accentuer côté décalé de l’œuvre, et c'est ce qui est vraiment drôle (un peu comme dans C'est arrivé près de chez vous, où le jeu très naturel de Poelvoorde, en total décalage avec l'horreur de ses actes, confère un côté humoristique à l'ensemble). La mise en scène de Bertrand Blier participe grandement à l'ambiance fantasmée du film, avec beaucoup de plans fixes, une façon de filmer les décors de façon froide et déshumanisée (particulièrement dans la station de métro ou dans les banlieues urbaines). La photographie du film est particulièrement réussie, tant pour les décors nocturnes que pour les environnements champêtres de la fin du film.



Bref, un film savoureux et hypnotique, totalement surréaliste et jubilatoire. :D

8.5/10
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Scalp » Ven 03 Aoû 2012, 08:25

Cool manque plus qu'une note au film pour faire son entrer dans le top.
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Logan » Ven 03 Aoû 2012, 08:29

Je rajouterais même un demi point, j'ai peut être été un peu radin la.
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Corsaire rouge (Le) - 7/10

Messagepar Count Dooku » Ven 03 Aoû 2012, 19:10

Le Corsaire rouge (The Crimson Pirate), Robert Siodmak, 1952


Image


Après les magnifiques films noirs The Killers et Criss Cross, Burt Lancaster retrouve Robert Siodmak pour un genre radicalement différent, le swashbuckler. Et il est vrai que la tonalité du film est à mille lieues de la noirceur et du pessimisme de ces deux précédentes collaborations, tant Le Corsaire Rouge se présente comme une joyeuse pantalonnade, toute dédiée à la gloire de son acteur principal qui acquiert ici ses galons de star auprès du grand public. C'est peu dire que Lancaster en fait des tonnes, livrant une prestation exaltée (Errol Flynn parait presque sobre en comparaison) et imposant sa silhouette athlétique (d'autant que le film le montre souvent torse-nu) à travers ses nombreuses cabrioles, tandis que la caméra de Siodmak achève d'iconiser l'acteur. C'est un véritable personnage de bande-dessinée, le pirate au grand cœur, héroïque et flamboyant, flanqué d'un sidekick humoristique et muet, en la personne de Nick Cravat (ancien partenaire de Lancaster du temps où ils étaient trapézistes). Sa psychologie est évidemment sommaire (comme pour le reste du cast, on n'est pas là pour ça), et s'il se présente au départ comme un pirate opportuniste, on n'est bien sûr pas dupe et son changement d'attitude au fil du film est ultra prévisible et très convenu. Reste que Lancaster possède le charisme nécessaire pour ce type de rôle, apportant en prime son inénarrable sourire carnassier et son physique athlétique (son passé de trapéziste est largement mis à profit dans les nombreuses acrobaties auxquelles il se livre).



Inutile d'attendre monts et merveilles du scénario, qui se révèle des plus classiques et sans ambiguïté aucune mais demeure agréable à suivre, le mérite en revient à son rythme effréné, ne ménageant pratiquement aucun temps mort. Ce rythme enlevé, combiné à la légèreté de ton et les exagérations du scénario, rappelle indéniablement le burlesque muet et les cartoons. C'est très marquant dans la scène où Lancaster et Cravat se font courser par des soldats dans la ville : les idées visuelles, l'humour slapstick et les acrobaties des personnages font très nettement penser à un dessin-animé. Le Corsaire Rouge privilégie très largement l'humour et l'action au détriment du reste, inutile d'espérer ici un peu de noirceur ou de tragédie, ce qui est évidemment surprenant de la part d'un réalisateur qui s'est illustré dans le Film Noir. Siodmak livre pourtant une mise en scène parfaitement adaptée au film et à son parti-pris 100% entertainment, privilégiant la rapidité de l'enchainement des évènements sur les dialogues (hommage aux swashbucklers muets de Douglas Fairbanks?) et filmant habilement les -nombreuses- scènes d'action du film. Esthétiquement, on n'est pas au niveau de la sublime photographie du Cygne Noir de Henry King mais ça reste tout-à-fait honorable, d'autant que le film utilise beaucoup de décors naturels, offrant ainsi une ampleur bienvenue à l'ensemble. A noter la présence, dans un second-rôle de méchant, de Christopher Lee, dont la gueule si particulière est déjà aisément reconnaissable.



Un film de pirates qui remplit son contrat, et que je préfère par exemple à un film comme Le Cygne Noir car beaucoup mieux rythmé. Il reste toutefois en-deçà d'un chef d’œuvre tel que Capitaine Blood, la faute à un scénario vraiment basique et des personnages archi-stéréotypés.

7/10
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