Harry Potter And The Sorcerer's Stone (Harry Potter à l’École des Sorciers) de Chris Columbus
(2001)
Pas revu depuis la sortie vidéo, ce premier opus de la saga Harry Potter n'a jamais été porté très haut dans mon estime et c'est encore pire maintenant que je le revoie. Bien entendu, c'est loin d'être un mauvais film, ça reste même un divertissement de très bonne facture pour un jeune public, mais en tant que grand fan des bouquins je ne peux que reprocher à la Warner d'avoir lancé en production cette saga sans vraiment savoir quoi en faire par la suite. Sortie en 2001, à l'époque où la saga littéraire n'était arrivé qu'à son quatrième tome (sur sept au total), le premier film estampillé Harry Potter se veut donc un produit ouvertement calibré vers le jeune public, avec une vision d'un monde fantastique qui ose finalement très peu là où les ouvrages avaient le mérite de poser une certaine ambiguïté dans l'ambiance qu'ils décrivaient. Mais l'erreur vient aussi du niveau de la fidélité, car si le film prend bien son temps pour poser les bases d'une saga lucrative (presque 2H30 de film tout de même), il n'échappe pas aux mauvais choix d'adaptations, aux ellipses faciles et surtout ne colle pas totalement aux écrits de J.K. Rowling. En soi, ce n'est pas un défaut, mais pour une saga qui ne connaît même pas encore sa propre fin c'est véritablement gênant, donnant des personnages pas assez approfondis car n'apportant rien au film lui-même mais qui se révélera pourtant important pour les prochains opus, ce qui donnera au final une saga qui aura toujours un train de retard et qui cherchera constamment à se rattraper sur le plan scénaristique.
Heureusement, visuellement l’œuvre a de quoi encore étonner dans les moyens mis en place pour faire vivre à l'écran un tel monde, et si les effets spéciaux vieillissent horriblement mal (il suffit de comparer le troll du film à celui du premier Lord of the Rings sorti la même année, et je ne parle même pas des incrustations foireuses lors du match de Quidditch) le rendu prestigieux des décors rattrape un peu dans le rendu final. Mais le gros défaut du film (et de ce début de saga) c'est bien entendu le choix de prendre Chris Columbus au poste de réalisateur, lui qui n'a absolument pas le talent pour rendre totalement honneur au monde d'Harry Potter. Mise en scène paresseuse, jamais dynamique et qui ne cherche jamais à créer l'ampleur, cela fait clairement regretter les nombreux grands réalisateurs qui étaient en lice pour le poste (je serais même curieux de savoir quelle vision avait pu avoir Steven Spielberg à l'époque). Le score de John Williams est clairement l'une des grosses qualités du film, les thèmes sont inspirées et malgré une certaine redondance la bande-son colle toujours bien à l'univers retranscrit. Enfin, niveau casting ça côtoie le bon comme le mauvais, si l'on ne peut pas dire grand chose sur le trio d'enfants qui débutaient alors, il est juste étonnant de voir à quel point des grands talents se révèlent juste très mauvais, en particulier Alan Rickman qui donne l'impression de dissimuler un orgasme à chaque gros plan sur son visage (heureusement que le personnage est mieux mis en valeur dans les suites), pendant que d'autres, comme Maggie Smith ou Robbie Coltrane, sont juste parfaits dans leur rôle respectif. Un film somme toute assez moyen avec le recul, la faute à des grands moyens mis entre des mauvaises mains, ce qui donne un résultat franchement inégal par rapport aux opus suivants.
NOTE : 5,5/10