Le Nouveau monde |
![]() Réalisé par Terrence Malick |
8/10 |
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Synopsis
Même s'ils ne s'en rendent pas compte, le capitaine Newport et ses colons britanniques débarquent au coeur d'un empire indien très sophistiqué dirigé par le puissant chef Powhatan. John Smith, un officier de l'armée, est alors aux fers pour insubordination.
Déstabilisés, les Anglais préfèrent combattre plutôt que de s'adapter.
En cherchant de l'aide auprès des Indiens, John Smith découvre une jeune femme fascinante. Volontaire et impétueuse, elle se nommée Pocahontas, ce qui signifie "l'espiègle". Très vite, un lien se crée entre elle et Smith. Un lien si puissant qu'il transcende l'amitié ou même l'amour...
Critique
Le film évoque le choc des civilisations entre les indiens vivant en harmonie et les colonisateurs blancs à la découverte de cette eden et bien entendu à travers cette intrigue historique Malick ajoute sa patte et sa déclaration d'amour à la nature inexplorée. Le cinéaste s’empare de la légende de Pocahontas même s'il la modifie, elle reste une histoire universelle. Malick pose la question de la relation entre la nature et l'homme.
John Smith nous est montré dès le début comme un soldat rebelle indompté et on se doute qu'il ne va pas se plier aux ordres de son commandant et qu'il va n'en faire qu'à sa tête,ce bel étranger, un doux rêveur idéaliste magnétique qui n'a pas l’âme d'un conquérant mais désire s'extraire des règles de la communauté "civilisée".
Pocahontas interprétée par Q'orianka Kilcher est d'une beauté pure mais qui reste assez ouverte à la découverte du monde en général et d'autres cultures aussi. L'actrice est très naturelle convaincante, une belle révélation ce qui nous change des actrices refaites de partout du moment.
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La rencontre et la romance entre ces deux êtres désintéressés et spontanés que tout oppose apparaît tout à fait naturelle, magnifiée par les plans,la lumière très esthétique. Emotions brutes simples et vraies de cet amour impossible mais universel, on notera que les personnages ne vieillissent pas.
Dommage que la partie avec Christian Bale soit assez limitée car elle s'avère très intéressante et aurait pu etre un peu plus longue pour le coup.
Grand contraste entre les peuples, avec des blancs qui ont du mal à survivre sans confort et sombrent à petit feu, montée des tensions internes face à un futur incertain, lassés et en pleine décrépitude envahie par une volonté de destruction et de richesses. Les Indiens vivent au jour le jour dans le respect de la nature, libre de leurs mouvements dénués d'esprit belliqueux ou d'enrichissement. On pourra trouver que ces images sont un peu clichés et que les Indiens ont une image embellie de peuple presque parfait loin d'Apocalypto, c'est en partie vraie.
Le cinéate inverse les rôles et fait des sauvages le peuple blanc qui souille et gangrène tout ce qu'il approche.
On remarquera que le film est plutôt filmé comme si nous étions coté indigène et il donne rarement de plans du point de vue de l'autre camp.
Malick ne fait de la nature un eden paradisiaque inerte...c'est un acteur du film à part entière qui peut se révéler un abri ou un tombeau.
Dévastée, souillée, brûlée par les colons, elle demeure stérile. Respectée, multiple, fascinante, harmonieuse, source de vie elle peut rester un cadre de vie idéale si on y prélève des éléments de façon raisonnée.
De nombreux plans contemplatifs très esthétisantes mis en valeur par la lumière naturelle et son montage fluide. le spectateur se laisse porter dans un bain sensoriel par les images somptueuses et perd la notion d'espace et de temps pris par la virtuosité des plans au coeur de la foret vierge, sous les envols furtifs d'oiseaux, traversant lentement les champs de blés, caressant les hautes herbes. Le découpage est intelligent avec des fondus enchaînés, lents panoramiques minutieux ensorcelants.
Le petit point faible du film reste son rythme qui est globalement lent et s'emballe brutalement sur quelques retournements de situations. De part son rythme, le film peut donner un certain ennui aux plus impatients et diviser les spectateurs même si le récit reste poignant et poétique. Le "nouveau monde" est un film fleuve, qui demande un effort d'imprégnation de la part du spectateur sinon celui-ci se retrouvera face à un simple documentaire écolo.