Justice sauvage
8/10Dans la galaxie des pépites so 80’s du père Seagal, Marked for death a toujours fait office de leader incontesté. Son coté débridé et ses brisages de membres à répétitions en Jamaique l’ont installé comme LE plaisir coupable absolu de la filmographie de Saumon agile. Pourtant revoir Justice sauvage, il y a peu, permet de nuancer cette échelle de valeur avec ce qui semble être le vrai polar de l’acteur celui qui corrige toutes les carences constatées sur le précédent Nico. L’histoire reste ancrée dans le même environnement urbain mais avec cette fois ci une approche plus solide et une équipe plus chevronnée.
Steven Seagal reprend donc la défroque du flic rital borderline (quel accent en VO !) qui apparait beaucoup plus bourrin que son Nico un peu trop timoré. Sa mise en scène introductive suffit à poser les bases d’un personnage moins cool qui n’hésite à exploser des pifs pour arriver à ses fins. Mais au-delà de la partie action qui est fortement jouissive (la scène du bar !), Out of justice possède une vraie identité de polar urbain (ça sent bon les ruelles cradingues !) en grande partie imputable à son réalisateur qui arrive à composer avec les impératifs commerciaux (Seagal doit casser le plus de nuques possibles) et les codes du film de flics ripoux. Cette fragile combinaison est ici maitrisée à merveille et Seagal s’en donne à cœur joie dans ce qui semble être son film le plus dense et le mieux écrit de sa longue carrière en dent de scie. La réalisation, sans crier au génie, arrive à mettre en évidence les qualités martiales de la star en les intégrant à un enfer urbain bien retranscrit. La bonne idée du film est aussi d’opposer la star à un méchant incontrôlable répondant à des pulsions primaires totalement gratuites. Sorte de Scarface sans la moindre morale, William Forsythe reste la némésis la plus marquante des cohortes de méchant que le père Seagal a pu déglinguer. Ce dernier campe une brute camée jusqu’à l’os sans foie ni loi qui n’hésite plus à flinguer à vue. L’exécution en pleine rue est un modèle de gratuité qui montre à quel point le cinéma d’action des 80’s avait des couilles dans son appréciation de la violence frontale. Pour revenir à l’histoire, Justice sauvage, comme son nom l’indique, nous balance donc la sempiternelle histoire d’équipier mort en service qui va déclencher le courroux de son meilleur ami. Vu et revu, le réalisateur se fera malgré tout un malin plaisir de mettre à mal la croisade punitive de Seagal en écornant le statut intouchable de la victime. Le pote de Steven est présenté comme un flic véreux loin d’être irréprochable remettant en cause toute l’idéologie de la vengeance. Doit-on faire tout cela pour un flic pourri ? Il est vrai que l’on est chez Seagal et cette réflexion, à peine effleurée ne trouvera pas d’échos, l’action devant être privilégiée. Mais la question a eu le mérite d’être posée donnant ainsi du corps à un film qui, à première vue, n’en pas possédait pas. Coté baston, le fan peut se considérer comme gâté puisque le film est un défouloir avec en point d’orgue la grande séquence du bar, gros caprice égocentrique de la star mais si jouissif, à l’image de cette longue branlée mémorable ou tous les mecs vont cracher leurs dents à coup de boule de billard. Autre moment d’anthologie, le siège final se montre peu avare en violence graphique (coup de shotgun dans les guiboles) et c’est un Seagal furibard qui va dessouder un à un les bad guys du film. Moulinets, cassages, gunfights, tout y passe dans un tourbillon de gerbes de sang qui tache.
Ouf of justice mérite grandement d’être réévalué comme un Seagal largement fréquentable et qui mérite son statut de polar hard boiled. Son mixage d’action et de polar pur et dur constitue l’ossature de cette vraie réussite ou Seagal arriverait presque à passer pour un acteur correct malgré ses deux expressions. A cela si on rajoute un casting de trognes connues parfaitement géré et un méchant hystérique, cela suffit à asseoir le film de John Flynn dans la catégorie des réussites du genre.