[oso] Mes critiques en 2012

[Scalp]

Non c'est juste que le niveau moyen est faible

[Alegas]

MANIAC
William Lustig (1980) | 8.5/10

Si cette critique comporte des lettres doublées, des phrases non terminées ou des espaces entre les mots un peu chaotiques, ne m'en tenez pas rigueur, je sors d'un film aux ambiances glauques et au traitement si frontal que j'en suis tout retourné ; mes petits doigts ont du mal à trouver les touches pour apposer témoignage à la hauteur de plongée si totale dans l'enfer mental d'un homme on ne peut plus givré du caisson qu’on n’en ressort pas indemne. Maniac m'a mis mal à l'aise, comme peu de films sont parvenus à le faire, en grande partie parce que les séquences qu'il dépeint paraissent affreusement authentiques. Et ce, malgré l'horreur dont elle font l’étalage. En optant pour un point de vue unique, celui d’un tueur ravagé mentalement par une mère qui lui témoignait son amour d'une drôle de manière, Lustig nous embarque dans les méandres de ses pensées, nous inflige les obsessions qui le hantent et nous rend d'une certaine manière complices de chaque meurtre qu’il partage généreusement, comme on discute avec sa famille sur Skype. Rarement au cinéma n'a été traité aussi brutalement le thème du tueur en série : aucune concession n'est de mise, rien n’est éludé, du trauma particulier dont souffre le meurtrier, à ses orgasmes meurtriers, en passant par le repérage malsain de ses victimes, tout, vous saurez tout sur l’occision pulsionnelle.

Mais bien loin d’être gratuit, Maniac est avant tout mis en scène avec beaucoup de talent et une inventivité de chaque instant. Les maquillages sont criants de réalisme —les années n’ont aucunement émoussé la pellicule— et les meurtres tout simplement horrifiants. Le premier scalp mettra tout le monde d'accord : c'est sec, brutal, ravageur. Pour amplifier la sensation de mal être qui habite la bobine, Lustig use d’une photographie poisseuse à souhait pour donner naissance à des ambiances terriblement immersives ; mention spéciale à l'appartement de Frank Zito, aussi barré que son proprio. Le tout est envahi d'un fond sonore des plus inquiétants qui finit de transformer chaque scène de Maniac en moments lugubres et macabres qui savent émoustiller les sens.

Enfin, que dire de la prestation de Joe Spinnel, sans qui ce tueur frappé n'aurait pu toucher autant le spectateur. Il lui apporte une telle palette de sentiments qu’il parvient à rendre son atroce personnage aussi humain qu'il est inquiétant et perturbé. D’autant plus que comme Lustig n'ait choisi ne livre Maniac qu'à travers le point de vue de son tueur, aucun point de vue extérieur ne vient rendre moralisateur son récit. On est dans la peau d'un fou furieux et, impuissant, on assiste à ses faits d'arme et ses moments de perdition ; l’inquiétant bougre est mentalement atteint, dépassé par un esprit qui se joue de lui. C'est glauque, inquiétant, terriblement puissant parce qu’il n’y a pas rien à comprendre, rien à réfléchir, tout est limpide et douloureux, il faut se contenter de subir.

En gros, Maniac c'est un film qui te sort les tripes et tarde à te les rendre en fin de séance. Un vrai film de psychopathe dont la force est indéniablement son réalisme malsain, cette ambiance si dense qui rend crédible l'horreur dessinée à l'écran. Bref, grosse baffe dans ma tronche, je vais enchaîner avec quelque chose de plus léger histoire de me redessiner un petit sourire.

[angel.heart]

Une bombe !

[Jimmy Two Times]

Belle critique pour un film de barge qu'il faut je revoie. Pas vu depuis le traumatisme initial à 12 ans (merci la 5).

[osorojo]

Ah ouais, 12 ans c'est tendu quand même pour ce genre de film. Adulte on se fait déjà malmener, j'imagine pas quand t'es gamin, ça doit faire tout drôle

[John Lawrence]

Tiens, Spinell je viens de le voir jouant un petit rôle dans Police Puissance 7, la tête de l' emploi. Sinon ce Maniac, c' est clairement pas pour moi.

[Jimmy Two Times]

Ah ouais, 12 ans c'est tendu quand même pour ce genre de film. Adulte on se fait déjà malmener, j'imagine pas quand t'es gamin, ça doit faire tout drôle

Merci maman de m'avoir mis une télé dans la chambre...

[Scalp]

Maniac c'est pas un film pour les fans d'ET

[francesco34]

Maniac c'est pas un film pour les fans d'ET

Ah ben moi jeune ado j'adorais E.T. et Maniac, Zombie, Massacre à la tronçonneuse... en gros tous les films où y'avait écrit interdit aux moins de 18 ans au videoclub je louais

[Mark Chopper]

Il faut que tu expliques ce qu'est un vidéoclub pour les plus jeunes.

[osorojo]

ESSENTIAL KILLING
Jerzy Skolimowski (2010) | 6.5/10

Je suis plus que mitigé à propos de ce survival un brin too much dans certaines séquences pour laisser un goût d'authenticité en bouche. C'est vraiment à mon sens le problème du film, vouloir à tout prix révéler cet instinct de survie extrême qui peut habiter un homme en danger de mort, même si c'est au dépend de l'histoire en elle même. Essential Killing, c'est simplement ça, pendant 1h30, comment un homme poursuivi par des militaires, que l'on devine prêts à le tuer vu qu'il a buté quelques uns de leurs frères d'arme, va courir après ce souffle de vie qui lui reste, essayant de ne pas le laisser s'échapper dans cette neige qui semble tout faire pour l'en priver.

Si en soit, cette volonté du réalisateur de réaliser un survival ultime est louable, ce qui m'embête plus c'est qu'il manque finalement cruellement d'inspiration pour le rendre crédible. Ainsi apparaissent de nulle part des scènes complètements insensées qui n'ont d'autre but que de montrer le côté bestial d'un homme en fuite, frigorifié, affamé. C'est vraiment dommage, car Skolimowski est un véritable esthète et soigne son film de façon remarquable. Les prises de vue sont splendides aidées par une photographie aux petits oignons qui esthétise avec beaucoup de finesse une forêt enneigée et meurtrière. Et en plus de réussir formellement son film avec beaucoup de classe, il s'entoure également d'un comédien complètement impliqué dans son rôle de fuyard enragé. Vincent Gallo est encore une fois hallucinant de réalisme, il fait mouche et porte le film sur ses épaules avec beaucoup de talent.

Tout était donc réuni pour faire d'Essential Killing un film coup de poing, qui aurait pu s'imposer comme une référence dans le genre. Malheureusement, toute cette beauté filmique, tout ce talent d'acteur est gâché par un script faiblard et trop hétérogène pour convaincre. Non pas que j'attendais une histoire dense et originale, mais j'aurais beaucoup apprécié un peu plus d'honnêteté quant aux séquences clés du film.

[osorojo]

THE GREY
Joe Carnahan (2012) | 6/10

J'y suis pourtant allé avec un gros smile dans cet enfer blanc, territoire de loups affamés prêts à en découdre avec tout intrus assez fou pour fouler la même neige qu'eux. Neige qui ne cessera pendant tout le film de s'abreuver du sang des malheureux passagers d'un vol dont la dernière piste d'atterrissage fut un manteau neigeux aussi fatal qu'enchanteur. Enchanteur parce que le film jouit d'une photographie soignée qui met en valeur avec beaucoup de savoir-faire des étendues sauvages magnifiques. On se délecte de la moindre attention portée à chaque détail composant cette ambiance polaire dont le film est imbibé. D'autant plus que la mise en scène est à la hauteur de ce travail d'orfèvre, sans cesse au coeur de l'action, elle est dynamique mais sait également se faire discrète et vicieuse quand il faut faire monter le suspens.

Elle l'est pour un temps en tout cas. Toute la première partie du film est d'une efficacité redoutable, elle pose les personnages et l'histoire du film avec la précision d'un horloger, on se sent impliqué et en phase avec le personnage central incarné avec retenue par un Neeson qui fait le taff, mais jamais plus. Toute cette mise en bouche laisse présager un développement haletant, les premières scènes qui concrétisent cette présence sauvage en nous montrant les loups, à travers le simple reflet de leurs yeux dans le noir, sont des plus réussies et savent instaurer le suspens suffisant pour un survival bien burné.

Malheureusement, une fois tombés les quelques pions dont tout le monde se fout, le script fait du sur place, le réalisateur préférant donner à ses personnages des élans de drama queen des plus malvenus. Ainsi on passe d'une ambiance inquiétante, d'un suspens bien mené, de scènes courtes mais dynamiques à du grand n'importe quoi, des tables rondes entre adolescents quarantenaires qui se jaugent pour savoir qui occupera la place du male alpha. Du coup, on se fade des tirades larmoyantes, des regrets accompagnés d'excuses de pleureuse qui balaient d'un souffle tout l'aspect intéressant que le début du film avait commencé à construire.

Et comme si ça ne suffisait pas, comme conscient de tourner un peu en rond, le réalisateur choisit d'orienter son script vers celui d'un film catastrophe. On est vraiment pas loin d'un destination finale pour la dernière mort, ça m'a littéralement achevé. Pourquoi toujours vouloir en faire plus quand on peut faire bref et efficace. The Grey aurait eu bien plus de poigne sans cette dernière demie-heure si ce n'est inutile, complètement soporifique. On en oublie même presque les loups, la nature se chargeant d'augmenter le bodycount, jusqu'à ce duel final entre les deux males alpha, chacun représentant son espèce. Duel complètement ridicule, qui finit d'achever un film qui avait pourtant tout pour plaire et s'imposer dans le genre.

Franchement, c'est quoi ce duel en carton. J'étais bidonné devant l'écran. Le mec qui a le temps de se préparer, au ralenti en plus s'il vous plait. Des petits tessons entre les doigts et vaz y que j'rentre dans l'arène pour une dernière baston contre un loup qui a la courtoisie de m'attendre. Complètement en décalage avec le côté sauvage et impitoyable des bestioles du début.

Quel déception, quel gâchis.

[erferf]

Faut l'voir comme un voyage shamanique et un parcours initiatique

(j'trouve aussi ca très proche d'un délire viking avec les loups, j'y ajoute ptet moi-même un niveau de lecture mais ca m'plait bien ^^)

[Dunandan]

HOLY MOTORS
Leos Carax (2012) | 8/10

Premier film que je vois d'un réalisateur dont je n'avais jamais entendu parler jusqu'alors, Holy motors fut une gifle sensorielle qui m'a totalement pris au dépourvu. Un ofni sorti de nulle part qui parvient, dès ses premiers tours de bobine, à envoûter le spectateur, tant les ambiances dans lesquelles il le transporte sont passionnantes. Leos Carax mène son navire avec poigne et inspiration, jamais l'intensité qui caractérise chaque plan de son dernier film ne faiblit, à l'instar de la performance de son acteur principal, transporté par un personnage dont l'écriture semble légère mais pourtant si précise. Denis Lavant est incroyable, se donnant corps et âme pour donner de l'authenticité à Oscar, un acteur d'un genre nouveau, constamment entre deux scènes, alternant entre rire et larme, ne sachant plus où est sa place entre réalité et fiction. Aidé par un script solide qui le met dans des situations très créatives, il permet à Holy motors de nous proposer un cinéma d'une autre trempe, où l'expérimentation est de mise, où la fraîcheur des idées prime. En cette période de remaking en pagaille, un peu d'air nouveau est salvateur.

Mais si Holy motors impressionne par son script atypique ainsi que sa direction d'acteurs, il se révèle également virtuose en matière de mise en scène. Leos Carax fait virevolter sa caméra avec l'aisance d'un funambuliste non assuré, chaque séquence est soignée et accompagnée d'une esthétique à toute épreuve. Nombreuses sont les scènes qui savent nous surprendre, tant dans ce qu'elle raconte que comment elles le font. On en prend plein la tronche pendant près de 2h et on en redemande une fois le générique de fin déroulé.

Pour conclure, juste un petit mot sur Leos Carax que j'ai découvert avec ce film. Holy motors est la marque d'un réalisateur ayant beaucoup de panache, que l'on sent surtout détaché des préoccupations de rentabilités qui empoisonnent de nombreux films. Transparaît en tout cas de son dernier bébé un réel amour pour le cinéma et une volonté de ronger jusqu'à l'os les possibilités qu'offre le 7ème art. J'ai très envie de découvrir ses précédents films, j'espère sincèrement qu'ils seront de la même trempe que ce superbe Holy Motors.

[Mark Chopper]

Bon, j'ai vu tout ce qu'il a réalisé à part celui-là (qui ne m'inspire aucune confiance).

Tu peux retrouver le personnage de Monsieur Merde dans son segment du film Tokyo!

Sinon, j'aime beaucoup Mauvais sang et Les Amants du Pont-Neuf, mais ce sera bien différent...