Si cette critique comporte des lettres doublées, des phrases non terminées ou des espaces entre les mots un peu chaotiques, ne m'en tenez pas rigueur, je sors d'un film aux ambiances glauques et au traitement si frontal que j'en suis tout retourné ; mes petits doigts ont du mal à trouver les touches pour apposer témoignage à la hauteur de plongée si totale dans l'enfer mental d'un homme on ne peut plus givré du caisson qu’on n’en ressort pas indemne. Maniac m'a mis mal à l'aise, comme peu de films sont parvenus à le faire, en grande partie parce que les séquences qu'il dépeint paraissent affreusement authentiques. Et ce, malgré l'horreur dont elle font l’étalage. En optant pour un point de vue unique, celui d’un tueur ravagé mentalement par une mère qui lui témoignait son amour d'une drôle de manière, Lustig nous embarque dans les méandres de ses pensées, nous inflige les obsessions qui le hantent et nous rend d'une certaine manière complices de chaque meurtre qu’il partage généreusement, comme on discute avec sa famille sur Skype. Rarement au cinéma n'a été traité aussi brutalement le thème du tueur en série : aucune concession n'est de mise, rien n’est éludé, du trauma particulier dont souffre le meurtrier, à ses orgasmes meurtriers, en passant par le repérage malsain de ses victimes, tout, vous saurez tout sur l’occision pulsionnelle.
Mais bien loin d’être gratuit, Maniac est avant tout mis en scène avec beaucoup de talent et une inventivité de chaque instant. Les maquillages sont criants de réalisme —les années n’ont aucunement émoussé la pellicule— et les meurtres tout simplement horrifiants. Le premier scalp mettra tout le monde d'accord : c'est sec, brutal, ravageur. Pour amplifier la sensation de mal être qui habite la bobine, Lustig use d’une photographie poisseuse à souhait pour donner naissance à des ambiances terriblement immersives ; mention spéciale à l'appartement de Frank Zito, aussi barré que son proprio. Le tout est envahi d'un fond sonore des plus inquiétants qui finit de transformer chaque scène de Maniac en moments lugubres et macabres qui savent émoustiller les sens.
Enfin, que dire de la prestation de Joe Spinnel, sans qui ce tueur frappé n'aurait pu toucher autant le spectateur. Il lui apporte une telle palette de sentiments qu’il parvient à rendre son atroce personnage aussi humain qu'il est inquiétant et perturbé. D’autant plus que comme Lustig n'ait choisi ne livre Maniac qu'à travers le point de vue de son tueur, aucun point de vue extérieur ne vient rendre moralisateur son récit. On est dans la peau d'un fou furieux et, impuissant, on assiste à ses faits d'arme et ses moments de perdition ; l’inquiétant bougre est mentalement atteint, dépassé par un esprit qui se joue de lui. C'est glauque, inquiétant, terriblement puissant parce qu’il n’y a pas rien à comprendre, rien à réfléchir, tout est limpide et douloureux, il faut se contenter de subir.
En gros, Maniac c'est un film qui te sort les tripes et tarde à te les rendre en fin de séance. Un vrai film de psychopathe dont la force est indéniablement son réalisme malsain, cette ambiance si dense qui rend crédible l'horreur dessinée à l'écran. Bref, grosse baffe dans ma tronche, je vais enchaîner avec quelque chose de plus léger histoire de me redessiner un petit sourire.