Clairement le meilleur film de super-héros depuis The Dark Knight (et si on met de côté le jubilatoire Kick Ass, du même réalisateur), bien supérieur au récent Avengers et à tous ses stand alone. Ce préquel aux films de Bryan Synger (sympathiques mais loin d'être exceptionnels) nous conte donc l'origine de la clique de mutants à travers l'amitié naissante entre Charles Xavier et Erik Lehnsherr. Pas de mystère, les rôles de bad guy étant souvent les meilleurs, Michael Fassbender bouffe littéralement l'écran en Magneto et nous fait profiter d'une performance incandescente et peu commune dans un blockbuster de ce type. Il est clairement le maillon fort de l'entreprise et tire indéniablement l'ensemble vers le haut.
James McAvoy est naturellement un peu plus en retrait (l'utilisation fantaisiste de ses capacités en début de métrage sonnent un peu creux) mais c'est le personnage qui veut ça. Il profite tout de même de l'état de grâce de son partenaire de jeu et de leurs scènes communes pour se mettre en valeur et ainsi dépasser les contraintes inhérentes à ce type de personnage dont les décisions ne sont prises que dans un seul objectif: faire le bien.
La richesse narrative du film est surprenante, le discours de tolérance mais aussi d'indépendance toujours d'actualité et la petite histoire des X-Men s'incorpore brillamment dans la grande histoire du monde (WWII, guerre froide, crise de Cuba). Ah oui, et le bad guy officiel du film est plutôt réussi et bien interprété par un Kevin Bacon qui continue de relever un peu la tête depuis quelques années (on est bien loin des tâcherons style Loki, par exemple). La troupe de jeunes mutants envoyée au casse pipe est relativement supportable même si on peut regretter quelques erreurs de casting (Jennifer Lawrence un peu trop bouboule en Mystique ou Angel, personnage insipide et qui participe à une scène d'action particulièrement laide dans le climax final).
Enthousiasmant sur le fond, ce X-Men : First Class l'est malheureusement nettement moins sur la forme. Pourtant, Matthew Vaughn n'est pas le moins doué des réalisateurs (son jouissif Kick Ass en atteste) mais la faute incombe clairement à une production sûrement bâclée pour des raisons de délais. On le ressent surtout au niveau des CGI, loin des standards actuels et parfois franchement laids. On a tout de même le droit à une chouette séquence d'entraînement en split screen. La photo grisâtre et un peu tristounette se justifie par l'ambiance de guerre froide qui règne dans le background.
Dernier petit bémol concernant l'épilogue qui accélère un peu trop l'histoire et grille quelques cartouches qu'il aurait été intéressant de développer dans l'inévitable suite qui risque du coup d'en pâtir. Ce premier volet aurait dû se conclure 15 minutes plus tôt et la suite aurait eu tout le loisir de se recentrer encore plus sur le personnage de Magneto (une espèce d'Empire Strikes Back à la sauce X-Men, ça l'aurait fait). Mais pour une fois qu'un blockbuster Marvel se démarque nettement pour son fond plutôt que de sauver les meubles par sa seule forme, on ne va pa faire la fine bouche.