De Alexandra Leclere
Synopsis : Deux sœurs vont kidnapper leur mère pour l'obliger à les aimer.
L’affiche du film. Voilà bien la seule chose qui ne tourne pas rond dans « Maman ». Elle montre la mère l’air surpris un brin résigné - Josiane Balasko - ligotée sur une chaise et entourée par ses deux filles – Marina Foïs qui donne des gages pour l’avenir et Mathilde Seigner qui se reprend après « Dans la tourmente » – sourires au lèvres. Cette affiche qui fleure bon la comédie française vue et revue est à l’opposé de ce quatrième long métrage d’Alexandra Leclere, réalisatrice française à qui l’on doit notamment « Les sœurs fâchées » ou « Le prix à payer ».
Car cette fois c’est une fausse comédie et un vrai drame enrobé d’humour charbon noir que nous propose celle qui avait débuté derrière la caméra en 2003 avec « Bouche à bouche ». Avec sa marâtre baleine Balasko au verbe haut et à la répartie incroyablement blessante, « Maman » nous fait certes grincer de rire la première demi-heure. Et, à dire vrai, on en jubile encore tant les dialogues sont autant d’uppercuts en pleine poire.
Mais très vite le film en se contente pas de tacler pour le besoin. Tel un « Deux jours à tuer » de Jean Becker dans lequel surnage Albert Dupontel, Alexandra Leclere écorche vif les repères et les valeurs familiales au moyen d’un scénario jusqu’auboutiste que d’aucuns trouveront exagéré. Bien plus qu’une comédie grinçante portée par trois actrices toujours dans le ton glaçant voire terrifiant, où chaque plan a quelque chose à dire, « Maman » se veut un embryon de réflexion sociétale. Si elle n’y parvient pas totalement - la faute à une fin qu’on aurait aimé plus ténébreuse pour sembler plus crédible - « Maman » a le mérite d’avoir osé franchir un pas pour poser un pied là où personne ne l’attendait.
7,5/10