Prometheus |
Réalisé par Ridley Scott et saccagé par Damon Lindelof
Avec Noomi Rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Idris Elba, Guy Pearce, Logan Marshall-Green, Sean Harris
Science Fiction, USA, 2h04- 2012 |
6/10 |
Résumé : Une équipe d'archéologues découvre sur Terre, un indice sur l’origine de l’humanité. Cette découverte les entraîne dans un voyage d'exploration aux confins de l'espace...
Je n’attendais pas particulièrement Prometheus, je n’avais donc pas de grandes espérances ou exigences à l’égard de ce film et c’est fort heureux car Ridley Scott est tout de même parvenu à me décevoir. A la sortie de la séance, je me suis interrogée sur l’intérêt de retourner aux sources de l’univers d’Alien pour proposer une intrigue aussi médiocre et sans aucune âme. Ma première réaction a vraiment été : tout ça pour ça !
J’ai eu l’impression d’avoir reçu un œuf Kinder avec son savoureux enrobage lait/chocolat qui serait dépourvu de sa surprise à l’intérieur. Un œuf Kinder sans le cadeau, c’est finalement d’une tristesse ! Car
Prometheus ressemble assurément à une coquille vide. L’emballage SF est prometteur et visuellement magnifique mais l’intrigue est dénuée de surprises, peuplée de personnages insipides et sans grand intérêt, elle donne une impression d’inachevée, tant les comportements incohérents des différents protagonistes semblent varier en fonction probablement de la réécriture du scénario. Je ne compte plus les moments où des personnages font l’inverse de ce qu’ils pensaient dans la scène précédente. Soit disant un voyage aux confins de l’espace, d’une expédition scientifique pour découvrir le mystère de nos origines. Plutôt une belle brochette d’idiots tellement caricaturaux que le spectateur se désintéresse totalement de leur sort. Aucun personnage ne parvient à nous transmettre le frisson de la découverte. Ils ne suscitent aucune émotion, aucune empathie. On se contente d’observer d’un œil consterné et ennuyé cette triste mascarade de décompte mortel dont la trame générale ne fait que plagier
Alien sans aucune once d’inspiration ou d’originalité (exploration du Nostromo désert/David déambulant seul dans les coursives ; l’androïde au comportement ambigu ; la découverte du vaisseau sur LV-426 /des mausolées sur LV-223 ; l’enchaînement des disparitions ; la scène de la césarienne/la scène du repas avec la mort de Kane, etc…). Il n’y a aucune ambiance, aucun sentiment quel qu’il soit, tout est froid et vide, comme le visage inexpressif de Meredith Vickers. Beaucoup trop de personnages inutiles qui ne semblent là que pour accroître le quota de morts. Les interprétations sont franchement limites. A la décharge des acteurs, ils ne semblent bénéficier d’aucune direction d’acteurs, leurs personnages sont mal écrits et sans profondeurs, quant aux dialogues ils sont d’une banalité affligeante ! Seul
Michael Fassbender se montre excellent dans son rôle. Il transcrit à merveille une candeur enfantine, toute à la fois désarmante et cruelle, oscillant entre vilénie et sensibilité. Une interprétation qui résonne comme un exploit, tant il n’est pas aidé par un personnage à la programmation et aux motivations girouettes totalement antinomiques d’une intelligence artificielle méthodique.
Tout comme pour
Star Wars ou
Jaws, ce qui fit en partie d’
Alien un chef d’œuvre, ce sont finalement les limites techniques inhérentes à l’époque. En masquant par nécessité, son xénomorphe dans les coursives obscures du Nostromo,
Scott avait su insuffler angoisse et sentiment d’oppression. Il avait, avec un franc succès, joué avec notre peur viscérale du monstre du placard. Libéré des contraintes techniques pour
Prometheus, par la grâce de l’évolution numérique, il se noie dans la grandiloquence des décors, s’amuse avec ses nouveaux jouets pourvoyeurs de magnificence visuelle, oubliant qu’un film se doit d’être un subtil équilibre entre la technique, le propos et l’interprétation. Dès lors sa quête des origines de l’humanité se suit sans susciter une once de fascination. Son film devient un joli voyage visuel parfois spectaculaire mais scénaristiquement bancal qui provoque finalement l’ennui. Pourquoi s’intéresser à une énigme, dont on a deviné l’essentiel dès l’introduction
Scott commet la même erreur impardonnable que
Georges Lucas avec
Darth Vador. Sa préquelle démystifie complètement la figure emblématique du
Space Jokey. Etre énigmatique et gigantesque, titan majestueux endormi pour l’éternité dans
Alien qui devient dans
Prometheus Somme toute, l’intrigue est résumée dans le titre du film, Prométhée était bien un Titan déchu.
Une esthétique, un peu de sensationnel mais pas de cœur, ni d’émotions ou de fascination, c’est là toute la désillusion provoquée par Prometheus. J’espérais de Ridley Scott un peu plus que les grosses ficelles d’un simple Blockbuster estival. Donc 3 points pour la direction artistique (mise en scène, SFX, paysages, décors et musique) et 3 points pour Michael Fassbender (aussi un peu pour Noomi Rapace et Idris Elba).