True Grit, Ethan Coen et Joel Coen 2010)
Après un western urbain très concluant (No Country for Old Men), les frères Coen réitèrent ça avec True Grit en s'essayant cette fois-ci aux classiques (entre désenchantement de l'Ouest et valorisation de la bravoure). Une nouvelle réussite du genre, et certainement l'un de leurs tous meilleurs films des années 2000, après une série de comédies très moyennes.
Le titre dévoile déjà un peu le fond du film : ceux qui ont un cran au-dessus de la norme. Or, la grande originalité est le personnage principal, incarné par une jeune fille (l'étonnante Hailee Steinfeld) qui traque le meurtrier de son père. Elle évolue dans un monde sans pitié, et gère sa place comme une grande, en jouant avec ses talents de marchandeuse, ou en imposant par sa détermination. Finalement, c'est elle la vraie True Grit, entourée de deux chasseurs de primes (incarnant la vieille et la nouvelle génération, thème classique du western) qui auront à prouver leur bravoure qui est plus ou moins remise en question (ce qui se produira au cours de quelques scènes d'action un peu courtes, mais intenses et épiques), car ils ont la gueule de l'emploi, mais n'en mènent pas toujours large.
Les trente premières minutes sont un petit bonheur d'écriture, le vrai talent des frères Coen. Un petit mélange d'humour noir et de réalisme (j'ai beaucoup aimé par exemple la scène de la pendaison, où chacun a droit à la parole, sauf l'indien, après quoi l'exécution subit une accélération). Les deux accompagnateurs sont bien introduits, de manière efficace, surtout celui qui est incarné par Jeff Bridges, dont la personnalité ambivalente est exhibée au cours d'un tribunal, parfait lieu des contradictions (puis le coup des chiottes, je me demande si ce n'est pas un clin d'oeil à The Big Lebowski ...).
Par contre, j'ai trouvé que la qualité du film, son écriture, était parfois aussi son défaut, dans la seconde partie du moins. Les péripéties censées approfondir la personnalité des chasseurs de prime me semblaient parfois un peu trop décrochées du fil du récit (mais qui apportent un plus en humour comme Cogburn qui raconte ses histoires d'amour tombées à l'eau), et les dialogues, trop récités et manquant de naturel avec un problème de rythme. Ensuite il n'y a rien de bien surprenant dans cette histoire à part le postulat de base inclut dans le titre, mais j'ai beaucoup apprécié la noirceur qui se dégage parfois des situations (surtout celles tournant autour de Bridges, vraiment LE personnage le plus passionnant du film, qui écrase la prestation de Matt Damon, qui est pas mal sans plus), non par cynisme, mais plutôt par réalisme/survie (exemple : lorsqu'il revient sur sa parole de donner à un mourant une bonne tombe car la terre est dure en hiver), ou par honneur (lorsqu'il affronte plusieurs hommes à lui tout seul alors qu'il pourrait se faire aider, nous rappelant de pures scènes de western).
Bien que la fille soit le pilier du groupe, à la toute fin cette dernière subit la dure loi de l'Ouest, et ce sont ces deux hommes qui brandissent leur courage, à travers une toute dernière scène très émouvante, la seule d'ailleurs qui enchaîne autant de plans magnifiques (alors que le reste de la réalisation demeure assez académique - bien qu'animée par une superbe photographie - essentiellement tournée autour des dialogues). Enfin, si le bad-guy manque d'applomb par rapport au trio principal, il est loin d'être mal écrit : il participe à la logique du désenchantement (un pauvre diable qui n'a pas eu de chance), et répond ironiquement à la citation biblique du début (Le méchant prend la fuite sans qu’on le poursuive).
Le titre dévoile déjà un peu le fond du film : ceux qui ont un cran au-dessus de la norme. Or, la grande originalité est le personnage principal, incarné par une jeune fille (l'étonnante Hailee Steinfeld) qui traque le meurtrier de son père. Elle évolue dans un monde sans pitié, et gère sa place comme une grande, en jouant avec ses talents de marchandeuse, ou en imposant par sa détermination. Finalement, c'est elle la vraie True Grit, entourée de deux chasseurs de primes (incarnant la vieille et la nouvelle génération, thème classique du western) qui auront à prouver leur bravoure qui est plus ou moins remise en question (ce qui se produira au cours de quelques scènes d'action un peu courtes, mais intenses et épiques), car ils ont la gueule de l'emploi, mais n'en mènent pas toujours large.
Les trente premières minutes sont un petit bonheur d'écriture, le vrai talent des frères Coen. Un petit mélange d'humour noir et de réalisme (j'ai beaucoup aimé par exemple la scène de la pendaison, où chacun a droit à la parole, sauf l'indien, après quoi l'exécution subit une accélération). Les deux accompagnateurs sont bien introduits, de manière efficace, surtout celui qui est incarné par Jeff Bridges, dont la personnalité ambivalente est exhibée au cours d'un tribunal, parfait lieu des contradictions (puis le coup des chiottes, je me demande si ce n'est pas un clin d'oeil à The Big Lebowski ...).
Par contre, j'ai trouvé que la qualité du film, son écriture, était parfois aussi son défaut, dans la seconde partie du moins. Les péripéties censées approfondir la personnalité des chasseurs de prime me semblaient parfois un peu trop décrochées du fil du récit (mais qui apportent un plus en humour comme Cogburn qui raconte ses histoires d'amour tombées à l'eau), et les dialogues, trop récités et manquant de naturel avec un problème de rythme. Ensuite il n'y a rien de bien surprenant dans cette histoire à part le postulat de base inclut dans le titre, mais j'ai beaucoup apprécié la noirceur qui se dégage parfois des situations (surtout celles tournant autour de Bridges, vraiment LE personnage le plus passionnant du film, qui écrase la prestation de Matt Damon, qui est pas mal sans plus), non par cynisme, mais plutôt par réalisme/survie (exemple : lorsqu'il revient sur sa parole de donner à un mourant une bonne tombe car la terre est dure en hiver), ou par honneur (lorsqu'il affronte plusieurs hommes à lui tout seul alors qu'il pourrait se faire aider, nous rappelant de pures scènes de western).
Bien que la fille soit le pilier du groupe, à la toute fin cette dernière subit la dure loi de l'Ouest, et ce sont ces deux hommes qui brandissent leur courage, à travers une toute dernière scène très émouvante, la seule d'ailleurs qui enchaîne autant de plans magnifiques (alors que le reste de la réalisation demeure assez académique - bien qu'animée par une superbe photographie - essentiellement tournée autour des dialogues). Enfin, si le bad-guy manque d'applomb par rapport au trio principal, il est loin d'être mal écrit : il participe à la logique du désenchantement (un pauvre diable qui n'a pas eu de chance), et répond ironiquement à la citation biblique du début (Le méchant prend la fuite sans qu’on le poursuive).
Un film qui ne marque pas le genre (dans le sens d'une évolution), bien qu'assez rafraîchissant par le point de vue qu'il offre, et compte sans aucun doute parmi les valeurs sûres de ces dernières années. Un bon casting et des personnages bien (trop ?) écrits.