Police story
7/10Revoir Police Story de nos jours, c’est un peu comme repartir dans le temps, à l’époque bénie des Kung Fu comédies diffusées le dimanche à 18 heures sur Canal plus. On y alternait alors, d’une semaine sur l’autre, un Disney classique avec un bon vieux Jackie Chan des familles.
Bon passé le facteur nostalgie, on trouve quand même à boire et à manger dans ce film devenu classique au fil des années. Le temps a beau faire son office, il n’arrivera jamais à user l’impressionnante séquence d’introduction proposant deux monuments d’action que sont la destruction entière d’un bidonville (M.Bay s’en rappellera pour son Bad boys 2) et la spectaculaire poursuite avec le bus. Cette introduction tonitruante pourrait être le climax final d’une palanquée de série B d’action. Passé ce morceau de bravoure, Jackie réalisateur impose ce qu’il aime par-dessus, la comédie matinée de gags visuels et de quiproquos sentimentaux. Le problème c’est qu’il n’y a va pas avec le dos de la cuillère. Car si l’on excepte la scène de fight sur la voiture en pleine nuit (hallucinante coordination !), il faudra quand même se frapper près de 45 minutes de comédie assez inégales. De ce point de vue là, je fais et je ferais toujours un blocage sur l’aspect débilos de ce type de situation. Toute la partie dans l’appart de Jackie avec sa nana et Maggie Cheung est juste insupportable (musique comme acting) et je mentionne même pas la vraie fausse agression avec l’autre triso de flic. Le coup des téléphones est rigolo une minute mais ça traine trop en longueur pour ne pas devenir pénible. Il reste néanmoins la séquence du tribunal qui est plutôt bien réussi et qui permet de tenir. Mais là où le film est plus malin qu’il n’y parait, c’est dans le traitement du personnage joué par Jackie Chan. D’abord flic intègre, déconneur et devenu héros malgré lui, il va lentement glisser dans la défroque du flic badass omnibulé par son ennemi. Il se mue en bras armé capable de prendre en otage son boss, d’aller au-delà des institutions qu’il chérissait pour poursuivre sans relâche sa cible. Ce qui nous amène vers le dernier quart d’heure du film et son final incroyable dans un centre commercial. Toute la panoplie y passe, cascades, destruction et arts martiaux avec une vitesse d’exécution proprement incroyable. La furie de ce final suffit, à lui seul, à réhabiliter les errements passés.
Malgré les imperfections comiques, Police story livre la marchandise en matière d’action et il y a une exigence du spectaculaire qui force le respect et surtout qui repousse les limites que peu de films encore aujourd’hui peuvent afficher. Je dirais juste que Police Story souffre du même paradoxe que le syndicat du crime 2. Le film est bancal, souffre de nombreux défauts. Mais grâce à la flamboyance de ses scènes d’action et la folie ambiante, il gagne aisément ses galons de Rolls Royce de l’action.