ROBOCOP - Paul Verhoeven (1987)
Pour son premier film de SF, Verhoeven reçoit le script de Robocop. Dans un premier temps, il n'est clairement pas emballé, trouvant le titre et le concept pas très intéressant. Convaincu par son épouse, qui lui montre à quel point le script n'est pas celui d'une vulgaire série B, Paulo s'attaque donc à la réalisation de ce qui reste aujourd'hui comme un film culte pour toute une génération, aussi bien grâce à l’icône qu'est devenu le personnage que pour sa radicalité du propos, qui ne sera décelable que par ceux qui accepteront d'aller au delà des apparences.
En effet, en utilisant cette histoire de flic assassiné et ramené à la vie sous la forme d'un produit contrôlable, Verhoeven balance sa vision radicale de son pays d'adoption, pointant avec violence et cynisme les dérives d'une société déliquescente, alors en pleine ère Reagan. On peut voir aussi dans Robocop une attaque frontale contre le système hollywoodien, symbolisé dans le film par la toute puissante OCP, multinationale bien décidée à prendre le contrôle de Detroit, quel qu'en soit le prix.
Une entreprise dont les dirigeants sont des technocrates cocainés sans aucun scrupule, et dont le héros devra s'affranchir pour mener à bien sa "mission". Des thématiques qui préfigurent déjà ses deux autres films de SF, Total Recall et Starship Troopers.
En filigrane, on peut aussi voir dans Robocop une métaphore christique, le personnage d'Alex Murphy pouvant être vu comme une version moderne de Jésus, d'abord exécuté dans la plus grande violence (il est d'ailleurs mis à terre, les bras en croix avant d'être amputé à coup de shotgun) puis ressuscité.
Robocop a aussi marqué les esprits grâce à la réalisation sans concession de Verhoeven, n'hésitant pas à livrer une des séries B les plus violentes des 80's, et le revoir aujourd'hui est presque un choc, tant les productions du même genre sont désormais édulcorées et sans saveur. Rien que la première scène avec le test du robot ED-209 donne le ton d'un film qui n'hésitera pas à massacrer ses personnages plein cadre. A ce titre, la mort de Murphy reste encore à ce jour une des scènes les plus graphiques du genre, tout comme la mort d'un des bad guys, carrément gore.
Si on l'aborde de manière plus directe, Robocop est surtout un excellent film d'action totalement ancré dans son époque et aussi visionnaire par certains aspects (la publicité à outrance, la toute puissance des multinationales, une société rongée par la violence et la sur-médiatisation), la naissance d'une icône salvatrice qui se libérera de l'emprise de ses supérieurs pour rendre sa justice.
En ce sens, on peut considérer Alex Murphy comme l'alter ego du réalisateur, qui comme lui fait partie d'un système qu'il va dynamiter de l'intérieur.
Un film qui n'oublie pas non plus d'être touchant, notamment grâce à un scène magnifique où Murphy retourne dans son ancienne maison.
Le casting est impeccable, Peter Weller arrive à insuffler beaucoup d'humanité à son personnage, alors qu'il sera masqué pendant les deux tiers du film, Nancy Allen est touchante en partenaire courageuse et les bad guys sont vraiment excellents (Clarence Boddicker, méchant culte par excellence). Pour ne rien gacher, le score de Poledouris est carrément épique et reste en tête longtemps après la séance.
Vous l'aurez compris, Robocop fait également partie de mes films cultes, ceux découvert très jeune et qui constituent les fondements de ma cinéphilie (je me rappelle encore de ma première vision sur France 3 avec le rectangle blanc en bas de l'écran, qui signifiait l'interdiction aux moins de 13 ans ). Un film indémodable qui pour moi n'a pas pris une ride 25 ans après sa sortie, et qui sera apprécié à sa juste valeur par les personnes de bon goût.
Reste à espérer que José Padhila n'édulcore pas ce monument burné et subversif de la SF avec son remake !
Dead or alive, you're coming with me !
10/10