#Réalisateur# Akira KUROSAWA

[Dunandan]

J'aimerais bien que tu m'expliques tes trois premières notes .

[Count Dooku]

Ah, Akira Kurosawa... L'un des meilleurs réalisateurs de tous les temps, l'un des rares cinéastes à ne m'avoir jamais déçu. Chacun de ses films possède quelque chose de fascinant, et son cinéma a quelque chose d'universel qui parvient à nous toucher, transcendant les différences de culture.

1948 L'Ange ivre : 7/10 Un film qui fait déjà apparaitre le caractère humaniste de Kurosawa, avec l'affection que porte ce médecin pour ce yakuza malade, une relation particulièrement touchante. Avec un Toshiro Mifune qui, déjà, crève l'écran.
1949 Le Chien enragé : 7/10 Confirmation et pour Kurosawa, et pour Mifune. Une plongée très réaliste dans le Japon d'après-guerre.
1950 Rashomon : 8.5/10 Le premier grand film, qui impressionne par l'originalité de sa structure.
1954 Les Sept samouraïs : 9.5/10 Le grand classique. Une référence absolue, où chaque partie bien distincte (le recrutement, la fortification, la bataille) est un modèle de mise en scène et de de montage.
1957 Le Château de l'araignée : 8.5/10 Formidable adaptation de Shakespeare, parfaitement transposée dans le contexte japonais et visuellement superbe.
1958 La Forteresse cachée : 8/10 Un film d'aventure picaresque, avec des personnages haut en couleur et riche en péripéties.
1960 Les Salauds dorment en paix : 8.5/10 Rarement un film m'aura paru aussi noir et nihiliste, la description d'une certaine élite japonaise est sans concession, et la fin laisse un gout amer dans la bouche.
1961 Yojimbo : 8/10 Un chambara jubilatoire, porté par le charisme de Mifune.
1962 Sanjuro : 8/10 Même chose que pour "Yojimbo", ce sont vraiment des films jumeaux.
1963 Entre le ciel et l'enfer : 8/10 La première partie du film est d'une rare puissance, traitant finement de la question des classes sociales. En revanche, je suis moins fan de la partie enquête.
1965 Barberousse : 8.5/10 Un film profondément humaniste, d'une grande beauté.
1980 Kagemusha : 9/10 Plastiquement irréprochable, avec une interprétation formidable de Tatsuya Nakadai.
1985 Ran : 8.5/10 Nouvelle incursion dans l'univers de Shakespeare, tout aussi réussie que la précédente.
1990 Rêves : 6.5/10 Un film difficile d'accès, plus proche du cinéma d'arts et d'essais. Visuellement c'est splendide, mais les segments me semblent assez inégaux. Mention spéciale à celui sur le danger nucléaire, qui annonce de façon prophétique le drame de Fukushima.

[Val]

J'aimerais bien que tu m'expliques tes trois premières notes .

Bah je ne me l'explique pas non plus, je pense que les histoires ne m'ont pas convaincues ou alors je n'étais pas dans un bon jour.

[Dunandan]

C'est vrai que les deux premiers sont très "japonais", mais plein de thématiques du "futur" Kurosawa sont déjà là. Puis même au niveau formel, il y a plein d'idées.

Par contre Rashomon, pour moi, c'est vraiment un chef-d'oeuvre. Au-delà de son originalité narrative, il s'en dégage une telle puissance, probablement l'un de mes préférés parmi ceux que j'ai vu.

Sinon Count Dooku, tout à fait d'accord avec tes petits commentaires, puis t'as même relevé le petit défaut de "Entre le ciel et la l'enfer" . (à confirmer par contre pour ma part avec Ran & Kagemusha).

[Waylander]

1954 Les Sept samouraïs : 8/10
1958 La Forteresse cachée : 7/10
1962 Sanjuro : 7.25/10
1974 Dersou Ouzala : 9.5/10

[Dunandan]

Pas mal pour quelqu'un qui "n'apprécie" pas trop le cinéma japonais Par contre tu revois La forteresse cachée à la baisse (tu le notais à 7.5 à la base) ?

Par contre tu peux déjà éviter tous ses drames, ça risque de te faire bien chier (à la limite, parmi ceux que j'ai vus, Rashomon ça pourrait te plaire, ce n'est pas très long, et il y a une certaine ambiance générale pas déplaisante).

[Waylander]

En réserve j'ai rashomon, barberousse et rêves. 7 ou 7.5 c'est pareil dans mon univers.

[Jed Trigado]

Je découvre lentement mais surement sa filmo, son œuvre demeure interessante (surtout ses films contemporains en fait) même si dans le genre chambara je préfère des mecs comme Gosha ou Misumi sans l'ombre d'un doute :

1954 Les Sept samouraïs : 8/10
1957 Le Château de l'araignée : 7/10
1960 Les Salauds dorment en paix : en stock
1962 Sanjuro : 7/10
1963 Entre le ciel et l'enfer : 8,5/10
1965 Barberousse : 8.5/10
1980 Kagemusha : en stock
1985 Ran 2/10
1990 Rêves 8/10

[Dunandan]

Ah c'est sûr qu'ils sont plus divertissants , mais en termes de psychologie humaine et de mise en scène, ce type était un grand.

J'ai encore Barberousse et Les salauds en réserve, puis je suis tombé sur une mine d'or pour voir les films qu'il me manque ... Je me donne un an pour tout voir.

[Jed Trigado]

Divertissants, je dirais surtout plus réalistes, car Kurosawa c'est un peu le Spielberg du genre (pas étonnant qu'il soit fan de son oeuvre et ait produit ses derniers films).

[Dunandan]

En termes de mise en scène peut-être mais pas en termes de psychologie

Sinon c'est vrai qu'il a toujours utilisé le cadre historique des samouraïs pour écrire sa propre histoire, avec ses thèmes/obsessions récurrents. Mais voilà difficile de comparer Kurosawa d'un côté, et Misumi et Gosha de l'autre, tant ils différent par le fond et la forme. Moi j'aime beaucoup les trois puis c'est tout.

[Jed Trigado]

Mais faut vraiment que t'arrêtes de faire une fixette sur la psychologie.

Non plus pas d'accord, Kuro est un humaniste, un gars trop optimiste qui a toujours fait des personnages monolithiques (ce qui n'est pas un défaut en soi, mais j'aime les êtres sur la corde raide) et peu soucieux des codes récurrents du film de sabre (faut lui reconnaitre quand même des capacités a occidentaliser ses récits, en cela pour moi Les Sept Samourais est en quelque sorte, le premier vrai film d'aventure tel que le reprendra le cinéma américain dans les années 60/70). Des films comme Hitokiri ou Le Sabre valent cent Kurosawa sur le plan de la psychologie, parce que Gosha et Misumi étaient fascinés par cet univers et ses lois, ils les connaissaient sur le bout des doigts et n'avaient de cesse de pointer ses failles humaines. Ce sont des cinéastes "purs", car ils vont pas faire passer la psychologie par les dialogues, mais par les inspirations visuelles, la musique et le découpage. Tandis que Kurosawa s'est servi du genre plus qu'autre chose et c'est un peu la chose que je lui reproche.

[Creeps]

D'accord avec toi Jed mais voir Kurosawa comparé à ce tâcheron de Spielberg ça fait mal

Et pour pas poster pour rien:

Le Château de l'Araignée: 7.5/10
La Forteresse Cachée: 8.5/10
Dersu Uzala: 9/10

J'ai l'impression que Kurosawa ne me décevra jamais
(en réserve j'ai Seven Samurai, Les Salauds Dorment En Paix et Entre Le Ciel et l'Enfer)

[Dunandan]

Ce sont des cinéastes "purs", car ils vont pas faire passer la psychologie par les dialogues, mais par les inspirations visuelles, la musique et le découpage.

Il ne faut pas oublier des films comme Le Château de l'araignée, qui propose une grosse économie de dialogues, surtout pour l'adaptation d'une pièce de théâtre.

Pour la psychologie, c'était une attaque gratuite (c'était surtout par rapport à Spielberg, pas Gosha ou Misumi, que je trouve en effet très profonds, qui témoigne d'une grande connaissance du contexte historique, là où Kurosowa opérait une grande épure contextuelle pour faire le film qu'il voulait, comme tu le soulignes toi-même, mais ce n'est absolument pas un défaut pour moi ; par contre au niveau de la mise en scène je suis totalement d'accord que ça pose les bases du cinéma moderne).

Ensuite l'humanisme de Kurosawa, c'est quand même assez subtil, un mélange d'optimisme et de réalisme : l'idée de la faille humaine est au coeur de son cinéma ... (réalisme), et l'optimisme aussi .... Ce qui ressort de ses personnages, c'est l'idée du double, de la contradiction, d'où le jeu et la psychologie monolithiques en apparence, mais qui à partir de ce schéma simple, bipolaire, développe toute une série de questions. Penser que Kurosawa, c'est de la psychologie basique, c'est nier une bonne partie de son travail (je prends pour exemples : Rashomon, Vivre, Le château de l'araignée).

Tu entends quoi par cinéaste "pur" ? Par opposition au cinéma d'auteur, ou au cinéma "littéraire" (pour les deux cas, je ne suis pas d'accord : il se voulait populaire par la mise en scène, et s'opposait au cinéma théâtral justement en faisant un travail d'adaptation purement cinématographique) ?


Conclusion : il faut de tout pour faire un monde (sérieux Misumi, Gosha, et Kurosawa, sont dans mon TOP 10 cinéastes asiatiques, et je les adore, pour des raisons extrêmement différentes, je reprocherais à Kurosowa de ne pas traiter le genre du film de samouraïs avec sa propre vision d'auteur).

[Jed Trigado]

Tu entends quoi par cinéaste "pur" ? Par opposition au cinéma d'auteur, ou au cinéma "littéraire" (pour les deux cas, je ne suis pas d'accord : il se voulait populaire par la mise en scène, et s'opposait au cinéma théâtral justement en faisant un travail d'adaptation purement cinématographique) ?

Ni l'un, ni l'autre. D'autant que j'évite de cloisonner le cinéma en deux castes : film d'auteur et film de genre, car des films de genre peuvent être des films d'auteur et inversement le statut d'auteur est quelque chose qui se mérite.

Je parle de langage cinématographique, du fait qu'ils n'ont pas besoin de grand chose pour "dire" quelque chose (leurs films se passent souvent d'artifices superflus et sont très épurés techniquement), être compris et qu'ils ne réfléchissent pas non plus en termes de respectabilité (ces types ont toujours fait ce métier par amour du genre et non par contrainte comme tout cinéaste de studio japonais comme Okamoto par exemple).