Payback
9.5/10Qu’il est bon de revoir Porter et ses 70 000 dollars ! J'avais déjà un excellent souvenir de la version cinéma mais il faut reconnaitre que le montage du réalisateur est une pure merveille.
Rendant Porter encore plus désabusé et violent, ce Payback nouveau ne change pas la trame qu'on lui connait mais lui inocule une féroce dose de noirceur bienvenue. La quête de Gibson devient donc plus âpre et ce dernier s'apparente encore plus à un robot qui n’hésitera même pas à cogner sa femme pour arriver à ses fins ou même flinguer gratuitement le malheureux qui insultera sa maitresse. L'entourage de Porter reste quand à lui presque identique. On retrouve le même parterre d'ordures savamment dérouillé par notre héros. Seule modification (et de taille !) Bronson devient une voie féminine au téléphone et exit donc Kris Kristofferson et le kidnapping à la noix de son fils. Le final inédit dans la station de métro distille une vraie tension avec une tonalité beaucoup plus en phase avec la noirceur du personnage. La logique aurait même voulu que Porter y passe, on se consolera avec le flingage sec du chien! Expurgé de sa voix off et de son humour accessible, Payback devient froid comme le métal, avec de très légères pointes d'humour noir. 90 minutes au compteur, le film file à vive allure sans jamais s'embarrasser d'intrigues superflues. Ici les flics sont des pourris, les chinois se font plumer et on meurt truffé de plombs. Brian Helgeland ne tient pas à faire de beaux discours ou de la morale malvenue. Il veut simplement rendre hommage au film noir et il le fait à merveille se contentant d'un objectif et d'un homme prêt à tout pour y arriver. Le réalisateur aura la bonne idée de créer également une galerie de personnages secondaires très fouillé ou chacun d'entre eux aura son moment de gloire. Ces seconds couteaux sont dominés par la sexy en diable Lucy Liu et surtout par le badass Greg Henry. Ce mec illumine tous les de palma ou il est passé et il en fait de même en prenant la pose du bad guy raté qui en fait des tonnes.
Payback incarne cette idée d’un cinéma simple, malin et épuré à l’extrême dédiée à la seule satisfaction de son auditoire. C’est un pari hautement réussi pour ce nouveau montage qui fait la part belle à son héros borderline et à la myriade de vautours collés à ses basques. Je n’hésite plus désormais à qualifier le film de vrai classique noir contemporain.