SOLDIER OF ORANGE
Paul Verhoeven (1977) | 7/10
Encore une nouvelle facette de Verhoeven que je découvre avec Soldier of Orange qui même s'il porte en lui les thèmes chers au réalisateur, fascine davantage par l'ambition dont il témoigne. Car ambitieux, ce film l'est terriblement. A travers un groupe de 6 étudiants hollandais qui voient débarquer chez eux la guerre 39/45, Verhoeven dresse un portrait d'une hollande dépassée par les évènements et traite avec incision des réactions humaines que tout ce chamboulement va orchestrer.
Ce qui est plaisant avec le cinéma de Verhoeven, c'est qu'il n'est jamais manichéen ni dicté par la bonne morale. Du coup, ici, jamais on ne nous propose de comportement stéréotypé qui permettrait de simplifier l'histoire, comme un gros nazi belliqueux en guise de vilain pourchassant un résistant héroïques aux principes d'acier. Non, ici il est juste question d'hommes, et les chemins que ces 6 amis vont suivre seront on ne peut plus humains, chacun faisait le choix qui lui semble le plus juste. Et même si le personnage central du récit, porté une nouvelle fois par un Ruger Hauer impérial, choisit le chemin de la résistance, c'est davantage pour des raisons personnelles que par conviction et jamais il ne jugera ces amis qui choisiront des chemins opposés. C'est à mon sens la force du récit et ce qui nous permet de passer outre les quelques défauts du film pour rester captivé jusqu'au bout.
Parce que malheureusement, le film souffre parfois de son ambition. Entre rythme qui peine par moment et choix narratifs quelque peu discutables dans la dernière partie du récit (Erik qui devient pilote en trichant, c'est un peu surréaliste), Soldier of orange ne décolle jamais totalement, ce qui est d'autant plus dommage que le reste est bien gaulé, des acteurs à la réalisation, assez remarquable. Elle n'est jamais virtuose dans le sens où Verhoeven n'innove pas, mais il est super précis, tout est carré et dans un film du genre, c'est appréciable .
Au final, j'ai passé devant ce film un très bon moment, qui confirme que Verhoeven dans sa période hollandaise, c'est quand même assez puissant. J'ai vraiment hâte de me faire Spetters, vu ce que j'en ai entendu ici, ça va certainement bien envoyer !