Le Syndrome chinois (The China Syndrome), James Bridges, 1979
Tout d'abord, il est assez interpellant de constater à quel point le sujet de ce film se révèle toujours autant d'actualité, qui plus est un peu plus d'un an après les évènements de Fukushima. Les arguments avancés dans le film par les pro et les anti nucléaires restent fondamentalement les mêmes que ceux qu'on entend aujourd'hui, et malgré les 33 années qui se sont écoulées, le débat n'a pas évolué d'un pouce. Du coup, le message du film conserve toute sa pertinence et sa force encore aujourd'hui, car le fond du problème n'a pas été résolu et la problématique du nucléaire reste un thème important dans notre société actuelle.
Concernant le film en lui-même, je dois dire qu'il sert honnêtement son propos, mais sans briller particulièrement. L'esthétique et la mise en scène font très téléfilm, c'est assez plat et sans grande ambition visuellement. Tout le film repose sur ses personnages, et plus particulièrement son trio de star : Jane Fonda, Michael Douglas et Jack Lemmon. Jane Fonda incarne une journaliste ambitieuse qui se retrouve par hasard témoin d'un incident technique dans une centrale nucléaire. Son caméraman, joué par un tout jeune Michael Douglas avec barbe et cheveux longs, va lui faire prendre conscience de l'ampleur du scoop qu'ils ont déniché et des conséquences qui pouraient en découler. Enfin, Jack Lemmon est celui qui ressort le plus du lot, avec son rôle à contre-emploi de responsable de la centrale qui découvre des faiblesses dans la conception de la centrale causées par la négligence des constructeurs, et qui va en conséquence se rebeller contre ses employeurs afin de préserver la sécurité des citoyens. Lemmon campe à merveille ce personnage déchiré, qui croit profondément dans la technologie nucléaire mais est écœuré par l'attitude de ses supérieurs, pour qui l'argent passe avant la sécurité. C'est là tout le message du film, cette dénonciation d'un système qui fait passer les intérêts financiers avant la sécurité des citoyens, le film y va assez franco en présentant les dirigeants de l'industrie nucléaire comme des salauds sans scrupules qui n'hésitent pas à avoir recours à l'intimidation voire des moyens plus radicaux pour faire taire ceux qui pourraient dévoiler certaines vérités dérangeantes. Face à ce système corrompu et profondément immoral, le seul rempart reste la presse, à travers la journaliste et son caméraman qui sont les seuls à pouvoir dévoiler la vérité au public. On sent bien l'influence de l'Amérique post-Watergate et plus particulièrement d'un film comme Les Hommes du Président, Le Syndrôme chinois se situe dans cette tradition propre aux années '70 des films visant à dénoncer un système et à lutter contre lui avec ses modestes moyens. Sans être un grand film, le message passe bien et interpelle vraiment, et c'est avec certaine amertume qu'on voit arriver le générique de fin.
7/10