[Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Modérateur: Dunandan

Syndrome chinois (Le) - 7/10

Messagepar Count Dooku » Lun 25 Juin 2012, 19:33

Le Syndrome chinois (The China Syndrome), James Bridges, 1979


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Tout d'abord, il est assez interpellant de constater à quel point le sujet de ce film se révèle toujours autant d'actualité, qui plus est un peu plus d'un an après les évènements de Fukushima. Les arguments avancés dans le film par les pro et les anti nucléaires restent fondamentalement les mêmes que ceux qu'on entend aujourd'hui, et malgré les 33 années qui se sont écoulées, le débat n'a pas évolué d'un pouce. Du coup, le message du film conserve toute sa pertinence et sa force encore aujourd'hui, car le fond du problème n'a pas été résolu et la problématique du nucléaire reste un thème important dans notre société actuelle.

Concernant le film en lui-même, je dois dire qu'il sert honnêtement son propos, mais sans briller particulièrement. L'esthétique et la mise en scène font très téléfilm, c'est assez plat et sans grande ambition visuellement. Tout le film repose sur ses personnages, et plus particulièrement son trio de star : Jane Fonda, Michael Douglas et Jack Lemmon. Jane Fonda incarne une journaliste ambitieuse qui se retrouve par hasard témoin d'un incident technique dans une centrale nucléaire. Son caméraman, joué par un tout jeune Michael Douglas avec barbe et cheveux longs, va lui faire prendre conscience de l'ampleur du scoop qu'ils ont déniché et des conséquences qui pouraient en découler. Enfin, Jack Lemmon est celui qui ressort le plus du lot, avec son rôle à contre-emploi de responsable de la centrale qui découvre des faiblesses dans la conception de la centrale causées par la négligence des constructeurs, et qui va en conséquence se rebeller contre ses employeurs afin de préserver la sécurité des citoyens. Lemmon campe à merveille ce personnage déchiré, qui croit profondément dans la technologie nucléaire mais est écœuré par l'attitude de ses supérieurs, pour qui l'argent passe avant la sécurité. C'est là tout le message du film, cette dénonciation d'un système qui fait passer les intérêts financiers avant la sécurité des citoyens, le film y va assez franco en présentant les dirigeants de l'industrie nucléaire comme des salauds sans scrupules qui n'hésitent pas à avoir recours à l'intimidation voire des moyens plus radicaux pour faire taire ceux qui pourraient dévoiler certaines vérités dérangeantes. Face à ce système corrompu et profondément immoral, le seul rempart reste la presse, à travers la journaliste et son caméraman qui sont les seuls à pouvoir dévoiler la vérité au public. On sent bien l'influence de l'Amérique post-Watergate et plus particulièrement d'un film comme Les Hommes du Président, Le Syndrôme chinois se situe dans cette tradition propre aux années '70 des films visant à dénoncer un système et à lutter contre lui avec ses modestes moyens. Sans être un grand film, le message passe bien et interpelle vraiment, et c'est avec certaine amertume qu'on voit arriver le générique de fin.

7/10
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Grudge 2 (The) (Ju-On) - 5/10

Messagepar Count Dooku » Mar 26 Juin 2012, 20:05

Ju-on : The Grudge 2, Takashi Shimizu, 2003


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Le yurei-eiga est un genre qui a entrainé pas mal d'émule depuis le succès de Ring, mais force est de constater que peu de films ont réussi à se hisser à la cheville de ce dernier. Le meilleur à mes yeux est sans doute Dark Water, du même Hideo Nakata, un superbe film qui parvient à faire réellement peur tout en traitant assez finement des rapports mère/fille. J'ai également bien aimé l'alternative thaïlandaise Shutter, rudement efficace, et le premier Ju-On avait bien retenu mon attention, en dépit de quelques faiblesses principalement liées à sa construction. Ce deuxième épisode reprend la même formule, en conserve les défauts tout en se révélant nettement moins convaincant dans l'ensemble.



Le principal problème de Ju-On 2, c'est qu'à aucun moment il ne fait peur. Le genre a, il est vrai, été surexploité dans les années 2000, de sorte que toutes les ficelles sont connues et attendues, et de ce côté-là ce film fait un peu figure de compendium tant il concentre tous les clichés du genre. L'ennui, c'est que là où ça peut s'avérer efficace dans d'autres films, ici ça tombe la plupart du temps à plat, à la limite on en viendrait presque à espérer un jump-scare bien gras après la 36ème apparition discrète d'un fantôme dans un coin de l'écran (le procédé fonctionne quand on l'utilise à bon escient, avec un véritable travail sur l'image pour instaurer un climat de peur, mais ici c'est vraiment gratuit et mal intégré). Et puis , Kayako je veux bien mais là elle fait plus pitié qu'autre chose, la voir ramper de façon saccadée, les yeux exorbités et couverte de sang, je trouve ça ridicule. Sadako foutait les jetons par sa sobriété, on ne voyait pas son visage et elle n'avait pas besoin d'un cri pour manifester sa présence, je trouve que cela faisait plus d'effet.
Sinon je reprocherais également au film sa structure éclatée. C'était déjà un défaut dans le premier, ça l'est d'autant plus ici que la maison est moins au centre du film et que les personnages sont encore moins intéressants, ce qui fait qu'on se fiche de ce qui leur arrive. Dans ce genre de film, je préfère qu'on se focalise sur un ou deux personnages principaux, comme ça on voit les évènements de leur point de vue, et ça contribue grandement à l'immersion, qui est pour moi essentielle dans un film d'horreur. Ici on a l'impression de voir un film à sketche, tout ça manque d'unité et au final d'efficacité.



Je met quand même la moitié car le film se laisse regarder malgré tout, il y a quelques idées de mise en scène intéressantes (la pendaison avec les cheveux, Kayako qui sort de l'utérus de la femme dans la salle d'accouchement), et il n'y a rien de honteux, c'est juste que le film ne parvient pas à émerger pas dans un genre il faut le dire archi-codé, et qu'il manque d'efficacité.

5/10
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Mar 26 Juin 2012, 20:09

Takashi Shimizu sur le premier Ju-on (version cinéma, et non v-cinema), c'est tout simplement la meilleure utilisation du son pour générer un climat de peur.

Bon après, il a tiré sur la corde. Mais je te conseille Réincarnation du même cinéaste.

Tu es sûr de ne pas avoir demandé de référencement en prenant le titre de la suite du remake (oui, c'est le bordel cette saga) ?
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Mar 26 Juin 2012, 20:17

Réincarnation j'ai vu aussi et j'ai pas du tout aimé. Là c'est encore pire vu que le film m'a carrément ennuyé, je luttais contre le sommeil par moments. J'ai pas du tout accroché à l'histoire, ça partait un peu dans tous les sens et au final je décrochais complètement.
Comme je l'ai dis dans ma critique, moi j'attends surtout une chose de ce genre de film : de l'efficacité. Il faut qu'il me fasse peur, que je me sente mal à l'aise devant les images qui défilent à l'écran, jusqu'à appréhender les suivantes. Après, si le film peut aborder des thématiques plus profondes, c'est du bonus (cf Kaïro), mais au moins il faut que le film soit efficace et remplisse son objectif premier. Or pour Réincarnation on en était très loin.

Pour le référencement bah j'ai pris le seul qui était dans la base de donnée, j'espère que c'est le bon et pas le remake us. :?
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Scalp » Mar 26 Juin 2012, 20:18

Mark Chopper a écrit:
Tu es sûr de ne pas avoir demandé de référencement en prenant le titre de la suite du remake (oui, c'est le bordel cette saga) ?


non c'est le bon titre.
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Mar 26 Juin 2012, 20:19

J'avoue sans honte que je m'y perds, entre les deux films v cinema, les deux films cinéma, le remake, la suite du remake qui n'est pas un remake de la suite...
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Récidiviste (Le) - 7,5/10

Messagepar Count Dooku » Mar 26 Juin 2012, 21:17

Le Récidiviste (Straight time), Ulu Grosbard, 1978


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Adapté du roman autobiographique "Aucune Bête Aussi Féroce" d'Edward Bunker (sorte de José Giovanni à l'américaine, un ancien truand qui s'est reconverti dans l'écriture), Le Récidiviste est un film très intéressant sur la difficulté pour un repris de justice de se réintégrer dans la société, thème qui a été plusieurs fois traité au cinéma mais qui trouve ici une approche assez pertinente par son authenticité.



Le film bénéficie grandement de l'interprétation de son acteur principal, Dustin Hoffman, qui, séduit par le roman de Bunker, comptait initialement se charger de l'adaptation (il finira par confier la réalisation à Ulu Grosbard, réalisateur discret qui aura peu de film à son actif). Hoffman porte littéralement le film sur ses épaules, la mise en scène de Grosbard est totalement centrée sur son personnage et ses réactions face à ce qui lui arrive, et l'acteur parvient à merveille à restituer les différentes émotions qui traversent son personnage tout au long du film. D'abord ex-taulard en liberté conditionnelle, on le sent discret, effacé, prêt à s'écraser pour renter dans le rang et ne pas s'attirer les foudres de son contrôleur judiciaires, campé par un M. Emmett Walsh particulièrement savoureux dans ce personnage truculent et faux-jeton. Ensuite, victime de l'injustice du système, l'acteur retranscrit bien la honte et la frustration de son personnage (voir la scène du parloir, où on le sent écœuré) et finalement son basculement parait logique, et de là le personnage redevient le truand qu'il était. Mais un truand minable, qui peine à organiser un coup foireux et essaie tant qu'il peut d'entretenir sa relation avec sa compagne. Il y a une dimension pathétique dans ce personnage qui est plus présenté comme un loser que comme un bandit de grands chemins, il suffit de voir le premier braquage du film, où il n'a pour seule arme qu'un vieux colt dont les balles tombe du barillet. L'histoire d'amour du film est assez bien traitée, même si j'ai trouvé qu'elle était un peu précipitée au début, la façon dont la fille accepte sans broncher le fait que Hoffman soit en cavale et redevienne un truand est un peu légère et manque de crédibilité, mais on se doute que le but était de montrer comment une relation peut se construire dans ces conditions, et qu'il fallait passer par quelques raccourcis.



Le film de Grosbard témoigne d'un soucis d'authenticité assez important, que ça soit dans la description du parcours de réinsertion sociale ou dans le traitement de la partie "gangsters", où tout est très terre-à-terre et traité de façon extrêmement sobre et sans esbroufe. Les deux braquages du film frappent par leur réalisme, on n'est pas là pour faire dans l'effet de style ou apporter une intensité à la scène, les dialogues et les situations sont très simples. Alors évidemment, tout cela n'est pas original pour un sou, ce genre d'histoire a été vue et revue, et Le Récidiviste ne prétend pas livrer une description du milieu qui rivalise avec les pointures du genre. Il y a juste quelques scènes où Hoffman rencontre d'autres membres de la pègre, mais globalement le film reste modeste dans ses ambitions et se borne à raconter le parcours d'un individu, en s'attachant à sa psychologie. Le film bénéficie donc grandement de la présence de Dustin Hoffman, mais aussi de seconds rôles tels que Harry Dean Stanton, Gary Busey et sa gueule inimitable sauf par son fils, et Kathy Bates (qui a visiblement été jeune et mince mais pas belle pour autant). Une très beau film qui permet une fois de plus de profiter des immenses talents de comédiens de Dustin Hoffman!

7.5/10
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Scalp » Mar 26 Juin 2012, 21:30

Le roman est bien entendu nettement meilleur et pour le coup c'est une description minutieuse et passionnante de ce milieu, là pour le film tout a été un peu trop simplifié.
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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Mar 26 Juin 2012, 21:35

J'ignorais qu'il existait un film...

Bah sinon, comme Scalp : Ed Bunker, c'est une lecture indispensable.
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Cygne noir (Le) - 6,5/10

Messagepar Count Dooku » Mer 27 Juin 2012, 17:01

Le Cygne noir (The Black Swan), Henry King, 1942


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Réponse de la Fox aux swashbucklers de la Warner avec Errol Flynn (Capitaine Blood, L'Aigle des Mers), Le Cygne Noir fait partie des classiques d'un genre qui aura fait les joies du public au plus fort de l'Âge d'Or d'Hollywood. Cependant, je dois avouer que j'ai été un petit peu déçu du film au vu de sa réputation des plus élogieuses (Bertrand Tavernier, dans les bonus du DVD, ne tarit pas d'éloge à son sujet, le qualifiant de meilleur film de pirates avec La Flibustière des Antilles).



Ce qui m'a gêné dans le film, c'est qu'il manque d'action et de souffle épique en comparaison d'un Capitaine Blood. La première demi-heure est assez molle, ça bavarde beaucoup, la mise en scène est limite théâtrale par moments (voir l'une des première scènes du film, où Power se fait torturer par un gouverneur espagnol : l'action reste figée dans ce décor pendant un bon moment, avec des personnages qui débarquent l'un après l'autre, exactement comme dans une pièce de théâtre) et on se demande un peu où sont passés les bateaux de l'introduction. Après ça s'anime quelque peu, avec la traque des pirates, on retrouve le grand large et des beaux plans de navires fendant les flots, mais malgré tout cela reste chiche en péripéties, et il faut encore attendre les 10 dernières minutes pour assister à une bataille digne de ce nom. Cette dernière est toutefois remarquablement réalisée, et Tyrone Power n'a pas grand-chose à envier à Errol Flynn dans le personnage du héros bondissant, son combat à l'épée contre George Sanders est bien fichu même si on sent que l'image a été accélérée pour rendre les mouvements plus rapides.



Le scénario fait son boulot, avec cette histoire de pirates repentis qui sont désormais au service de la Couronne d'Angleterre et se donnent pour mission de traquer leurs anciens complices. C'est évidemment très classique mais ça se laisse suivre, c'est davantage centré sur les intrigues politique que sur l'aventure proprement dite. Certains aspects sont par contre sous-exploités, comme le notable qui informe les pirates pour faire chuter le gouverneur, à la fin on ne sait même pas ce qu'il advient de lui. Swashbuckler oblige, on ne pouvait pas échapper à la traditionnelle romance, et ici elle est assez particulière dans la mesure où le héros et l'héroïne entretiennent une relation pour le moins électrique tout au long du film. On peut d'ailleurs se demander comment la fille finit par tomber sous le charme du héros vu qu'il ne la ménage pas tout au long du film, d'ailleurs j'ai trouvé que le dénouement de leur relation était précipité et peu crédible, elle passe du "ne me touchez pas, sale brute" pendant tout le film à "oh Jamie embrasse moi" lors de la scène finale, sans qu'on n'aie jamais l'impression que leur relation évolue et que la fille développe des sentiments à son égard.



L'un des points forts du film, c'est incontestablement son esthétique éblouissante. On est ici devant un Technicolor magnifique qui inonde l'écran de ses tons pastels, et chaque plan témoigne d'un grand soin consacré à la photographie. C'est apparemment le premier film de pirates en couleurs, et on sent que la Fox a voulu voir les choses en grand pour se distinguer de son rival Warner, Le Cygne Noir est un véritable ravissement pour les yeux et les producteurs n'ont pas lésiné sur les moyens, comme en attestent la qualité des décors, des costumes et des maquettes. La réalisation, confiée à l'un des réalisateurs phares de la Fox à l'époque, Henry King, est solide et efficace, et le film bénéficie d'une distribution exceptionnelle. Tyrone Power retrouve ici un rôle qui lui sied à merveille, celui du personnage héroïque et athlétique. Son personnage est tout de même moins sympathique que ceux campés par Flynn, au début c'est même une brute qui n'hésite pas à frapper une femme et torturer ses ennemis, puis il s'assagira en épousant sa nouvelle fonction mais reste un personnage moins flamboyant que l'illustre Capitaine Blood. Dans le rôle de la demoiselle de service, Maureen O'Hara est tout sauf une potiche, son personnage a du caractère et elle le fera sentir au héros à plusieurs reprises. Laird Cregar campe un personnage éminemment sympathique avec cet ancien pirate reconverti en gouverneur, idem pour Thomas Mitchell dans le rôle du bon copain. Du côté des méchants, on retrouve un George Sanders méconnaissable avec sa barbe rousse, et on reconnait Anthony Quinn dans le rôle de son second même si, malheureusement, il a peu de répliques à l'écran.



Le Cygne Noir est donc un divertissement de bonne tenue, formellement splendide, mais qui pêche un peu par son manque de scènes épiques et une certaine lenteur à se mettre en route.

6.5/10
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Brigand Bien Aimé (Le) - 6,5/10

Messagepar Count Dooku » Jeu 28 Juin 2012, 15:30

Jesse James, le brigand bien-aimé (The True Story of Jesse James), Nicholas Ray, 1957


Image


La vie du célèbre bandit Jesse James a inspiré de nombreuses adaptations cinématographiques, la plus célèbre étant sans doute celle de Henry King (1939). Moins de vingt ans après cette réussite, la Fox décide de remettre le couvert et de mettre en chantier une nouvelle version, qu'elle confie à un réalisateur de talent, Nicholas Ray. Toutefois, comme le rappelle Tavernier dans les bonus, il semblerait que le studio n'ait pas laissé Ray réaliser son film comme il l'entendait, et qu'ils ont charcuté le montage, à tel point que le cinéaste reniera ce film par la suite. Ce traitement vaudra au Brigand bien-aimé la réputation de film massacré par les producteurs, ce qui effectivement est perceptible mais ne remet pas en cause un certain nombre de qualités du film, qui le rendent agréable à visionner.



Tout d'abord, le traitement qui est apporté à l'histoire de Jesse et de Frank James est assez différent de la vision romanesque de la version de King, le film se veut assez sombre, presque mélancolique par moments, et pour cause puisqu'il commence par le fiasco de Northfield. Cette séquence pré-générique où on nous présente le braquage raté est d'ailleurs l'une des plus réussies du métrage, le montage est nerveux, percutant, et d'emblée ça nous fait rentrer dans le film. Ensuite, alors que Jesse et Frank se retrouvent en mauvaise posture, assiégés par les hommes du shérif, commence la narration en flashback des différents épisodes de la vie de Jesse, qui le mèneront à Northfield. Le film opte pour une structure à la Citizen Kane, où chaque flashback est introduit par un personnage différent, épousant son point de vue des évènements (par exemple, le flashback de l'épouse de Jesse est évidemment consacré à la partie romance du film). Comme dans le film de King, Jesse est présenté comme une victime des évènements, ici c'est la Guerre de Sécession et les Yankees qui sont pointés du doigt comme responsables, car c'est pour défendre les fermiers de son patelin que Jesse décidera de braquer des banques, afin de reprendre aux Nordistes ce qu'ils ont pris. Toutefois, Ray en fait un personnage nettement moins flamboyant que ne l'était Tyrone Power, et progressivement on voit évoluer le personnage, du jeune idéaliste il devient un desperado confirmé qui prend plaisir à braquer des banques et des trains (ce qui le mettra en conflit avec son frère Frank). Sans être d'une furieuse originalité, le scénario est efficace et les éléments essentiels de l'histoire de Jesse James nous apparaissent sous un éclairage nouveau (ce n'est pas un remake plan par plan de la version de King, loin de là).



A mon avis, un des points faibles du film réside dans son casting, Robert Wagner et Jeffrey Hunter étant loin d'avoir le charisme et la présence à l'écran de Tyrone Power et Henry Fonda. Wagner est trop lisse pour incarner le personnage, il n'a pas le magnétisme de Power et manque de densité. Hunter s'en sort mieux je trouve, son personnage étant de nature plus discret, plus posé que son frère. Les seconds rôles ne sont pas particulièrement marquants, chacun fait son job sans briller particulièrement. La réalisation de Nicholas Ray est honnête mais pas transcendante, son utilisation du scope est essentiellement centrée sur les personnages et peu sur les décors, ce qui témoigne une volonté d'apporter un traitement plutôt intimiste à cette vision de la vie de Jesse James. On sent une envie de démythifier le personnage (comme cette scène où Jesse donne 600$ à une vieille dame pour éponger ses dettes, pour juste après reprendre cette somme au créancier) et finalement, le seul moment où il y a héroïsation, c'est tout à la fin, avec l'aveugle qui chante à la gloire de Jesse James, initiant ainsi la légende.
Un western loin d'être extraordinaire mais qui propose une alternative intéressante au film de King. Mais Nicholas Ray a fait beaucoup mieux dans le genre avec le magnifique Johnny Guitare.

6.5/10
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Je vais bien, ne t'en fais pas - 8/10

Messagepar Count Dooku » Ven 29 Juin 2012, 20:57

Je vais bien, ne t'en fais pas, Philippe Lioret, 2006


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Je vais bien, ne t'en fais pas est un film qui a reçu un excellent accueil critique à sa sortie, et je dois dire que c'est mérité, tant j'ai trouvé le film de Philippe Lioret prenant et touchant. Adaptation d'un roman éponyme, le film bénéficie d'une très bonne distribution, avec notamment un Kad Merad à contre-emploi. L'acteur est vraiment impeccable dans ce rôle de père dépassé et qui n'a pas réussi à construire des relations épanouies avec ses enfants (ou tout du moins avec son fils), il parvient à faire paraitre toute une palette d'émotions qu'on ne soupçonnait pas (en tout cas moi, vu que je ne l'ai vu que dans des rôles comiques) et il se révèle tout simplement parfait dans ce personnage. Il parvient à susciter l'émotion du spectateur rien que par l'expression de son visage (cf la scène où il écoute la chanson de son fils dans la voiture, après avoir déposé sa fille à la gare), ce qui est le signe d'une grande prestation. Dans le rôle de sa femme, Isabelle Renauld est parfaite en mère qui s'efforce d'intérioriser ses émotions, et qui souffre des relations tendues entre son mari et ses enfants. Julien Boisselier livre une prestation d'une grande justesse dans le rôle du bon copain qui devient amant, l'acteur parait peut-être un peu âgé pour le rôle (encore que je ne sais plus s'il est sensé être étudiant ou non) mais son jeu sobre convient à merveille au personnage et le rend immédiatement sympathique. Quant à Mélanie Laurent, elle est vraiment très bien, parvenant à exprimer la fragilité de son personnage, sa détermination et l'amour qu'elle porte à son frère. La relation fusionnelle qu'elle entretient avec lui est bien mise en avant et nettement perceptible, et sans pour cela avoir besoin de flashbacks les mettant en scène tous les deux. C'est d'ailleurs l'une des forces du film : on ne voit jamais le frère (tout au plus on entre-aperçoit une photo de lui), et pourtant le personnage est extrêmement présent durant tout le film, son ombre plane sur toute l'histoire. Son destin intrigue réellement, et constitue un fil-conducteur présent tout au long du film, car la plupart des scènes sont liées à lui de près ou de loin.



Le scénario est bien conçu et assez surprenant dans sa conclusion. Malheureusement on m'avait spoilé la fin, sinon je crois que j'aurais vraiment été sur le cul tant le film s'évertue à brouiller les pistes. On peut cependant trouver la révélation de fin peu crédible, dans la mesure où l'attitude des parents est difficilement compréhensible d'autant qu'on n'explique pas vraiment leur motivation, mais bon sans cela il n'y aurait pas de film! Il m'a toutefois semblé qu'il y avait des incohérences, notamment
au sujet des lettres. Si la mère n'est pas au courant que c'est le père qui les envoie, comment se fait-il qu'elle ne se demande pas qui en est l'auteur, vu qu'elle sait que son fils est mort?

La mise en scène de Philippe Lioret est sobre et traite pudiquement de cette séparation de deux jumeaux et plus globalement les relations familiales. Tout le film est centré sur le personnage de Mélanie Laurent, on épouse son point de vue et ses émotions, et le réalisateur parvient à aborder plusieurs scènes sensibles sans en faire des tonnes, ce qui est assez rare mine de rien. Bon certaines scènes semblent superflues, comme le passage où les deux amis viennent chercher Mélanie Laurent à l’hôpital pour l'emmener avec eux, cette séquence n'apporte rien du tout, mais globalement le film arrive à traiter son sujet de façon pertinente et l'évolution psychologique de son personnage principal est perceptible.



Un très beau drame familial, doté d'un scénario accrocheur.

8/10
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Insoumise (L') - 6/10

Messagepar Count Dooku » Sam 30 Juin 2012, 15:00

L'Insoumise (Jezebel), William Wyler, 1938


Image


L'Insoumise est un film qui n'est pas sans rappeler Autant en emporte le vent : même contexte historique (le Vieux Sud d'avant la Guerre de Sécession), même type d'héroïne égoïste et un peu garce, et les deux films ont pour fil conducteur une histoire d'amour contrariée. Très franchement, le mélodrame n'est pas vraiment ma tasse de thé, mais j'avais néanmoins beaucoup aimé le chef d’œuvre de Fleming par sa démesure et l'ampleur de cette fresque d'une période charnière de l'histoire des États-Unis. Je suis par contre plus mitigé vis-à-vis de ce Jezebel, qui délaisse le faste de son concurrent pour une approche plus intimiste, plus centrée sur les sentiments de son héroïne, et donc plus proche du mélodrame pur et dur que de la fresque épique.



Le film est clairement voué à la gloire de sa star, Bette Davis. Chaque plan a été pensé pour la mettre en valeur, et toute l'histoire est centrée sur son personnage. Il faut reconnaitre qu'elle livre une prestation de qualité, et qu'elle est ici au sommet de sa beauté. J'ai toutefois trouvé que son personnage manquait de mordant, certes on comprends qu'elle est égoïste et anti-conformiste, mais elle est nettement moins antipathique que ne peut l'être Scarlett O'Hara d'Autant en emporte le vent. La référence biblique à Jézabel est pour le coup un peu exagérée, je m'attendais à plus de vacheries de sa part à l'encontre de la femme de Fonda, voire carrément une haine, et finalement cela reste un peu trop superficiel. Face à elle, Henry Fonda est pour le moins sobre, presque effacé, là encore on est loin du séducteur flamboyant campé par Clark Gable. Les autres acteurs livrent une prestation solide, dans la lignée de ce qu'on peut attendre à l'époque dans une production de ce genre.



Le scénario ne m'a pas semblé particulièrement intéressant, il est essentiellement centré sur la relation Davis/Fonda et sur leur amour impossible. Rien de très original : les deux amoureux doivent se marier mais, suite à une dispute, Fonda la quitte. Quand il revient un an plus tard, il est marié à une femme du Nord, mais Davis, qui a toujours des sentiments pour lui, ne se laissera pas faire. Le début du film est un peu longuet, il ne se passe pas grand chose d'intéressant et on peine à s'intéresser à cette histoire de robe rouge dont on a du mal à comprendre pourquoi les personnages en font toute une histoire. Ce n'est qu'après une demi-heure, lors d'une scène de bal très réussie (c'est un peu Le Guépard avant l'heure), qu'on réalise la portée de ce choix vestimentaire, et la mise en scène retranscrit habilement le malaise provoqué par cette tenue, que ce soit dans les réactions des convives, l'attitude de Fonda ou cette façon d'isoler le couple lors de la danse. Plus que l'histoire d'amour un peu bateau, c'est la description de la société bourgeoise de la Nouvelle-Orléans vers 1850 qui capte l'attention, une société sclérosée dans ses conventions désuètes, et qui refuse d'accepter le progrès venu du Nord. Le film s'intéresse plus d'une fois à ce fossé entre le Nord et le Sud, que ce soit via le personnage de l'épouse de Fonda, une Nordiste effarée devant les coutumes du Sud, ou encore à travers les discussions entre Fonda et l'un de ses amis, le premier avertissant de l'avancée considérable prise par le Nord, tandis que l'autre se posant en défenseur des vieilles valeurs. Inutile de préciser que tous les Noirs qu'on voit dans le film sont des serviteurs dociles qui savent quelle est leur place (cf cette scène où Fonda offre un verre au vieux majordome, et que celui-ci accepte mais va le boire dans la cuisine, de peur d'être inconvenant). Il ne faut bien sûr pas voir là du racisme de la part de Wyler, mais juste une volonté de décrire ce monde tel qu'il l'était (avant qu'il ne soit balayé par la Guerre de Sécession une dizaine d'année plus tard).
A noter que la fin du film est particulièrement noire, avec ces scènes de la Nouvelle-Orléans frappée par une épidémie de fièvre jaune, où l'on voit défiler des cortèges macabres de malades envoyés dans un mouroir. Alors qu'il s'était jusqu'alors attaché à nous présenter un monde bourgeois, confortable et luxueux, Wyler termine son film dans une ambiance sombre et morbide, créant ainsi un contraste que j'ai trouvé très réussi.



Un film qui a considérablement vieilli dans ses ressorts dramatiques et vaut donc plus pour sa description d'une époque que pour son histoire et ses personnages.

6/10
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Hommes d'honneur (Des) - 5/10

Messagepar Count Dooku » Dim 01 Juil 2012, 17:02

Des hommes d'honneur (A Few Good Men), Rob Reiner, 1992


Image


Un film de prétoire un peu paresseux, qui se veut ambitieux mais ne possède pas la force ni l'intensité nécessaire pour traiter de son sujet. Rob Rainer est un réalisateur qui a fait de très bonnes choses dans les années '80 : Stand by Me (superbe vision nostalgique de l'enfance), Princess Bride (un conte vraiment charmant, qui rend hommage à un certain cinéma disparu), Quand Harry rencontre Sally (l'une des meilleures comédies romantiques) et Misery (un film diabolique, avec une terrifiante Kathy Bates). Hélas, force est de constater que depuis, on l'a un peu perdu, et ces Hommes d'Honneur semblent déjà le début de la fin.



Avec ce film, Reiner se donne pour ambition de dénoncer des pratiques condamnables au sein des Marines, la persécution d'un soldat par ses camarades pour le faire rentrer dans le rang (ce que l'on appelle un "code rouge"). Malheureusement la description du milieu est pour le coup assez superficielle et désespérément lisse, on a juste droit à une scène intégrée de façon assez scolaire pour montrer l'envers du décor et pointer du doigt les coupables (la scène où Nicholson discute dans son bureau avec Sutherland et J.T. Walsh). La mise en scène m'a paru assez académique, c'est filmé sans aucune originalité, enchainant certains poncifs du genre (l'avocat qui se saoule pour oublier un revers qu'il vient de subir) et l'ensemble est assez plat, on sent bien passer les 2H tellement y a des moments où ça semble long. Il n'y a pas l'intensité nécessaire pour rendre captivant ce procès qui semble perdu d'avance, et on a un peu l'impression de suivre un chemin balisé, jusqu'au dénouement final.



Un des trucs qui m'a le plus dérangé dans ce film, c'est l'interprétation de Tom Cruise. Il cabotine comme pas permis dans ce rôle insupportable de jeune avocat fanfaron qui se croit le plus malin et semble tout prendre par dessus la jambe. Il m'a franchement gonflé par moments, heureusement sur la fin il se reprend un peu et son personnage gagne en maturité, la confrontation finale avec Nicholson est vraiment réussie, clairement l'un des meilleurs moments du film même si c'est un peu facile la façon dont Cruise arrive à le faire avouer. Demi Moore quant à elle n'a jamais été une grande actrice, mais ici face à Cruise qui surjoue comme un goret ça fait presque du bien de voir son jeu discret et appliqué. A un moment j'ai cru qu'on allait se taper une romance à la con entre les deux mais heureusement non, on a échappé à ça. Jack Nicholson est fidèle à lui même, certes ici il ne se force pas vraiment et se contente de faire sa gueule grimaçante au moment opportun (genre à la fin, quand Cruise le pousse dans ses derniers retranchements). Du côté des seconds rôles, on retrouve tout de même Kevin Bacon, Kiefer Sutherland, Kevin Pollak et J.T. Walsh. Bref un casting assez luxueux, mais pas particulièrement bien exploité. Un film vraiment très moyen à mes yeux, on est loin des réussites du genre comme Autopsie d'un Meurtre d'Otto Preminger ou Le Verdict de Sidney Lumet.

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Re: [Count Dooku] Mes Critiques en 2012

Messagepar Scalp » Dim 01 Juil 2012, 17:46

Ah bein je préfère au Verdict perso.
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