[oso] Mes critiques en 2012

[osorojo]

J'espère que c'est pour Comics ces petits smileys pas contents

[Mark Chopper]

Oui, il compense ses lacunes par des sarcasmes.

[comICS-soon]

[Dunandan]

BUSINESS IS BUSINESS
Paul Verhoeven (1971) | 6.5/10

Assez déroutant ce premier film de Verhoeven quand on ne connait de lui que sa période américaine. En bon client de ses films outre-atlantiques, c'est avec beaucoup d'envie que j'ai mis un pied dans sa période néerlandaise, espérant y trouver ce qui pouvait être annonciateur des oeuvres si typiques des bobines qu'il a pu réaliser ensuite. Et bien j'ai pu trouver quelques pistes dans ce Business is business mais pas tant que ça étant donné qu'il se révèle être complètement différent en terme de tonalité. On est devant une comédie assez touchante, très réaliste finalement, qui fait la part belle à deux actrices qui portent à bout de bras une tranche de vie pas comme les autres en plein quartier rouge à Amsterdam.

Si le film se révèle être un peu court en terme de rythme et d'intensité pour garder captive l'attention du spectateur, il est néanmoins suffisamment atypique pour intéresser. L'histoire est peu commune, on suit deux prostitués à un point précis de leurs vies respectives. La première qui subit son métier va tenter de se trouver une vie plus aux normes tandis que la seconde, beaucoup plus en phase avec son style de vie, comprendra qu'elle ne veut aucunement rentrer dans un quelconque moule, préférant vivre comme elle le choisit. Sur ces thèmes, Verhoeven marque les esprits, d'autant plus que c'est très bien fait. Se concentrant sur les deux femmes et leur quotidien, il ne rend pas le film inutilement glauque et préfère user du burlesque pour imager les relations qu'elles entretiennent avec leurs clients, utilisant pour cela des accessoires complètement absurdes pour des séquences assez folles, empreintes de mélodies en décallage total avec le côté glauque des différentes situations filmées ! Et il faut avouer que c'est tout l'intérêt du film, ces différents passages où les prostitués donnent vie aux fantasmes de ces messieurs, tous plus exotiques les uns que les autres.

Au final, Business is business est une sympathique approche de la période hollandaise de Verhoeven. Certes pas un grand film mais une entrée en matière qui donne envie d'en voir davantage tant elle sait toucher et aborder avec finesse une quête de liberté qui est pour beaucoup un mot bien difficile à définir.

[angel.heart]

Ah tu me fais plaisir là. Pour moi c'est son moins bon film hollandais donc j'espère ne pas voir de notes en dessous de 6,5 sur ton topic, pour le reste de sa filmo hollandaise.

[osorojo]

Tu me mets la pression ! Je me fais la suite la semaine prochaine je pense, ce week end ça va être dur de caler du film, j'vais devoir faire un peu de social et sortir de ma caverne

[Dunandan]

TURKISH DELICES
Paul Verhoeven (1973) | 8.5/10

Une belle gifle que l'on se prend devant cette ode à la passion sous toutes ses formes. Le film, porté par deux acteurs fabuleusement habités, sait percuter, oscillant entre émotions et rage de vivre pour dépeindre la vie d'un jeune couple fougueux sans fausse pudeur ni bonne morale. Rutger Hauer y est animal mais également romantique, à sa manière. On est loin ici du cliché ambulant rose et champagne sur lit de caviar, les accessoires y sont, mais la musique est tout autre. Elle paraît pourtant si naturelle quand elle est filmée avec autant d'inspiration.

Verhoeven prend un soin tout particulier pour filmer cet amour sans compromis sous son plus bel angle et fait des miroirs qu'il insère dans chaque séquence des reflets graphiques qui donnent aux acteurs une ampleur folle. Alors qu'ils n'en ont pas besoin pour marquer les esprits parce que leur implication est déjà totale, tous ces jeux graphiques permettent de conférer à des scènes brutes un côté raffiné qui n'a rien de superficiel. J'ai réellement été impressionné par cette esthétique qu'apporte le réalisateur aux différentes séquences érotiques qui sont le ciment du film. Je trouve pour ma part que toutes ces embardées dans la vie sexuelle du couple et plus particulièrement du personnage de Hauer ne sont jamais faites pour choquer. Même si pendant la première partie du film on en a le sentiment, elles trouvent leur sens au fur et à mesure que l'histoire se déroule pour devenir simplement indispensables. Ainsi les deux amoureux prennent leur envol et savent nous toucher lorsque Paulo joue ses dernières notes. On ressort du film troublé, les yeux presque humides, avec cette impression d'avoir pu partager un moment de cinéma authentique.

Une jolie découverte qui, une nouvelle fois après Business is business, donne une densité autre à un réalisateur qui prouve son aisance dans des styles très différents de ceux qu'on lui étiquette de façon spontanée. Je commence à me dire que sous cette carapace de cynisme qui habite ses films américains rugit une sensibilité à fleur de peau que l'on sent assez fortement dans un film comme Turkish delices.

[Jed Trigado]

Mon petit préferé de sa période hollandaise celui-là, le final m'anéantit à chaque fois.

[Alegas]

Ça donnerait presque envie de les découvrir.

[Logan]

Si t'aimes voir un mec collectionner les poils pubiens ce film est fais pour toi.

[Dunandan]

Encore une rétro de plus à faire

[angel.heart]

Bien la note pour Turkish delices. Mon préféré après Spetters, le final est juste bouleversant.

[Dunandan]

KATIE TIPPEL
Paul Verhoeven (1975) | 8/10

Nouvelle petite claque de la part de Paulo qui signe avec ce film une vraie oeuvre coup de poing d'où la moindre concession est absente pour raconter une période sombre de l'histoire où les plus pauvres sont contraints de se vendre pour pouvoir manger. A travers l'histoire de Keetje Tippel, une jeune fille qui débarque à Amsterdam avec sa famille dans l'espoir d'une vie meilleure, Verhoeven dresse un tableau glauque et crasseux qui prend aux tripes dès le début du film tant tout y est crédible, des acteurs aux différentes ambiances qu'il filme.

Après avoir prouvé son talent avec Turkish delices, Monique van de Ven confirme ici en délivrant une prestation d'un naturel impressionnant. Complètement libre devant la caméra, elle insuffle à son personnage un charisme et une authenticité qui impressionnent. Dès lors, les différentes séquences coup de poing que met en scène Verhoeven font vraiment mal, on ressort de la première partie du film assez marqué par ce qui nous est raconté. Mais là où le film est intéressant, c'est qu'il ne tombe jamais dans un misérabilisme larmoyant. C'est même tout le contraire, à l'abattement et la dépression c'est une soif de vivre mêlée d'une innocence persistante que nous propose le personnage de Keetje Tippel, ce qui nous permet de reprendre notre souffle pour apprécier le reste de la pellicule.

Une histoire marquante, mais pas seulement. Verhoeven prouve ici qu'il dompte l'image avec aisance pour nous jouer de vilains tours. Les séquences chocs sont ainsi très graphiques, preuve que l'image peut être belle et horrible à la fois. Une scène marquera certainement les esprits (le mien en tout cas), ce jeu d'ombres chinoises enfantin qui finit de façon tragique. La scène est troublante, si soignée dans son côté formel, si abrupte dans son déroulement. C'est à l'image du film, qui même s'il se finit sur une note positive, se révèle être salement noir du début à la fin, comme si le bonheur ne pouvait qu'être précédé par une longue brasse dans une mer de larmes.

[Val]

Quand je pense que j'étais à deux doigts de prendre le coffret de la période Hollandaise quand il était encore à un prix correct.

[osorojo]

Je ne connaissais pas ce coffret avant de m'intéresser à ces films et s'il avait été plus abordable, je me le serais pris sans sourciller. Il a l'air plutôt chouette en plus. Pitetre en occase, un de ces 4 ! :]