[Count Dooku] Mes Critiques en 2012

[Count Dooku]

Une nuit à l'opéra (A Night at the Opera), Sam Wood, 1935

C'est le premier film des Marx Brothers que je vois, et je dois dire qu'il me laisse une impression mitigée. Le principal problème à mon avis, c'est que tout cela a beaucoup vieilli. Le rythme est parfois poussif (surtout au début, Groucho parle, parle, parle, sans que ça soit toujours drôle) et l'humour du film accuse fatalement le poids des ans. De plus, caractéristique du début du parlant, la mise en scène est assez statique, du coup on est loin des ingéniosités visuelles du burlesque muet (qui pour le coup me semble nettement moins désuet, alors que les films sont plus anciens). Cela étant, je ne dirais pas que le film n'est plus du tout drôle, certains gags font sourire, certaines répliques font mouche (Groucho fait preuve d'un cynisme assez jubilatoire par moment) mais à côté de ça il y a aussi beaucoup de gags lourdingues qui ne fonctionnent plus (ou du moins pas sur moi, mais il est vrai que je ne suis pas un très bon client en matière de comédies, il y en a peu qui trouvent grâce à mes yeux). En revanche, il est indéniable que le trio fonctionne à merveille et éclipse littéralement les autres acteurs du film, tout étant pensé pour mettre en valeur les trois frères. Ceux-ci sont remarquablement caractérisés et complémentaires : Groucho l'intello bavard (sorte de Woody Allen avant l'heure), Harpo le benêt muet et Chico le magouilleur à la recherche de la bonne combine.

Au final, j'ai trouvé le film plaisant à regarder, notamment pour sa valeur historique et la prestation du trio, mais l'ensemble m'apparait trop daté pour totalement me convaincre.

6/10

[Dunandan]

J'en ai vu 2-3, et mon préféré c'était Plumes de cheval (qui a des petits airs de Monthy Python)

[Alegas]

Sang pour sang (Blood Simple), Joel Coen et Ethan Coen, 1984

Premier film des Coen, Blood Simple se revendique d'un genre qui marquera nettement la filmographie des des frères : le film noir. Par son sujet tout d'abord, qui évoque le thème des amants diaboliques cher au genre (et qui aura livré des chefs d’œuvres tels qu'Assurance sur la Mort et Le Facteur sonne toujours deux fois) même si ici c'est le mari qui commandite le crime. Par son esthétique ensuite, avec une photographie visiblement très marquée par le film noir, notamment sur les -nombreuses- scènes nocturnes, qui jouent beaucoup sur les effets d'ombre et de lumière. On est vraiment face à un film d'une grande noirceur, où tous les personnages principaux se retrouvent entrainés dans un tourbillon mortifère, et où tous finissent par révéler une facette sombre de leur nature, y compris le couple qui passe pourtant pour les "gentils" au début. C’est surtout flagrant pour le personnage du détective, qu’on prend de prime abord pour l’archétype de l’américain moyen, avec son stetson et son rire gras, et qui au final se révèle un tueur impitoyable et calculateur. Ce type de personnage décalé et ambigu reviendra souvent dans la filmo des Coen, d’ailleurs.

Pour un premier film, Blood Simple présente déjà plusieurs caractéristiques propre au cinéma des deux frères : des personnages paumés ou décalés, un rythme lent voire nonchalant, un humour noir, des dialogues savoureux et de brusques accès de violence. Ce dernier aspect est particulièrement illustré par tout le passage où l’amant emmène le corps du mari pour s’en débarrasser et finit par l’enterrer vivant. La mise en scène s’applique à étirer le temps au maximum, pour nous donner l’impression que ce passage dure une éternité, et par là-même renforcer le malaise du spectateur devant l’agonie du mari et l’attitude incompréhensible (à ce moment) de l’amant. Il s’agit vraiment du climax du film, d’ailleurs cette scène est tellement forte que ce qui suit en pâtit quelque peu, la tension retombe très nettement (pour remonter lors de l’excellente scène finale). Comme je l’ai dit, la mise en scène des Coen est déjà remarquable pour un premier film, ils savent comment poser une ambiance, que ce soit en s’attardant sur les pales d’un ventilateur, en filmant le bar vide la nuit, en captant la discussion de deux silhouettes dans une voiture une nuit de pluie (la séquence d’introduction). Ils prennent le temps d’instaurer un climat, une atmosphère, et j’apprécie cette lenteur quand elle est au service de l’ambiance. Bref, la réalisation transcende vraiment un scénario des plus classiques et qui repose sur un thème vu et revu.

Côté casting, on retrouve déjà Frances McDormand dans le rôle de l’épouse infidèle, qui figurera dans bon nombre de films des frangins (elle sera d’ailleurs la femme de Joel Coen) et dont c’est ici le premier film également. L’amant est campé par John Getz, qui offre une prestation solide, mais ce sont vraiment Dan Hedaya et Emmet Walsh qui ressortent dans le film. Le premier est excellent dans le rôle du mari trompé, tandis que le second impressionne par la dualité de son personnage (aussi bien truculent que capable d’une brutalité extraordinaire).

Bref, un premier film extraordinairement maîtrisé, qui témoigne déjà du talent énorme des frères Coen. Un néo-film noir qui, à l’inverse de La Fièvre au Corps par exemple, ne se limite pas à une relecture des clichés du genre mais les revisite complètement, en y imposant une identité propre qui sera la marque des frangins dans toute leur filmographie (l’une de plus impressionnantes du 7ème Art).

8/10

[Kakemono]

Si tu veux continuer sur les Marx Bro, je te conseille de mater La Soupe au Canard. Mon préféré de la troupe et le plus réputé aussi.

[Dunandan]

Ouais je l'ai vu aussi, sympa. Mais je préfère Plumes de cheval (du moins le début, avec Groucho directeur, ça donne le ton )

[Count Dooku]

Ok merci, j'essayerais de les voir prochainement pour me faire une idée plus complète de leur cinéma.
Par contre il semblerait que ces deux films n'aient pas été très bien traités en DVD, je comprends pourquoi ils ont longtemps trainé dans les DVD à 1€ sur Cdiscount.

[Jimmy Two Times]

Yeah, Blood Simple!

[Scalp]

Les Coen peuvent encore placer un film dans le top ( leur 6ème film sauf erreur )

[Jimmy Two Times]

Y a aussi The barber qui est en bonne voix et The big lebowski quand Mark et killbush auront fait leur critique. Ça peut faire 8!

[Count Dooku]

Je vois que j'ai été radin, à un demi-point près je m'alignais sur les autres critiques. Mais c'était pour me laisser une marge pour les autres Coen!

[Count Dooku]

Au revoir à jamais (The Long Kiss Goodnight), Renny Harlin, 1996

Film que je n'avais plus vu depuis plus de 10 ans mais qui me laissait de bons souvenirs, Au revoir à jamais est une belle redécouverte et la preuve que Renny Harlin était plus talentueux que ce qu'on a bien voulu dire. Son épisode de Die Hard n'a à mes yeux pas à rougir de la comparaison avec les deux McTiernan (même si ça reste en-dessous, on est bien d'accord), et ce film fait également partie des réussites de sa filmographie. Réalisé après L'Île aux pirates (également avec Geena Davis) qui fut un échec cinglant, Au revoir à jamais ne connaitra pas non plus le succès au box-office, ce qui est regrettable quand on voit les qualités du film en terme de spectacle et d'action.

Le pitch du film n'est pas sans rappeler la trilogie de Ludlum ou la BD XIII : un personnage amnésique, à la recherche de son passé, découvre que ce dernier est pour le moins trouble et devra faire face à ses vieux démons (en l’occurrence ses anciens ennemis qui ne voient pas d'un bon œil son retour). L'originalité est ici que le personnage principal est une femme, ce qui mine de rien change pas mal de choses, notamment par la présence de la fille. Contrairement à d'autres histoires d'amnésiques où seuls les souvenirs sont effacés mais la personnalité reste la même, ici Geena Davis incarne deux personnages radicalement différents : Samantha, une institutrice douce et amicale, et Charlie, une tueuse professionnelle impitoyable. L'un des intérêts du film réside véritablement dans cette transformation, tant les deux personnalités sont complètement antithétiques, et le passage où Samantha redevient Charlie est particulièrement réussi, à la fois intense et physiquement éprouvant (vu que c’est une scène de torture), on sent aussi bien la transformation psychologique que physique du personnage sur le visage de Geena Davis. La scène qui suit confirme pour de bon la transformation sur le plan physiques, puisqu'en récupérant son look d'autrefois, Samantha s'efface pour de bon au profit de Charlie. Mais, et c'est là que le personnage de la fille est capital, Charlie ne pourra pas complètement faire disparaitre Samantha, et ses sentiments pour sa fille restent les mêmes (et ce bien qu'elle s'en défende dans un premier temps), ce que ne manqueront pas d'exploiter ses vieux ennemis... Un personnage principal particulièrement intéressant, incarné par une excellente Geena Davis, qui parvient à être tout aussi crédible dans les deux rôles, et ce malgré la métamorphose que cela implique! Le duo qu'elle forme avec Samuel Lee Jackson fonctionne plutôt bien, au début il est à la fois l'élément comique (mais pas trop, c'est pas Eddie Murphy non plus) et celui qui permet de stabiliser le personnage principal, et c'est toujours un plaisir de le revoir à l'écran. Dans le rôle du bad guy de service, Craig Bierko (qu'on n'a pas vu dans beaucoup de films) campe un méchant vraiment très méchant, sans vraiment de nuances, si ce n'est les quelques allusions à son passé commun avec l'héroïne. Du côté des seconds rôles, on retrouve avec plaisir des acteurs comme Brian Cox et David Morse, dommage qu'on les voit si peu d'ailleurs.

Si le scénario est agréable à suivre (signé Shane Black tout de même, scénariste de L'Arme fatale et Last Action Hero, il sait comment s'y prendre avec le genre), Au revoir à jamais reste d'abord et avant tout un film d'action. Et tant mieux car de ce côté-là, on est plutôt bien servi, en particulier dans la deuxième partie où il n'y a pratiquement que ça (la première est plus calme). Y a des explosions, des fusillades, un attentat à déjouer, une course-poursuite contre la montre, les personnages en bavent et se prennent des balles, bref tous les ingrédients du divertissement de bonne tenue sont là. On n'est pas pour autant dans le registre de l'action WTF d'un Commando et autres actionners '80, ça reste relativement crédible et assez sérieux (pas beaucoup de punchlines jouissives). Renny Harlin habille tout cela de très bonne façon, les scènes d'action sont bien filmées, Geena Davis est particulièrement bien mise en valeur (forcément, c'était sa femme à l'époque) et le rythme est toujours soutenu. Bref, un très bon film d'action vraiment fun.

7.5/10

[Count Dooku]

La Dernière Caravane (The Last Wagon), Delmer Daves, 1956

Delmer Daves jouit d'une grosse réputation auprès des amateurs de western, et sur les quatre films du genre que j'ai vu de lui (3h10 pour Yuma, La Flèche Brisée, La Colline des Potences, et maintenant Le Dernière Caravane), je dois dire que cette renommée n'est pas usurpée, et qu'il figure indéniablement parmi les grands réalisateurs de western, aux côté de John Ford, Howard Hawks et Anthony Mann.

Ce qui frappe tout d'abord avec ce film, c'est la façon dont il met en valeur les décors somptueux de l'Arizona. Le cinémascope capte la beauté des paysages avec une profondeur de champs qui rappelle un peu les films de John Ford. On sent une volonté d'isoler le petit groupe de personnages dans l'immensité de ce décor hostile afin de renforcer le sentiment de menace qui pèse sur eux. Visuellement on est vraiment dans le haut de gamme du western, la photographie a bénéficié d'un soin tout particulier et cela se voit à l'écran.

Le ton du film est assez sombre, ce qui se sent dès le début : le film commence sur une chasse à l'homme dans laquelle le personnage traqué (Richard Widmark, qui livre comme toujours une prestation impeccable) élimine successivement trois de ses poursuivants, avant de se faire maîtriser par le dernier, un shérif sadique qui jubile d'avance à l'idée de voir son prisonnier au bout d'une corde. Peu de paroles, beaucoup de violence, dès cette scène d'ouverture on sent qu'on va assister à un western âpre, ce que confirme la suite puisqu'il sera question du massacre d'une caravane de civils par les Apaches. Le massacre n'est certes pas montré à l'écran mais l'impact reste fort, avec notamment l'image d'un des survivants portant le corps de sa petite sœur dans ses bras. Ensuite, le film devient une espèce de survival où les survivants tentent de poursuivre leur route en évitant les indiens, avec pour guide Widmark. Celui-ci joue d'ailleurs un rôle très intéressant : Todd le Comanche, un Blanc élevé parmi les Comanches et qui connait donc toutes les ficelles pour survivre en territoire indien. C'est un personnage particulièrement nuancé, dur mais humain, qui acceptera d'aider le groupe de jeunes mais ne les ménagera pas pour autant. Et il aura fort à faire vu qu'une partie du groupe ne lui fera pas confiance (du moins au début) à cause de ses liens avec les indiens. C'est d'ailleurs l'un des thèmes majeurs du film, qu'on retrouvait déjà dans La Flèche Brisée : le racisme, qui est particulièrement illustré par la jeune fille xénophobe, un personnage assez odieux qui méprise même sa demi-soeur à moitié indienne. Bien que les Apaches représentent la menace planant sur tout le film, le message de Daves est beaucoup plus nuancé et témoigne, à travers le personnage de Todd, d'un authentique respect pour le peuple et les coutumes indiennes. En revanche, et c'est sans doute le point faible du film, la conclusion en fait un peu trop dans le genre moralisateur (avec l'intervention de chacun des personnages pour dire ce que cette aventure leur a apporté), et se double en prime d'un happy-end absolument pas crédible, qui termine le film sur une fausse note.

Pas de quoi cependant entacher tout ce qui précède, et La Dernière Caravane est un western magnifique, une réussite de plus à l'actif de Delmer Daves.

8/10

[Scalp]

Ca fait plaisir de lire ça

[Count Dooku]

Je vois qu'on a mis la même note et le même reproche sur la fin.
Moi aussi sans cette fin mièvre j'aurais pu monter à 8.5 voire 9, tant le film m'a plu.
En tout cas là je crois que j'ai vu les Daves majeurs, faut que je m'attaque aux autres maintenant (notamment le western avec Alan Ladd et Bronson en chef indien, ou encore le remake westernien d'Asphalt Jungle).

[Scalp]

Le remake de Asphalt Jungle il est franchement pas bon.