Aux Frontières de l'aube Kathryn Bigelow - 1987
Le genre de film devant lequel on prend plus de plaisir à la révision car l'absolument génial cotoie le franchement mauvais (la love story et la fin sponso soupline ou Spielberg au choix), en plus le film a un petit statut qui fait qu'on place pas mal d'attente devant et que les défauts évidents du film peuvent prendre le pas sur le reste. Alors quand on le revoit les défauts sont toujours là mais on prend plaisir devant ce film qui colle parfaitement à la filmo presque parfaite de Bigelow. Pour son second film elle signe un métrage beau mais imparfait et on y trouve ici déjà tout les thèmes que Bigelow utilisera dans ses autres films ( on pense pas mal à Point Break ici ).
Elle signe ici un film de vampire pour le moins atypique alors on pense bien entendu à
Vampire de Carpenter pour le coté western mais point de traces de ce qu'on trouve habituellement dans les autres films de vampires : pas de pieux, pas d'ambiance gothique, le terme vampire n'est jamais employé et plus qu'un Entretien avec un Vampire on se croirait plus dans un Horde Sauvage ( et oui Peckinpah c'est la base de tout ) avec le même ton et la même crasse qui suinte à chaque plans ( faut voir le look de Henrikssen et sa bande ), on est très loin d'un approche gothique avec tout le folklore habituel.
Dans ce qui fonctionne pas à mes yeux il y a l'histoire d'amour, alors si elle donne lieux à certaines scènes visuellement superbe, en gros la scène de séduction et les passages où Mae nourrit Caleb, sur la forme rien à redire, c'est plus sur le fond que ça marche pas. Cette histoire d'amour n'est jamais véritablement bien fichue, jamais on ne s'attache à ce couple et leur duel dilemme et la fin finit d'achever tout ça, un beau happy end bien niais, ça colle pas avec l'ambiance général du film, même si on peut l'interpréter comme l'apprentissage réussit du jeune héros c'est une fin qui ne me convainc pas, enfin heureusement le film est concis ( ça dure 1h30 sans aucune digression ) et après une intro lancinante là pour nous montrer les 2 amoureux quand Henriksen et son crew débarquent vraiment le film prend de l'ampleur et on est captivé.
Comme pour Point Break la grosse réussit du film c'est le groupe de bad guy, ici c'est le coeur du film, ce qui fait qu'il est si bon, malgré les atrocités que font Henriksen et sa bande, on s'attache un peu à cette communauté obligée de vivre comme des parias et là on sent vraiment la touche Peckinpah avec des personnages qui malgré une barbarie évidente arrive à nous émouvoir ( et le fait qu'il y ait un gamin ne nous force pas pour autant à les aimer car le gamin est lui aussi un sadique), un vrai coté crépusculaire se dégage du film avec ce groupe qui vit au jour le jour sans but réel.
Dès ce film on voit le gout des belles images de Bigelow, un gout se confirmera dans ses films suivant ( et notamment le méconnu
Blue Steel qui est lui aussi beaucoup plus abouti sur le fond que sur la forme), Bigelow a été trop vite associée à certains réal des 80's comme Mulcahy ou même Tony Scott, mais clairement elle n'a pas les mêmes influences et des films des 80's de ces 3 réal ceux de Bigelow sont ceux qui vieillissent le mieux visuellement ( car intemporel )
Bigelow a donc des influences classiques et ça se voit dans sa façon d'agencer les plans ( et même dans le coté métaphorique de la mise en scène, le héros se retrouve quand il va a des valeurs simple comme prendre son cheval et partir affronté le mal alors que jusque là il était passif et se contentait de se laisser vivre ( voir le plan où il se fait nourrir )), elle aime le beau plan ( et les scènes d'actions dynamiques ) et là c'est gavé de plan superbement iconique, on sent qu'elle s'est fait plaisir ( et on regrette la non utilisation du scope ) mais a coté de tout les séquences visuellement superbe on a une scène pleine de tension absolument génial, ainsi la séquence du bar avec Paxton en en pleine forme mérite à elle seule de voir le film tant c'est une très grande scène, dès l'entrée des "vampires" dans ce bar, la mort est entrée dans la pièce et peut frapper à n'importe quel moment mais comme ils sont sadique c'est mieux de jouer avec ses victimes avant, une scène bien sadique et jouissive.
La scène de gunfight avec les impacts de balles qui laissent passer les lueurs du soleil pour blesser les vampires est une merveilleuse idée, malheureusement si en terme de cadrage y pas grand chose à reprocher ( c'est iconique et badass ) je trouve que le montage de la séquence laisse un peu à désirer, je trouve ça foutraque et la séquence aurait gagné en efficacité si elle aurait été mieux agencer, enfin ne boudons pas notre plaisir ça reste un gunfight inventif et efficace ( et on voit bien l'influence que cette scène a eu sur Zombie dont l'intro de Devil's reject est dans le même esprit ).
Adrian Pasdar en héros c'est pas évident, il fait ce qu'il peut mais il a pas le truc qu'il fait qu'il sort une grosse performance et même si c'est les rôles qui veulent ça il se fait vraiment éclipser par le duo Lance Henrikssen/Bill Paxton, Henrikssen trouve ici son meilleur rôle, on sait qu'il est bon en salaud mais là sa prestation est tout simplement jouissif et que dire de Bill Paxton qui a rarement été aussi expansif, il en fait des tonnes avec son coté vampire redneck et c'est du bonheur ( la scène du bar il sort un one man show inoubliable, peut être bien la meilleure prestation d'un acteur un peu trop cantonné au second rôle ), Jenny Wright en jolie jeune fille est très bien elle apporte toute l'ambiguité voulue au rôle ( elle n'hésite pas à tuer ) et elle est sublime à chaque plan, Jenette Goldstein échappé de Aliens campe une nouvelle fois un rôle avec des couilles.
La BO de Tangerine Dream vieillit bien, à la base c'est pas trop le genre de musique que j'aime mais là ça passe, et pour que je dise du bien de ce groupe que je trouve insupportable, y en faut vraiment.
Alors c'est pas un grand film ( pour ça fallait que la gamin bute la gamine ), pas le meilleure film de Bigelow ( qui reste bien évidemment Strange Days ) ni même le meilleur film de vampire ( par contre c'est de loin le meilleur film de vampire des 80's ) mais c'est vraiment un très beau film où on se rend compte une fois de plus que Bigelow est la réalisatrice la plus talentueuse au monde et qu'elle atomise Cameron en réal pur. Near Dark ou quand Wild Bunch rencontre Dracula.
8/10[/center]