The Raidde Gareth Evans (2012)
Le problème avec certains films comme celui-ci, c'est qu'ils sont tellement survendus par un buzz durant des mois, que fatalement une déception est possible à la sortie. Alors le film n'est pas mauvais, il carbure au sang et à l'adrénaline, mais il n'est pas grand chose d'autre qu'un film d'action nerveux. Les combats, comme on s'y attendait, sont âpres, violents et anti-esthétiques. Là où des cinéastes réputés du genre, To ou Woo pour ne citer qu'eux, proposent une vraie recherche esthétique et de mise en scène lorsqu'ils filment les combats, Evans lui recherche la dureté, une brutalité basique, des combats sales. Les acteurs-cascadeurs sont des fous-furieux, et on souffre pour eux devant tant de don de soi. Et le réalisateur a le bon goût de ne pas céder au montage cut à outrance, laissant à ses comédiens le soin d'assurer réellement le spectacle. L'exercice est réussi, du moins sur un temps, car répétitif. Evans ne sait pas souffler et enchaine les séquences presque sans temps morts, au détriment de plusieurs choses importantes: un rythme et des personnages.
Pour le rythme mon analyse est simple: une scène d'action a d'autant plus d'ampleur et d'impact qu'elle a été précédé par une plage plus calme ou posée. A trop enchainer les séquences de combat, j'ai ressenti une certaine lassitude. C'est particulièrement vrai pour le dernier gros combat, entre deux gentils et un méchant, hautement spectaculaire, mais qui vient après dix autres combats de même nature, du coup il ne ressort pas, n'est pas explosif comme il l'aurait été s'il avait été détaché, s'il était venu en point d'orgue comme au terme d'un crescendo.
Autre point: le scénario. On me dira que dans un film de cette nature le scénario n'est pas très important, il est prétexte à l'action. Mais même avec une histoire simple ou basique comme ici, on peut ne pas totalement sacrifier ses personnages. C'est là l'élément majeur du film: il n'y a aucun vrai personnage. Le héros n'a pas de personnalité, on ne le connait pas, on n'est pas vraiment concernés (une scène au début pour montrer que sa femme est enceinte, la belle affaire). Pas de psychologie donc, pas d'affect, rien que des péripéties pas très originales, et des personnages résumés à des stéréotypes. Sur un thème proche, le
Breaking News de Johnnie To avait cent fois plus d'éléments à proposer.
6/10